«Elle cherche de tous côtés et, la nuit venue, sous la neige, qui s’entasse sur sa tête et y forme un cône […].»
Benjamin Péret, «Pulchérie veut une auto», 1922.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Elle cherche de tous côtés et, la nuit venue, sous la neige, qui s’entasse sur sa tête et y forme un cône […].»
Benjamin Péret, «Pulchérie veut une auto», 1922.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Soit la phrase suivante : Ça l’a l’air que c’est une chose à ne pas faire.
Comment désigner cette adjonction du «l» au verbe avoir après «ça» ?
S’agit-il d’une épenthèse ?
«Ling. Apparition à l’intérieur d’un mot d’un phonème non étymologique. L’épenthèse se produit pour adoucir des articulations inhabituelles. L’épenthèse du b dans nombre qui vient du latin “numerus”» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).
Stricto sensu, non : le «l» ajouté à «a» («ça l’a») n’est pas «un phonème non étymologique» ajouté «à l’intérieur d’un mot» (l’Oreille tendue souligne).
Serait-ce un phonème éphelcystique ?
«Un phonème éphelcystique (du grec […], “attiré à la suite”) est, en phonétique, un phonème — la plupart du temps une consonne — ajouté à la fin d’un morphème ou d’un mot (c’est dans ce cas une paragoge) pour des raisons euphoniques, lesquelles sont le plus souvent la résolution de l’hiatus» (Wikipédia).
Exemples : «On tira-Z-à la courte paille (bis) pour savoir qui qui qui serait mangé (bis) (“Il était un petit navire”)» (@MrJeg57); «Il resta-T-au village, tout le monde l’aimait bien (“Le petit âne gris”)» (@MrJeg57).
Si «ça l’a» semble bien être lié à la «la résolution de l’hiatus», le «l» superfétatoire ne se situe pas «à la fin d’un morphème ou d’un mot» (bis).
Et si c’était, tout bêtement, une forme (fautive) de la prosthèse ?
«Ajout, au début [ter] d’un mot, d’une lettre ou d’une syllabe qui n’en modifie pas le sens : fr. populaire, un esquelette» (Dictionnaire des termes littéraires, p. 391).
Le débat reste ouvert.
Synonymes médiatiques
Pierre Foglia, dont c’est une des bêtes noires, parle de «lalaïsation», cette «lèpre» (la Presse, 4 octobre 2012, p. A10).
Antoine Robitaille, sur Twitter, propose «çalatisme» : «Karine Vallières, députée de Richmond, vient de nous sortir un joli “ça l’allait”.»
Référence
Van Gorp, Hendrik, Dirk Delabastita, Lieven D’hulst, Rita Ghesquiere, Rainier Grutman et Georges Legros, Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, coll. «Dictionnaires & références», 6, 2001, 533 p.
«Le jour est venu et moi aussi» (Patrick Bruel, «Place des grands hommes», 1990).
«A cottage built of lilacs and laughter» (Ella Fitzgerald, «Polka Dots and Moonbeams», 1974).
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Marge prit son courage à deux mains et cette bouteille de Tequila…»
«À bout de patience, elle lui a lancé des remarques désobligeantes, un camembert et une brique de cheddar doux…»
Josée Marcotte, Marge. En numérique : Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Décentrements», 2010. En papier : Saint-Cyr-sur-Loire, publie.papier, 2013, 212 p.
(Merci à @ljodoin.)
(Une définition du zeugme ? Par là.)