«Captain Teeth is shorter than Rafferty remembers him, and wider. He’s got the chest and shoulders of someone who bench-presses Chevrolets» (ch. 42).
Timothy Hallinan, Breathing Water. A Bangkok Thriller, HarperCollins, 2009. Édition numérique.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Captain Teeth is shorter than Rafferty remembers him, and wider. He’s got the chest and shoulders of someone who bench-presses Chevrolets» (ch. 42).
Timothy Hallinan, Breathing Water. A Bangkok Thriller, HarperCollins, 2009. Édition numérique.
Quand sonne l’heure de la retraite, que fait un joueur de hockey ? Il n’accroche ni son bâton ni ses gants, mais ses patins.
les dieux sont rentrés dans leur temple
au clou de la renommée
ils ont accroché leurs patins
et le peuple fidèle vient admirer les reliques suspendues
(Bernard Pozier, «Postérité», p. 70)
J’ai débarqué, j’les ai accrochés
(Pierre Bertrand, «Hockey», chanson, 1978)
Accrocher ses patins pour n’être plus rien
Qu’un vendeur de bière ou un vendeur de char
(Robert Charlebois, «Champion», chanson, 1987)
C’pas à matin non qu’on accroche nos patins
(Loco Locass, «Le but», chanson, 2009)
Bon, c’est le temps de le rendre officiel ! On passe à la prochaine carrière. http://t.co/I2ox9Evc (@matdarche52)
Il y a un équivalent au football :
Brian Urlacher accroche ses crampons (le Devoir, 23 mai 2013, p. B6).
P.-S. — Dans un registre plus cru, John Burdett, parlant de prostituées «retraitées», écrit : «They hung up their tits […].»
[Complément du 2 juin 2013]
Cela se pratique aussi en politique :
La députée libérale Lucienne Robillard a annoncé hier qu’elle accrochait ses patins politiques (le Devoir, 5 avril 2007).
Après Bill Graham, c’était au tour de l’ex-ministre libéral ontarien Jim Peterson d’accrocher ses patins politiques hier après-midi (le Devoir, 21 juin 2007).
[Complément du 6 décembre 2014]
Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, propose de modifier en profondeur les conditions de travail des médecins de la province. Réaction d’un de ceux-ci, dans le Devoir du 3 décembre : «Je songe à accrocher mes patins.»
[Complément du 12 mars 2018]
Selon Serge Bouchard, que fait un camionneur qui prend sa retraite ? «Le routier arrive un jour ou l’autre à ses derniers kilomètres, il doit “accrocher ses clés”, le pouvoir de la route lui échappe, l’envergure des voyages aussi» (les Yeux tristes de mon camion, p. 10).
[Complément du 31 octobre 2018]
Dans le cadre du concours Délie ta langue ! du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’Université de Montréal, l’Oreille tendue dit quelques mots de cette expression.
[Complément du 15 septembre 2024]
Dans la police ? «Le commandant Patrice Vilcéus accroche son képi après 30 ans au sein de la police montréalaise» (la Presse+, 25 septembre 2024).
[Complément du 26 mai 2025]
Attestation dramatique (et religieuse) dans la pièce Ben-Ur de Jean Barbeau (1971) :
Ben — Passez-moi l’expression : j’pense que j’vas défroquer…
Le curé, ne saisissant pas — Défroquer…
Ben — Autrement dit : j’vas accrocher mes patins…
Le curé, ne comprenant pas plus — Tes patins ? Quels patins ?
Ben — Servir la messe, j’vas canceller ça… (p. 24)
[Complément du 5 février 2014]
Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).
En librairie le 5 mars 2014.
Références
Barbeau, Jean, Ben-Ur, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», no 11-12, 1971, 108 p. Ill. Présentation d’Albert Millaire.
Bouchard, Serge, les Yeux tristes de mon camion. Essai, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 303, 2017, 212 p. Édition originale : 2016.
Burdett, John, Vulture Peak. A Bangkok Novel, New York, Alfred A. Knopf, 2012. Édition numérique.
Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.
Ils sont partout.
En arts visuels, Michel de Broin en est un (le Devoir, 18-19 mai 2013, p. E3).
Son équivalent, au hockey, est Alex Kovalev (la Presse, 10 octobre 2012, cahier Sports, p. 2).
Magali Lemèle, c’est en théâtre (le Droit, 10 avril 2013, p. 43).
On en voit dans le personnel romanesque : ce serait le cas de Valentin Pescatore, dans Triple frontière de Sebastian Rotella (le Droit, 16 juin 2012, p. A12).
Le monde politique a les siens, Jean-Martin Aussant (Métro, 30 août 2012, p. 10) ou Jacques Parizeau (la Presse, 14 février 2013, p. A14).
À la télévision, Suzanne Clément en serait une (la Presse, 8 mai 2013, cahier Arts, p. 1).
Musicalement ? ATOM TM / Uwe Schmidt (la Presse, 3 mai 2013) comme Sylvie Laliberté (le Devoir, 3 octobre 2012, p. B10).
Littérairement ? Maurice Sachs (la Presse, 19 février 2013, cahier Arts, p. 3).
Ça se trouverait même dans les affaires et dans la police; tels seraient les cas d’Isabelle Hudon (les Affaires, 22 décembre 2012, p. 14) et de Matricule 728 (le Devoir, 16 octobre 2012, p. A7).
Un dernier exemple, pour clore en beauté : le fromage le Pionnier en est un «dans l’univers des fromages du Québec» (la Tribune, 10 décembre 2012).
On aura bien sûr reconnu l’électron libre.
Il est au Petit Robert : «personne qui agit de manière indépendante (par rapport à un ensemble, une institution)» (édition numérique de 2010).
Il est partout.
P.-S. — L’idée de cette entrée de blogue est venue à l’Oreille tendue à la lecture d’un tweet de @revi_redac : «L’électron libre ne serait pas le cousin de l’ovni littéraire ? #cliché #bebitte». La question, en effet, se pose.
[Complément du 2 juin 2014]
Ajout venu du tennis : «Federer tombe devant l’électron libre letton» (la Presse, 2 juin 2014, cahier Sports, p. 2).
[Complément du 27 décembre 2018]
Quand Jo Nesbø parle d’un «électron libre totalement imprévisible» (Macbeth, p. 73), ne fait-il pas dans le pléonasme ?
Référence
Nesbø, Jo, Macbeth, Paris, Gallimard, coll. «Série noire», 2018, 617 p. Traduction de Céline Romand-Monnier.
«La rue, j’aime ça. Photos au grand-angle, au jugé, au maximum de distance focale.»
Jean-François Vilar, C’est toujours les autres qui meurent, Paris, J’ai lu, coll. «Romans policiers», 1979, 1986, 211 p., p. 10. Édition originale : 1982.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
L’Oreille tendue aime le numérique, de courriel en site, de Tumblr en blogue.
Elle admire Jackie Robinson, le premier joueur noir du baseball dit «moderne». Celui-ci a commencé sa carrière avec les Dodgers de Brooklyn en 1947, après avoir joué un an avec les Royaux de Montréal.
L’Oreille devait donc lire le livre numérique «augmenté» ou «enrichi» — texte, photos, vidéos, liens — de Lyle Spencer, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson (2013), conçu spécifiquement pour le iPad.
Les textes ne lui laisseront pas une impression durable : qui a lu les livres de Jules Tygiel (1997), d’Arnold Rampersad (1997) ou de Jonathan Eig (2007) n’y apprendra rien de nouveau. La prose est édifiante et patriotique. Le livre est bref et pourtant répétitif : chaque chapitre est précédé de son résumé. L’auteur trouve aussi le moyen d’y inclure deux passages sur des joueurs sans rapport direct avec la carrière de Jackie Robinson, George Brett (lui et Robinson sont au Temple de la renommée du baseball) et Ron Santo (lui et Robinson étaient diabétiques).
Les images, fixes et mobiles, sont bien intégrées au texte et elles sont belles, iPad oblige, mais, elles aussi, répétitives. Combien de fois doit-on montrer Robinson en train de voler le marbre durant le premier match des Séries mondiales de 1955 contre les Yankees de New York, et le receveur des Yankees, Yogi Berra, devenir furieux à la suite de la décision de l’arbitre sur ce jeu ? (Note pour les non-initiés : voler le marbre est un exploit rarissime au baseball, et Robinson y excellait.)
On pourrait reprocher aux concepteurs du livre, l’auteur mais aussi l’organisation des ligues majeures de baseball (Major League Baseball), de ne pas avoir tenu compte du tout des représentations culturelles de Jackie Robinson. Il y des romans, par exemple ceux de Don DeLillo et de Robert B. Parker, qui ont transformé Robinson en personnage. Pourquoi ne pas les citer ? Il y a des chansons sur lui : pensons à «Did You See Jackie Robinson Hit that Ball», disponible sur YouTube. Pourquoi ne pas les faire entendre ? Avant 42 (2013), il y a au moins eu un autre film sur JR, The Jackie Robinson Story (1950), qu’on peut voir ici. Pourquoi ne pas en diffuser des extraits ? On aurait pu aller bien plus loin qu’on ne l’a fait dans l’utilisation des ressources du numérique.
Il faut toutefois signaler deux choses dans Fortitude, dont l’une tient à la dimension «augmentée» du livre.
En 1962, dès sa première année d’éligibilité, Jackie Robinson est élu au Temple de la renommée du baseball : il y est le premier joueur noir. Comme c’est d’usage, il doit livrer un discours d’acceptation lors d’une cérémonie tenue à Cooperstown. Le livre contient le texte de ce discours, mais aussi une lecture, captée sur vidéo, de ce discours par des boursiers de la fondation Jackie-Robinson. Cette lecture est doublement touchante, notamment parce qu’il s’agit d’un texte fait essentiellement de remerciements : Jackie Robinson remerciait ceux qui avaient rendu sa carrière possible; les étudiants d’aujourd’hui le remercient, lui, même s’il est mort en 1972, de ce qu’il a fait pour eux.
La seconde chose à retenir est une anecdote, probablement pas nouvelle, concernant Rachel Robinson, la veuve du joueur. Après la mort de son mari, elle se serait promenée, dans leur maison, de pièce en pièce, avec à la main une photo de lui volant le marbre. Comment dit-on voler le marbre en anglais ? Stealing home. On lui avait volé sa maison.
[Complément du 23 avril 2013]
C’est à s’en mordre le lobe : l’Oreille tendue n’a pas tout de suite remarqué que dans Fortitude (courage, fermeté, détermination, force de caractère) on doit entendre forty-two (Jackie Robinson portait l’uniforme numéro 42). Honte à elle.
Références
DeLillo, Don, Pafko at the Wall. A Novella, New York, Scribner, 1997. Édition numérique. Édition originale : 1992.
Eig, Jonathan, Opening Day. The Story of Jackie Robinson’s First Season, New York, Simon & Schuster, 2007, 323 p. Ill.
Parker, Robert B., Double Play. A Novel, New York, Berkley Books, 2005, 289 p. Ill. Édition originale : 2004.
Rampersad, Arnold, Jackie Robinson. A Biography, New York, Ballantine Books, 1998, 512 p. Ill. Édition originale : 1997.
Spencer, Lyle, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson, New York, MLB.com Play Ball Books, et Ecco. An Imprint of HarperCollins Publishers, 2013. Préface de Kareem Abdul-Jabbar. Deuxième édition. Édition pour iPad.
Tygiel, Jules, The Jackie Robinson Reader. Perspectives on an American Hero, with Contributions by Roger Kahn, Red Barber, Wendell Smith, Malcolm X, Arthur Mann, and more, New York, Dutton, 1997, viii/278 p.