Pêche miraculeuse

Éric Plamondon, Ristigouche, 2013, couverture

En août dernier, l’Oreille tendue racontait qu’elle venait de lire, à haute voix, pour un projet universitaire, de brefs extraits de textes divers. (On ne confondra surtout pas ce projet avec celui dont il a été question ici il y a quelques jours.)

Parmi ceux-ci, le 75e chapitre de Mayonnaise (2012) d’Éric Plamondon, «Comme une truite hors du torrent».

Le plus récent livre de Plamondon, Ristigouche (2013), s’ouvre sur une scène de pêche au saumon.

Sujet de devoir : en vous appuyant sur votre lecture de l’œuvre de Richard Brautigan, vous montrerez en quoi le thème de la pêche à la ligne est essentiel dans les livres d’Éric Plamondon.

 

Références

Plamondon, Éric, Mayonnaise. Roman. 1984 — Volume II, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 49, 2012, 200 p.

Plamondon, Éric, Ristigouche, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 7, 2013, 52 p.

C’est tout

Comment, au Québec, dire que quelque chose est fini, et bien fini ?

«Jane’s Addiction : final bâton» (la Presse, 30 juin 2004, cahier LP2, p. 2).

«Fait que c’est ça qui est ça, final bâton» (Des histoires d’hiver […], p. 22).

Qui dit final bâton met un terme à la discussion.

N.B. Le second exemple est (quasi) pléonastique : «c’est ça qui est ça» a (presque) la même valeur que «final bâton» — une limite a été atteinte.

 

[Complément du 20 février 2017]

On peut même imaginer final bâton comme un terme, ainsi que le fait Marie-Pascale Huglo dans Montréal-Mirabel (2017) : «La mort circulait dans mon corps par tous les vaisseaux jusqu’à final bâton, je coulais» (p. 19).

 

[Complément du 27 juin 2019]

Variation musicale sur ce thème dans le Devoir du jour : «C’est Réal Desrosiers, le batteur de Beau Dommage, qui l’affirme sans hésiter une nanoseconde. Steve Gadd ? “Le meilleur batteur au monde, point final !” Final bâton, comme on disait. Final baguettes, en l’occurrence.»

 

Références

Huglo, Marie-Pascale, Montréal-Mirabel. Lignes de séparation. Récit, Montréal, Leméac, 2017, 152 p.

Robitaille, Marc, Des histoires d’hiver avec encore plus de rues, d’écoles et de hockey. Roman, Montréal, VLB éditeur, 2013, 180 p. Ill.

Culture commune

Éric Plamondon, Ristigouche, 2013, couverture

Pour comprendre la Ballade de Nicolas Jones (2010) de Patrick Roy, il faut maîtriser plusieurs idiomes sportifs : du hockey (surtout), du baseball et du football. L’Oreille tendue en parlait, exemples à l’appui, le 2 mars 2011.

Rebelote, s’agissant du Ristigouche (2013) d’Éric Plamondon, l’auteur de la trilogie 1984 (voir ici et ). On y trouve les phrases suivantes :

La guerre de Sept Ans est un match entre Sa Majesté britannique George II, roi d’Angleterre, et Sa Majesté très Chrétienne Louis XV, roi de France. George III sera choisi comme releveur en 1760, et c’est lui qui terminera la partie, avec une excellente moyenne (p. 17).

Pour saisir le sens de ces phrases, il faut connaître la langue du baseball : le «releveur» est celui dont la tâche est de mettre fin au «match» (à la «partie»), en relève au lanceur qui l’a entrepris(e); souvent, il a une «excellente moyenne»; il est là pour assurer la victoire de son camp.

Yapadkoi.

P.-S. — Dans la même collection que Ristigouche, Patrick Roy fait paraître un excellent récit de voyage, les Singes de Gandhi (2013).

 

Références

Plamondon, Éric, Ristigouche, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 7, 2013, 52 p.

Roy, Patrick, la Ballade de Nicolas Jones. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 01, 2010, 220 p.

Roy, Patrick, les Singes de Gandhi, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 8, 2013, 68 p.

La bibliothèque idéale de l’amateur de hockey

Jeff Lemire, Essex County, 2009, couverture

Quels livres l’amateur de hockey devrait-il impérativement avoir dans sa bibliothèque ? Voici cinq suggestions de l’Oreille tendue, par ordre alphabétique d’auteur.

Ken Dryden, The Game (1983).

Un Canadien anglais en visite ethnographique chez les Québécois. Un cérébral du côté du corps.

Ce livre a été traduit en français sous le titre l’Enjeu (1983), puis sous le titre le Match (2008). Les (ré)éditions anglaises pullulent.

Ken Dryden, qui a été gardien de but pour les Canadiens de Montréal, a aussi écrit la préface à la pièce de théâtre les Canadiens de Rick Salutin (1977) et collaboré à un ouvrage avec Roy MacGregor, Home Game. Hockey and Life in Canada (1989), entre autres publications (livres, articles, etc.).

François Gravel, le Match des étoiles (1996).

François Gravel est un auteur prolifique, pour les jeunes et les autres. Plusieurs de ses livres portent sur le hockey. Le Match des étoiles est le plus fin, le moins appuyé.

Jeff Lemire, Essex County (2009).

La meilleure bande dessinée sur le hockey. En anglais.

Roy MacGregor, The Last Season (1983).

L’auteur est journaliste et l’auteur de plusieurs livres sur le hockey, seul ou avec d’autres. Il a notamment signé la série de romans pour la jeunesse «Screech Owls»; certains ont été traduits en français dans la collection «Carcajous» (Boréal).

The Last Season raconte la dernière saison d’un goon, Felix Batterinski, et bien plus encore.

(Roy MacGregor a préfacé la traduction anglaise d’un livre de l’Oreille.)

Marc Robitaille, Des histoires d’hiver, avec des rues, des écoles et du hockey. Récit (1987); nouvelle édition sous le titre Des histoires d’hiver avec encore plus de rues, d’écoles et de hocke. Roman (2013).

C’est un roman (la couverture le dit), sous la forme de souvenirs d’enfance (l’année scolaire et la saison de hockey 1966-1967 au Québec). Le hasard fait que ce pourraient être, en bonne partie, ceux de l’Oreille.

L’iconographie, en 2013 mieux encore qu’en 1987, est somptueuse.

Voir aussi le film qu’en a tiré François Bouvier en 1998, Histoires d’hiver.

Quelle serait la liste des lecteurs de l’Oreille ? Propositions bienvenues.

 

[Complément du 27 octobre 2014]

L’Oreille tendue, dans son panthéon, fera dorénavant place à Numéro six d’Hervé Bouchard (2014). Pourquoi ? Voyez ici.

Crise d’identité

L’Oreille tendue est casanière. Il y a peu, elle est néanmoins allée assister à une table ronde dans une librairie montréalaise.

Un des intervenants y a déclaré : «J’essaie de me mettre dans leurs shorts.»

Pour rendre l’expression compréhensible aux non-natifs du Québec, il faut indiquer que short peut y désigner, selon les contextes, une «Culotte courte (pour le sport, les vacances)» (le Petit Robert, édition numérique de 2014) ou des sous-vêtements (un slip ou une petite culotte).

Dans le cas qui nous intéresse, il n’est pas question de sport. Qui s’imagine dans les shorts de quelqu’un essaie de se mettre à sa place.

On pourrait être troublé à moins.

 

[Complément du 20 novembre 2021]

En revanche, cette déclaration lue sur Twitter relève du registre sportif : «Norlinder s’est fait sortir de ses shorts par Granlund.» «Se faire sortir de ses shorts» ? Quand un joueur de hockey se fait déjouer par un adversaire sans y pouvoir quoi que ce soit par manque de rapidité. Personne ne veut «se mettre» dans ces shorts-là.

P.-S.—Oui, c’est de la langue de puck.

 

[Complément du 1er août 2022]

Ne pas se sentir / être gros dans ses shorts évoque un sentiment d’inquiétude, voire de peur. Exemple tiré de la Bête creuse de Christophe Bernard (2017) : «Monti, qui s’appelait pas Monti pour rien, mon petit, mon p’tit, mon Ti, Monti, c’est comme ça que les autres orphelins avaient trouvé son surnom, était vraiment pas venu gros dans ses shorts» (p. 18).

 

Références

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture