«Je te jette un œil. Tu es en pleine discussion avec le serveur. Je tends l’oreille, fais semblant d’avoir mal compris à cause de la musique “vraiment trop forte”.»
Fanie Demeule, Roux clair naturel. Roman, Québec, Hamac, 2019. Édition numérique.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Je te jette un œil. Tu es en pleine discussion avec le serveur. Je tends l’oreille, fais semblant d’avoir mal compris à cause de la musique “vraiment trop forte”.»
Fanie Demeule, Roux clair naturel. Roman, Québec, Hamac, 2019. Édition numérique.
«Il n’y a rien d’autre à faire : Antoine tente de se concentrer et se penche sur le corps, tend l’oreille vers sa bouche, mais les bruits de la forêt et son cœur qui cogne l’empêchent d’entendre.»
Pierre Lemaitre, Trois jours et une vie. Roman, Paris, Albin Michel, 2016. Édition numérique.
P.-S.—On trouvera une autre oreille tendue de Pierre Lemaitre ici.
«Jaja fit un bond de trois pieds, qui la fit presque sortir de son rôle… et de son peignoir, à la fois» (p. 118).
«L’homme à la gabardine le retint un instant par la manche… et par civisme» (p. 184).
Plume Latraverse, Pas d’admission sans histoire, Montréal, VLB Éditeur, 1993, 383 p.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«C’est la première fois que tu la voyais ne serait-ce qu’un peu indisposée, elle qui est toujours pétillante, souriante, impeccable, dégoulinante de kale et de bons sentiments.»
Jean-Philippe Baril Guérard, Royal. Roman, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2018, 287 p., p. 64. Édition originale : 2016.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Soit la phrase suivante, tirée de Royal, de Jean-Philippe Baril Guérard (2016) :
Mon mec est en train de me domper. Ce savant mélange de québécois et de français que seule une Stanislasienne utiliserait (éd. de 2018, p. 153).
La phrase n’est peut-être pas compréhensible pour tous les lecteurs de l’Oreille tendue. Essayons d’y voir plus clair.
La Stanilasienne est une (ex)élève du Collège Stanislas de Montréal. Cet établissement offre «l’enseignement de programmes et l’emploi de méthodes pédagogiques conformes aux directives du ministère français de l’Éducation nationale, en les adaptant au contexte québécois et aux préalables nécessaires à l’admission dans les universités québécoises» (dixit «Stan» lui-même). On pourrait notamment y acquérir un «accent faussement français» (p. 29).
Le «québécois» serait une langue différente du «français». Ce n’est évidemment pas vrai : au Québec, on parle français, pas québécois.
Le «savant mélange» ferait se rencontrer du français réputé hexagonal («mec» : compagnon, conjoint) et un anglicisme du cru («domper», to dump : jeter, se débarrasser de, laisser tomber, abandonner).
Bref, c’est le récit, banal encore que montréalais, d’une rupture amoureuse en cours.
Référence
Baril Guérard, Jean-Philippe, Royal. Roman, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2018, 287 p. Édition originale : 2016.