Dictionnaire des séries 54

Roy MacGregor, Dragons en danger, 2010, couverture

Dans une formation, il y a deux gardiens, des défenseurs et des attaquants (ailier droit, centre, ailier gauche).

Les attaquants — les avants — sont regroupés en trios, au nombre de quatre. Vaut mieux jouer sur le premier — celui des compteurs — que sur le quatrième — celui des plombiers, voire pire.

Richard, Boum Boum et Béliveau
C’est le meilleur des trios
Avec Butch à leurs côtés
Les goals seront bien gardés
(Denise Émond, «La chanson des étoiles du hockey», 1956)

On voit aussi ligne.

I change ses lignes trop souvent
(Jean Lapointe, «Scotty Blues», chanson, 1976)

Les arrières forment des duos ou des paires.

Dans un cas comme dans l’autre, l’instructeur est celui qui organise les combinaisons de joueurs à jeter ou à envoyer dans la mêlée.

Certains instructeurs y vont toujours des mêmes combinaisons. D’autres préfèrent jongler avec leurs trios (surtout) ou avec leurs effectifs.

Mais Max était sérieux. Il avait déjà jonglé avec ses trios et inscrit les nouvelles positions des joueurs sur une fiche (Dragons en danger, p. 90).

Tous les goûts sont dans la nature.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

MacGregor, Roy, Dragons en danger, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 14, 2010, 159 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 2001.

Ne pas déranger svp

François Blais, Vie d’Anne-Sophie Bonenfant, 2009, couverture

Qu’est-ce que le peuple, au Québec ? Une masse qu’il ne faut pas écœurer, c’est-à-dire déranger.

Au Danemark, les producteurs de porc n’écœurent pas le peuple comme ici (la Presse, 20 octobre 2002).

Plus radicalement, on dira qu’il ne faut pas le faire chier.

Une autre à sa place en aurait fait un fromage, hein, se la serait jouée Phèdre, tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire, et blablabla, aurait fait chier le peuple avec ça pendant des mois, mais pas elle (Vie d’Anne-Sophie Bonenfant, p. 196).

La radicalité, ici avec ses accents raciniens, ne manque pas d’attrait.

 

[Complément du 1er mai 2024]

Autre exemple de la première forme chez François Hébert en 1986 : «La seconde [cause] fut mon attaque au gaz, qui écœura passablement le peuple» (p. 68).

 

Références

Blais, François, Vie d’Anne-Sophie Bonenfant. Roman, Québec, L’instant même, 2009, 241 p.

Hébert, François, l’Homme aux maringouins, Québec, Éditions du Beffroi, 1986, 130 p.

Dictionnaire des séries 50

Bill Stern, «The Man They Call the Rocket… Maurice Richard», World’s Greatest True Sports Stories. Bill Stern’s Sports Book, 1952, case

«Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger»
(Léo LeSieur, «Ah ! le hockey», chanson, 1930)

 

Le bâton est un outil essentiel à tous les joueurs pour tirer, passer ou arrêter la rondelle, voire pour frapper les joueurs adverses.

Vous auriez dû voir les fameux coups d’bâton
(Oscar Thiffault, «Le Rocket Richard», chanson, 1955)

Parmi les fabricants de bâtons, Sherwood a longtemps tenu le haut du pavé, du moins dans la langue du hockey.

Love & Bennett Limited ! Tu parles d’un nom pour un bâton de hockey ! Maurice Richard jouait avec un Love & Bennett, pas un Easton ni un Sherwood. Je n’arrive pas à le croire. Et t’as vu ? Droit comme un «i». Comment pouvait-on lancer avec ça ? (le Vol de la coupe Stanley, p. 63).

On entend donc dire, par exemple, jouer du Sherwood. Autre occurrence, avec allusion culturelle à la clé :

La rondelle réussit à se frayer un chemin à travers une forêt de Sherwood (Sainte Flanelle, gagnez pour nous !, p. 78).

Plus généralement, le mot hockey désigne à la fois le sport et le bâton.

Ces merveilleux joueurs
Glissant sur leurs patins
Le hockey à la main
(Les jeunes du Mont Saint-Antoine, «Nos Canadiens», chanson, années 1960)

En France, on dit crosse. (Pas au Québec.) En Suisse, canne.

N.B. : ne jamais dire gouret, sauf si on cherche une rime avec goret, comme Jocelyn Bérubé en 2003 («Rocket», p. 34).

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Références

Bérubé, Jocelyn, «Rocket», dans Portraits en blues de travail, Montréal, Planète rebelle, coll. «Paroles», 2003, p. 25-36. Préface de Jean-Marc Massie. Accompagné d’un cédérom.

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

MacGregor, Roy, le Vol de la coupe Stanley, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 2, 2005, 140 p. Traduction de Jean-Pierre Davidts. Édition originale : 1995.

L’art du portrait notarié

Jean Echenoz, Au piano, 2003, couverture

«Ce personnage était de taille moyenne, étroitement habillé de gris bon marché, son long visage cireux dénotant une alimentation mal équilibrée, ses yeux chassieux larmoyaient. Il arborait un air soucieux de clerc de notaire sous-payé, dépressif, plus désolé que mécontent d’être soucieux mais à cela résigné.»

Jean Echenoz, Au piano. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2003, 222 p., p. 114.