L’art du portrait, rebelote

Jean Echenoz, Des éclairs, 2010, couverture

«Arrêtons-nous quelques instants sur le jeune Angus Napier. C’est un garçon de petite taille à l’air apeuré quoique dangereux, sournois bien qu’une innocence parfois égarée dans son regard, naïve et butée comme celle d’un ange, fasse concurrence à cet aspect chafouin et donne l’impression d’un enfant assez fou, capable de torturer quelqu’un à mort tout en le serrant en larmes contre lui, lui vouant son amour et sa vie entre deux séances au fer rouge […].»

Jean Echenoz, Des éclairs. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2010, 174 p., p. 65.

Où l’art du portrait croise celui du zeugme

 Timothy Hallinan, The Fourth Watch, 2008, couverture

N.B. : L’Oreille est surtout tendue en français, mais pas seulement. Voilà pourquoi il existe, en bas à droite, une catégorie «Langue de Shakespeare». Voilà aussi pourquoi elle ajoute le portrait suivant à sa collection (voir «Portraits»), d’autant qu’il contient un fort joli zeugme.

«He was un-evolved, one foot in the Mesozoic, and the other in his mouth» (ch. 25).

Timothy Hallinan, The Fourth Watcher. A Novel of Bangkok, HarperCollins, 2008. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Sauvé par une babouche

Dans Eh bien, dansez maintenant…, Marc Lambron se fait «menu chroniqueur des très riches heures de la sarkozye» (p. 174), en l’occurrence de la première année de la présidence de Nicolas S. Sa série de «croquis» (p. 231) — du prince lui-même, de ses épouses, de ses prédécesseurs, de ses sous-fifres, de ses adversaires — se laisse lire d’un œil distrait.

Puis, subitement, on tombe sur la phrase suivante : «Garant de la laïcité, n’allant d’ailleurs guère à la messe, [Nicolas Sarkozy] soutenait pourtant que la ferveur des croyants doit être mise au service de l’intérêt civique, prompt à baiser tactiquement la mule du pape, sinon la babouche de l’imam» (p. 90-91). Avant l’apparition de la babouche, on aurait pu s’interroger sur le rapport du président français aux animaux. Heureusement que cette babouche est là.

 

Référence

Lambron, Marc, Eh bien, dansez maintenant…, Paris, Grasset, 2008, 231 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Jean Echenoz

Jean Echenoz, Des éclairs, 2010, couverture

«Non qu’il soit ni se sente contraint par qui que ce soit de produire, trouver des idées nouvelles et inventer toujours, c’est juste que c’est plus fort que lui, étant à cet égard et à ses yeux — car détenant, il faut bien le dire, une assez haute idée de lui-même — plus imaginatif que tout le monde.»

Jean Echenoz, Des éclairs. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2010, 174 p., p. 43.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)