Chez les uns, le geste est volontaire :
At the end of the afternoon, Freire, a researcher at the Carlos Éboli Institute of Criminology, called Espinosa. The two had entered the police force together — Espinosa as a detective and Freire as a researcher. Over the course of the two decades since then, they had become friends — a friendship that people who knew them found improbable, since Espinosa was a master of verbal elegance and Freire, for his part, eliminated all adjectives, adverbs, prepositions, pronouns, and such, employing in his speech only nouns and verbs. Currently, moreover, he was tending to eliminate verbs as well. So when Espinosa picked up the phone, all he heard was :
«Thirthy-eight».
Garcia-Roza, Luiz Alfredo, Blackout. An Inspector Espinosa Mystery, traduction de Benjamin Moser, New York, Henry Holt and Company, 2008, 243 p., p. 29. Édition originale : 2006.
Chez les autres, le même geste est imposé, par on ne sait qui :
Plasson avait ceci de curieux, quand il parlait : il ne finissait jamais ses phrases. Il n’arrivait pas à les finir. Il ne parvenait à la fin que si la phrase ne dépassait pas les sept, huit mots. Sinon, il se perdait en chemin. Aussi essayait-il, en particulier avec les étrangers, de se limiter à des propositions courtes et incisives. Et il avait en cela, disons-le, du talent. Bien sûr, cela le faisait paraître un peu hautain et fastidieusement laconique. Mais c’était toujours mieux que d’avoir l’air plus ou moins nigaud : ce qui se produisait régulièrement quand il se lançait dans des phrases articulées, ou même simplement normales : sans arriver, jamais, à les finir.
Baricco, Alessandro, Océan mer. Roman, traduction de Françoise Brun, Paris, Albin Michel, coll. «Les grandes traductions», 1998, 274 p., p. 91-92. Édition originale : 1993.
Quelle qu’en soit la motivation, il existe un minimalisme linguistique.