Le 26 décembre 2004, un tsunami frappait une bonne partie des rives asiatiques de l’océan Indien.
Jusqu’alors, le mot tsunami était réservé à un public de spécialistes. Le Petit Robert, dans sa mise à jour de mars 2004, le définissait ainsi : «Géogr. Onde océanique engendrée par un séisme ou une éruption volcanique.»
Dans les mois qui ont suivi la catastrophe, le mot a essaimé, au Québec comme ailleurs. On a parlé de «“Tsunami intellectuel” à Harvard» (la Presse, 21 janvier 2005, p. A16), de «tsunami de parfums» (la Presse, 1er février 2005, cahier Actuel, p. 3), de «tsunami de protestations» (la Presse, 3 février 2005, cahier Affaires, p. 5), de «tsunami de nostalgie» (la Presse, 5 février 2005, cahier Arts et spectacles, p. 12), de «tsunami social» (la Tribune, 19 mars 2005, p. A15). Dans la rubrique «En hausse… en baisse» de la Presse du 27 février 2005, on pouvait lire que le mot avait «la cote métaphorique» à cette époque; voilà pourquoi il était «En hausse» (cahier Plus, p. 2).
Le Petit Robert, dans son édition de 2007, témoignait de cette popularité. La définition géographique s’était précisée : «Onde océanique engendrée par un séisme ou une éruption volcanique, provoquant d’énormes vagues côtières.» À cette définition technique, on avait joint une définition figurée : «Un tsunami de virus. Le tsunami de la croissance. => déferlante, raz (de marée).»
La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du gouvernement du Québec, Christine Saint-Pierre, s’en est avisée : «Un tsunami frappe le journalisme, selon la ministre St-Pierre», titre la Presse (17 juin 2009, p. A7).
La ministre, qui est responsable de l’Office québécois de la langue française, veut-elle montrer par là qu’elle suit l’actualité linguistique ? Si oui, elle a en partie raison : les médias aiment beaucoup le mot. Cela étant, l’usage figuré du terme, même entré au dictionnaire, paraît bien timide dans la vie courante.
La ministre aurait-elle un tsunami de retard sur la langue de tous les jours ?