Dans son «Discours aux Welches», paru en 1764 dans ses Contes de Guillaume Vadé, Voltaire écrivait :
On vous a déjà reproché de dire un bras de rivière, un bras de mer, un cul d’artichaut, un cul-de-lampe, un cul-de-sac. À peine vous permettez-vous de parler d’un vrai cul devant des matrones respectables; et cependant vous n’employez point d’autre expression pour signifier des choses auxquelles un cul n’a nul rapport. Jérôme Carré vous a proposé le mot d’impasse pour vos rues sans issue, ce mot est noble et significatif; cependant, à votre honte, votre Almanach royal imprime toujours que l’un de vous demeure dans le cul-de-sac de Menard, et l’autre dans le cul des blancs-manteaux. Fi ! n’avez-vous pas de honte ? Les Romains appelaient ces chemins sans issue Angiportus; ils n’imaginaient point qu’un cul pût ressembler à une rue (éd. de 2014, p. 323).
Impasse ou cul-de-sac ? Le narrateur a choisi son camp.
Jusqu’à tout récemment, la ville de Westmount, sur l’île de Montréal, refusait de trancher : avenue Willow, elle avait deux «cul[s]-de-sac» pour une «impasse».
Ce n’est plus vrai : trois «cul[s]-de-sac», insiste-t-on maintenant.
Est-ce à dire que Voltaire aurait perdu son combat dans les rues de Westmount ?
[Complément du 24 septembre 2017]
Dans le quartier voisin, on se tâte encore.
Rue Dalou :
Rue Snowdon :
Référence
Voltaire, «Discours aux Welches», édition critique par Diana Guiragossian-Carr, dans Contes de Guillaume Vadé, Oxford, Voltaire Foundation, coll. «Œuvres complètes de Voltaire», 57B, 2014, p. 297-337. Édition originale : 1764.