«De l’extérieur, on n’y voyait que du feu, et du carton bien découpé.»
Belle virgule, qui fait le zeugme moins zeugme.
Stéphanie Kaufmann, Ici et là. Récits, Québec, L’instant même, 2009, 110 p., p. 56.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«De l’extérieur, on n’y voyait que du feu, et du carton bien découpé.»
Belle virgule, qui fait le zeugme moins zeugme.
Stéphanie Kaufmann, Ici et là. Récits, Québec, L’instant même, 2009, 110 p., p. 56.
Voici ce qu’en dit le Dictionnaire des termes littéraires :
Zeugme, zeugma (gr. lien) • Figure de construction qui consiste à faire dépendre d’un même mot deux termes disparates, qui entretiennent avec lui des rapports différents (dans la majorité des cas, il s’agit d’un verbe suivi de deux compléments d’objet). Le zeugme est souvent doué d’une intention humoristique. V. aussi syllepse. Ex. : «J’ai joué au tennis avec mon oncle et ma raquette» (B. Melançon); «Damoclès tira de sa poitrine un soupir et de sa redingote une enveloppe jaune et salie» (Gide) (p. 510).
(Ce que l’Oreille tendue fait là, à côté de Gide ? C’est une longue histoire.)
Autre exemple, chez Chloé Delaume, dans le Cri du sablier :
L’enfant parla fort tôt. On la jugea bavarde. Le seul mot qui manquait désignait classiquement le statut géniteur. Le père y remédia en exerçant la force. À chacun ses atouts. Il frappa rebelote jusqu’à lui décrocher le tandem de syllabes et sa menue mâchoire mais cela accessoirement (p. 20-21).
L’intention est un peu moins humoristique.
Références
Delaume, Chloé, le Cri du sablier, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 3914, 2003, 126 p. Édition originale : 2001.
Van Gorp, Hendrik, Dirk Delabastita, Lieven D’hulst, Rita Ghesquiere, Rainier Grutman et Georges Legros, Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, coll. «Dictionnaires & références», 6, 2001, 533 p.
Tout le monde fréquente l’apocope. Le Petit Robert la définit ainsi : «Chute d’un phonème, d’une ou plusieurs syllabes à la fin d’un mot» (édition numérique de 2007). Exemples ? Télé pour télévision, cinéma pour cinématographe, taxi pour taximètre.
Dans 99 mots et expressions à foutre à la poubelle (2009), Jean-Loup Chiflet ne paraît guère apprécier ce type de troncation : l’«homme pressé» est «si pressé qu’il écourte tout, vivant à l’heure de l’apocope qui mutile les adolescents pour en faire des ados à vélo ou à moto qui vont au ciné porno même s’ils sont cathos» (p. 11).
L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de relever quelques formes nouvelles de l’apocope : diff pour difficile, confo pour confortable.
Dialogue à la radio, il y a peu : «Elle.— Je vous remercie. Lui. — C’est moi.» Comment désigner pareille coupure, chère aux garçons de café hexagonaux, non pas d’un phonème, d’une syllabe ou de plusieurs «à la fin d’un mot», mais de mots complets à la fin d’une phrase (C’est moi mis pour C’est moi qui vous remercie) ?
Doit-on parler d’apocope syntaxique ? Question full de diff.
[Complément du 15 novembre 2017]
Cette apocope, repérée par @jeanphipayette en Finlande, ne pousse guère à la consommation.
Référence
Chiflet, Jean-Loup, 99 mots et expressions à foutre à la poubelle, Paris, Seuil, coll. «Points. Le goût des mots», Hors série, inédit, P 2268, 2009, 122 p. Dessins de Pascal Le Brun.