L’oreille tendue de… Hector Fabre

Hector Fabre, Chroniques, éd. de 2007, couverture

«Vous me faites l’honneur de me rendre visite et, tout naturellement, vous me demandez comment va l’abonnement. Je me dispose à vous répondre lorsque, tout à coup, je songe à un abonné qui se plaint de ne pas recevoir son journal régulièrement et que l’on va peut-être oublier encore. Je pars comme un trait et vous laisse la bouche béante, l’oreille tendue.»

Hector Fabre, «Journal et élections», 31 mai 1867, dans Chroniques, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact classique», 189, 2007, p. 143-149, p. 143. Postface, chronologie et bibliographie de Gilles Marcotte.

L’oreille tendue de… Caroline Muller et Frédéric Clavert

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire, 2025, couverture

«Ce livre est le résultat des travaux qui ont suivi : pendant près de huit ans, nous avons scruté les pratiques des historiens et historiennes. Nous les avons écoutés en séminaire, dans les colloques ou tables rondes auxquels on nous a conviés; et tendu l’oreille lorsqu’une question méthodologique était abordée autour de nous.»

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire. Gestes et expériences à l’ère numérique, Paris, Armand Colin, 2025, 201 p., p. 16. Préface d’Antoine Prost.

L’oreille tendue de… Fred Vargas

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, éd. de 2001, couverture

«Louis s’écroula sur son lit à deux heures trente du matin, saturé, et décida qu’il ne se lèverait pas demain.

D’ailleurs, c’était dimanche.

Il ouvrit les yeux à midi moins dix, mieux disposé à l’égard de la vie. Il étendit son bras droit, alluma la radio pour entendre les nouvelles du monde et se mit pesamment debout.

C’est depuis sa douche qu’il entendit un mot qui l’alerta. Il ferma le robinet, et, dégouttant d’eau, tendit l’oreille.»

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, Paris, J’ai lu, 2001, 282 p., p. 155. Édition originale : 1997.

L’oreille tendue de… Sébastien Bailly

Sébastien Bailly, Autoroute, 2025, couverture

«Tu as poussé la porte métallique verte, tu as parcouru un couloir étroit, sans ouverture, béton brut. Un léger frisson te remonte l’échine — tu as lu ça, déjà, dans un roman d’aventures, et ça te semble une réaction normale. S’il y avait du monde à l’intérieur ? Tu tends l’oreille. Tout est silencieux. Tout semble désert. Ton cœur devrait ralentir. Tu n’as pas de mauvais pressentiment. Une deuxième porte et te voilà dans l’allée principale du centre commercial, au milieu des boutiques autrefois ouvertes, des mannequins nus dans la vitrine devant toi.»

Sébastien Bailly, Autoroute, Paris, Le Tripode, 2025, 175 p., p. 123.

Deux Ferron pour le prix d’un

Jacques Ferron, Contes, éd. de 1993, couverture

Une oreille tendue et un zeugme.

«On le vit donc reparaître, le vieil Ulysse, dans le quartier des Sirènes, attaché à son mât de misaine dont le cacatois, gonflé par les vents accumulés durant quinze ans à Ithaque Corner, lui montait dans la tête, naviguant au milieu de la chaussée mal famée, l’oreille tendue vers les persiennes muettes d’où s’échappait naguère la mélopée française et érotique.»

Jacques Ferron, «Les Sirènes», dans Contes, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1993, 298 p., p. 149. Édition intégrale. Présentation de Victor-Lévy Beaulieu.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)