On comprend ce que l’adjectif veut dire. On sait que la chose existe. On reste quand même un brin étonné devant ce titre : «Québec crée un comité pour étudier les homicides intrafamiliaux» (le Devoir, 18 octobre 2011, p. A6).
Fil de presse 011
Ci-dessous, quelques parutions (pas trop anciennes) en matière de langue, organisées en rubriques.
Rubrique «Ce n’est qu’un début, continuons le combat» : Chantal Rittaud-Hutinet, Parlez-vous français ? Idées reçues sur la langue française (Paris, Éditions Le cavalier bleu, coll. «Idées reçues», 2011, 160 p.). À mettre en parallèle avec le livre de Marina Yaguello.
Le compte rendu de ce livre par l’Oreille tendue ? C’est de ce côté.
Rubrique «C’est comme vous voulez» : Tu ou vous : l’embarras du choix, sous la direction de Bert Peeters et de Nathalie Ramière (Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2009, 300 p.). Table des matières, en PDF, ici.
Rubrique «Ce serait pas un zeugme, ça ?» : Dictionnaire national et anecdotique (1790), édition présentée et annotée par Agnès Steuckardt (Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «La lexicothèque», 2011, 220 p.).
Rubrique «On n’arrête pas le progrès» : Erin McKean, Aftercrimes, Geoslavery, and Thermogeddon. Thought-Provoking Words from a Lexicographer’s Notebook (New York, TED Conferences, LLC, 2011. Édition numérique). L’Oreille tendue en a parlé là.
Rubrique «Y a de quoi faire» : dossier «Les langues de bois», Hermès, numéro 58 (2011).
Rubrique «C’est maintenant la civilisation des loisirs» : Claude Hagège, Parler, c’est tricoter (La Tour d’Aigues, L’aube, 2011, 64 p.).
Rubrique «Faudrait bien aller voir ça» : Mario Bélanger, Petit guide du parler québécois (Montréal, 10/10, 2011, 279 p.).
Rubrique «Raconte-moi une histoire» : Magali Favre, Si la langue française m’était contée (Montréal, Fides, 2011, 400 p.).
Rubrique «Quand on aime, on ne compte pas» : Alex Taylor, Bouche bée, tout ouïe… ou comment tomber amoureux des langues (Paris, Seuil, coll. «Points. Le goût des mots», 2011, 256 p.).
Rubrique «Tiens, de nouveaux titres dans la collection “Les mots”» : Magalie Gobet et Emmeline Le Gall, Le parfum «qui fortifie le cerveau et chasse cette légère rêverie qui accable l’esprit…» ? (Paris, Honoré Champion, coll. «Les mots», 2011, 144 p. Préface de Jean Pruvost.); Nicole Cholewka, avec la collaboration de Jean Pruvost, Le chocolat «qui favorise la paresse et dispose à ces voluptés qu’inspire une vie langoureuse…» ? (Paris, Honoré Champion, coll. «Les mots», 2011, 144 p. Préface de Patrick Roger.).
Rubrique «Espérons que le livre est meilleur que le titre» : Gaétan Saint-Pierre, Histoire de mots solites et insolites (Sillery, Septentrion, 2011, 395 p.).
Le néologisme du jour
Les pseudonymes des vedettes de la porno ne sont pas choisis au hasard. La linguiste Marie-Anne Paveau étudie la motivation de quelques-uns ici.
Comment les désigne-t-elle ? «Je parlerai pour ma part de pornonymes ou anthropornonymes […]».
Joli.
Référence
Paveau, Anne-Marie, «Signes, sexe and linguistique 6. Anthropornonymie : de “Justine” à “Clara Morgane”, les noms des pornstars», Pensée du discours, 25 octobre 2011.
Urbi et orbi
Définition : «Munis de leur GPS, de cartes, de lampes frontales, de casques, de cordes et d’appareils photo, ces Tintin urbains vont visiter des sites désaffectés, de vieilles mines, des usines abandonnées, des égouts. Les archéologues du temps présent, quoi !» De quel mot s’agit-il ? «Urbexeurs», dit le Devoir du 7 octobre 2011.
Le mot viendrait de l’anglais «urbex», pour «urban exploration»; c’est Wikipedia qui l’affirme.
La chose se pratique partout dans le monde. En France, par exemple, il existe un «Forum d’Urbexing». Évidemment.
Ça ne s’invente pas (car c’est déjà inventé)
Erin McKean suit de très près l’évolution de la langue anglaise. Elle a exposé ses positions lexicographiques dans le cadre d’une conférence présentée par TED; l’Oreille tendue en a parlé ici. Elle dirige un dictionnaire en ligne, Wordnik. Et elle publie des livres.
Aftercrimes, Geoslavery, and Thermogeddon (2011) recense et définit quelques dizaines de néologismes (en anglais), beaucoup venus du monde des sciences. Des exemples ?
«Displace fallacy» : l’idée fausse selon laquelle une nouvelle technologie (le livrel) remplace les anciennes (le livre).
«E-mail apnea» : le fait de ne (presque) plus respirer (temporairement) quand on est absorbé par ses courriels. (On doit l’expression à Linda Stone.)
«Thanatourism» : forme de tourisme à destination de lieux associés à la souffrance et à la mort, particulièrement à la mort violente.
C’est réjouissant d’inventivité.
[Complément du 22 octobre 2011]
On peut facilement imaginer le plaisir qu’aurait Erin McKean devant tel mot-valise d’un tweet publié hier par @dancohen, qui l’emprunte lui-même à @ncschistory : «“Scannabago” [Scan / Numérisation + Winnebago / Autocaravane] = mobile scanning unit to digitize local materials.»
[Complément du 30 janvier 2012]
Au lieu de thanatourism, on peut aussi dire dark tourism. L’expression est chez Julien Blanc-Gras dans Touriste (2011, p. 43). On y découvre également le tourisme chez les pauvres, le poorism (p. 115).
[Complément du 26 juin 2012]
La Libre Belgique, elle, parle de nécrotourisme.
[Complément du 31 juillet 2013]
Une catastrophe ferroviaire fait 45 morts à Lac Mégantic. Quelques semaines plus tard, @rdimatin parle du «tourisme de catastrophe» qui se pratique dans cette petite ville du Québec.
[Complément du 31 décembre 2015]
Dans la neuvième livraison de l’émission The New Yorker Radio Hour, datée du 18 décembre 2015, David Remnick évoque le «crisis tourism».
Références
Blanc-Gras, Julien, Touriste, Vauvert, Au diable vauvert, 2011, 259 p.
McKean, Erin, Aftercrimes, Geoslavery, and Thermogeddon. Thought-Provoking Words from a Lexicographer’s Notebook, New York, TED Conferences, LLC, 2011. Édition numérique.