Interrogation titrologique du jour

Quand les écrivains québécois jouent le jeu !, ouvrage collectif, 1970, couverture

Soit les titres suivants :

En ces territoires, nos pas divergent

Les années s’écoulent lentes et légères

Dans un monde où il se fait tard

Je vous demande de fermer les yeux et d’imaginer un endroit calme

Je mens, songe et m’en tire

Tu vis à Paris, je pense

Les Cookies de l’apocalypse, ou comment j’ai été annulée par l’innommable

Les pommiers dépassaient partout des palissades

Ma laideur n’influence personne

La grande maison en bardeaux rouges qui grince la nuit

La bouche pour montrer une série de lames

Comme si c’était comme ça

Être un geste, un cri, une action

L’art de ne pas avoir toujours raison

Ce que je sais de toi

La version qui n’intéresse personne

Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok

On s’arrête là pour aujourd’hui

Mourir de froid, c’est beau, c’est long, c’est délicieux

J’ai montré toutes mes pattes blanches je n’en ai plus

Qu’est-ce qui les caractérise, ces titres ?

Ils apparaissent en couverture d’œuvres québécoises récentes.

Ils comptent au moins six mots.

Ils comportent un verbe, généralement conjugué.

L’Oreille tendue s’interroge triplement.

Est-ce une tendance ?

La titrologie longue a ses précurseurs au Québec, par exemple Jean-Claude Germain (Un pays dont la devise est je m’oublie, Si les Sansoucis s’en soucient, ces Sansoucis-ci s’en soucieront-ils ? Bien parler, c’est se respecter !) ou Victor-Lévy Beaulieu (N’évoque plus que le désenchantement de ta ténèbre, mon si pauvre Abel). Y a-t-il une relance récente de cette pratique ?

Dans un cas comme dans l’autre, pourquoi ?

Tant de questions, si peu de jours.

P.-S.—Bien sûr, il y a des exemples ailleurs qu’au Québec : La prochaine fois que tu mordras la poussière; Te souviens-tu de ta naissance ?

Ce n’est peut-être pas le titre du siècle

 

En 1967, le général de Gaulle, du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, lance son «Vive le Québec libre !»

De libre à livre, il n’y a qu’un pas, d’où «Vive le Québec livres !»

C’est le titre du dossier qui paraît aujourd’hui dans le Monde des livres.

On le trouvait déjà en 1981 (Lire), en 1982 (le Point), en 1996 (Ma cavale au Canada), en 1999 (l’Express), en 2000 (Paris), en 2013 (Villa Marguerite-Yourcenar), en 2015 (Presses académiques francophones) et en 2018 (Zurich).

Faudrait-il envisager un (autre) moratoire ?

 

[Complément du 14 avril 2024]

Dans Libération de vendredi dernier… (Cela permet à l’Oreille tendue de mesurer l’influence de ses propositions de moratoire.)

«Vive le Québec livre !», Libération, une, 12 avril 2024

Il fait chaud, vous ne trouvez pas ?

Simone de Beauvoir, Faut-il brûler Sade ?, éd. de 2011, couverture

Moratoire en vue…

1955 : Faut-il brûler Sade ?

1959 : Faut-il brûler Teilhard de Chardin ?

1978 : Faut-il brûler les nouveaux philosophes ?

1978 : Faut-il brûler Sardou ?

1980 : Faut-il brûler la science ?

1981 : Faut-il brûler Piaget ?

1984 : Faut-il brûler la Suisse ?

1985 : Faut-il brûler le structuralisme ?

1986 : Faut-il brûler les homosexuels ?

1986 : Faut-il brûler la République ?

1991 : Faut-il brûler Marx ?

1991 : Faut-il brûler Descartes ?

1992 : Faut-il brûler Dumézil ?

1994 : Faut-il brûler les journalistes ?

1995 : Faut-il brûler les Arabes de France ?

1995 : Faut-il brûler Darwin ?

1997 : Faut-il brûler les mangas ?

1998 : Faut-il brûler Taylor ?

1999 : Faut-il brûler Régis Debray ?

2000 : Faut-il brûler les Rose-Croix ?

2001 : Faut-il brûler la science ? (bis)

2001 : Faut-il brûler Lénine ?

2002 : Faut-il brûler la dentelle mécanique ?

2004 : Faut-il brûler les technocrates ?

2004 : Faut-il brûler l’ONU ?

2006 : Faut-il brûler la Galigaï ?

2006 : Faut-il brûler le Code du travail ?

2006 : Faut-il brûler la gestion des compétences ?

2006 : Faut-il brûler le modèle social français ?

2007 : Faut-il brûler les rites ?

2008 : Faut-il brûler les HLM ?

2008 : Faut-il brûler Calvin ?

2009 : Faut-il brûler les banquiers ?

2010 : Faut-il brûler Freud ?

2010 : Faut-il brûler la contre-insurrection ?

2010 : Faut-il brûler ce livre ?

2012 : Faut-il brûler l’art contemporain ?

2013 : Faut-il brûler les humanités et les sciences humaines et sociales ?

2014 : Faut-il brûler Babylone ?

2014 : Faut-il brûler les institutions ?

2021 : Faut-il brûler les postmodernes ?

P.-S.—Cette liste est constituée uniquement de titres de livres présents dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France, sauf pour le plus récent.