Un jour dans la vie de la ville urbaine

Les quotidiens de l’Oreille tendue, samedi dernier, l’ont ravie. Elle y a vu les titres suivants.

«Banlieue urbaine» (la Presse, 2 juin, cahier Maison, p. 1).

«Unique : des vidéocapsules urbaines sur le Web» (le Devoir, 2-3 juin, p. D2).

«Jungle urbaine… et brésilienne» (la Presse, 2 juin 2012, cahier Arts, p. 18).

Même Twitter s’y est mis, toujours samedi, @OursAvecNous rapportant avoir vu une pancarte sibylline durant la manifestation du jour : «Le CFU est fru.» Ce CFU serait le sigle du Cercle des fermières urbaines. Fru ? Frustré, bien sûr.

Ce sera l’urbanité, ou rien.

P.-S. — Quelle est cette «Banlieue urbaine» ? Laval.

Ricardo au Dollarama

Nicolas Dickner, le Romancier portatif, 2011, couverture

À compter du 26 avril, Ricardo, l’homme privé de patronyme, animera, à la télévision de Radio-Canada, une nouvelle émission, le Fermier urbain. Le voilà donc «gentleman-farmer urbain» (la Presse, 18 avril 2012, cahier Arts, p. 3).

Urbain ?

Lisons Nicolas Dickner : «Pourtant, le concept même de “valeur” est volatil. Prenez le mot “urbain”, un terme bien coté depuis trois ou quatre ans. D’abord avant-gardiste, il est vite devenu commun, avant de tomber dans l’utilisation à outrance, puis dans l’impropriété excessive. En ce moment, il se trouve quelque part dans le Dollarama du langage, à côté des napperons en bambou et des potiches pseudo-asiatiques» (éd. de 2011, p. 82).

Le décor de l’émission est déjà tout trouvé.

 

Référence

Dickner, Nicolas, «Vaut mieux rester calme», Voir, 19 mars 2008, repris dans le Romancier portatif. 52 chroniques à emporter, Québec, Alto, 2011, p. 81-84, p. 82.

La ville à la ville

Le Devoir des 19-20 novembre 2011 avait un cahier «Habitation».

Publicité en page 3 : «Demeures urbaines sur Saint-Jacques.»

Sous-titre en page 5 : «On a prévu des chalets urbains […].»

Publicité en page 9 : «Les seules maisons de ville authentiques dans le quartier.»

Il est bon de se faire rappeler que la ville n’est plus à la campagne.

 

[Complément du 23 novembre 2011]

Le phénomène est-il uniquement montréalais, comme dans les exemples ci-dessus ? Que nenni.

Quelques heures après avoir mis son billet en ligne, l’Oreille tendue lit son Devoir. En première page : «Laval prépare un téléphérique urbain» (23 novembre 2011).

N’en doutons plus (si nous en avons déjà douté) : Laval est une ville.

Urbi et orbi

Définition : «Munis de leur GPS, de cartes, de lampes frontales, de casques, de cordes et d’appareils photo, ces Tintin urbains vont visiter des sites désaffectés, de vieilles mines, des usines abandonnées, des égouts. Les archéologues du temps présent, quoi !» De quel mot s’agit-il ? «Urbexeurs», dit le Devoir du 7 octobre 2011.

Le mot viendrait de l’anglais «urbex», pour «urban exploration»; c’est Wikipedia qui l’affirme.

La chose se pratique partout dans le monde. En France, par exemple, il existe un «Forum d’Urbexing». Évidemment.