«La vie urbaine avec plusieurs services dans Rosemont», titre le Devoir des 22-23 septembre 2012 (p. G6).
Les Rosemontois, ces habitants du quartier montréalais de Rosemont, seront enchantés d’apprendre qu’ils ont (enfin ?) accès à la «vie urbaine».
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«La vie urbaine avec plusieurs services dans Rosemont», titre le Devoir des 22-23 septembre 2012 (p. G6).
Les Rosemontois, ces habitants du quartier montréalais de Rosemont, seront enchantés d’apprendre qu’ils ont (enfin ?) accès à la «vie urbaine».
Les quotidiens de l’Oreille tendue, samedi dernier, l’ont ravie. Elle y a vu les titres suivants.
«Banlieue urbaine» (la Presse, 2 juin, cahier Maison, p. 1).
«Unique : des vidéocapsules urbaines sur le Web» (le Devoir, 2-3 juin, p. D2).
«Jungle urbaine… et brésilienne» (la Presse, 2 juin 2012, cahier Arts, p. 18).
Même Twitter s’y est mis, toujours samedi, @OursAvecNous rapportant avoir vu une pancarte sibylline durant la manifestation du jour : «Le CFU est fru.» Ce CFU serait le sigle du Cercle des fermières urbaines. Fru ? Frustré, bien sûr.
Ce sera l’urbanité, ou rien.
P.-S. — Quelle est cette «Banlieue urbaine» ? Laval.
À compter du 26 avril, Ricardo, l’homme privé de patronyme, animera, à la télévision de Radio-Canada, une nouvelle émission, le Fermier urbain. Le voilà donc «gentleman-farmer urbain» (la Presse, 18 avril 2012, cahier Arts, p. 3).
Urbain ?
Lisons Nicolas Dickner : «Pourtant, le concept même de “valeur” est volatil. Prenez le mot “urbain”, un terme bien coté depuis trois ou quatre ans. D’abord avant-gardiste, il est vite devenu commun, avant de tomber dans l’utilisation à outrance, puis dans l’impropriété excessive. En ce moment, il se trouve quelque part dans le Dollarama du langage, à côté des napperons en bambou et des potiches pseudo-asiatiques» (éd. de 2011, p. 82).
Le décor de l’émission est déjà tout trouvé.
Référence
Dickner, Nicolas, «Vaut mieux rester calme», Voir, 19 mars 2008, repris dans le Romancier portatif. 52 chroniques à emporter, Québec, Alto, 2011, p. 81-84, p. 82.
L’Oreille tendue, quand elle est sur la route, garde l’œil ouvert.
Au cours d’un récent parcours montérégien, elle est tombée à Carignan sur un restaurant appelé «La grange urbaine».

Pourquoi s’étonner de ce mariage rurbain ? Le Huffington Post Québec du 9 février le disait pourtant clairement : «Les Canadiens sont urbains.»

La ville est partout.
Le Devoir des 19-20 novembre 2011 avait un cahier «Habitation».
Publicité en page 3 : «Demeures urbaines sur Saint-Jacques.»
Sous-titre en page 5 : «On a prévu des chalets urbains […].»
Publicité en page 9 : «Les seules maisons de ville authentiques dans le quartier.»
Il est bon de se faire rappeler que la ville n’est plus à la campagne.
[Complément du 23 novembre 2011]
Le phénomène est-il uniquement montréalais, comme dans les exemples ci-dessus ? Que nenni.
Quelques heures après avoir mis son billet en ligne, l’Oreille tendue lit son Devoir. En première page : «Laval prépare un téléphérique urbain» (23 novembre 2011).
N’en doutons plus (si nous en avons déjà douté) : Laval est une ville.