Retard du blogueur non tatoué

Toute contente, hier, de découvrir, à l’émission de radio Citoyen numérique de Michel Dumais, l’expression «tatouage des fichiers», dans la bouche de Gilles Herman des Éditions du Septentrion. Quelle jolie expression !

Par acquit de conscience, l’Oreille tendue jette un coup d’œil au Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Déception : elle y est.

Tatouage numérique : «Technique de marquage qui consiste à insérer une signature invisible et permanente à l’intérieur des images numériques transitant par les réseaux, tel Internet, afin de lutter contre la fraude et le piratage et d’assurer la protection des droits de propriété intellectuelle.»

Le mot existe en ce sens depuis… 1999.

Selon le GDT, le tatouage numérique, ou filigranage numérique, ou marquage numérique, est seulement affaire d’image ou de «document audiovisuel numérique». En fait, désormais, on l’emploie aussi pour les fichiers textuels; il faudrait le préciser.

Maigre consolation.

Le message ne passait plus

Motif fréquent de congédiement d’entraîneur dans le sport professionnel. Ne s’emploie que dans un sens : du haut vers le bas, du chef vers ses employés. Exemple : «Il semble que le message n’ait pas passé, comme ils disent dans les arénas» (la Presse, 8 juillet 2009, Sports, p. 6).

Du temps où il était entraîneur, on a pu utiliser ce motif pour expliquer le sort réservé à Jacques Demers. Ça ne risque pas de lui arriver au Sénat, où il a un contrat garanti (pour rester dans le jargon sportif) de dix ans.

Heureuseté

Gravure représentant Louis-Sébastien Mercier

En 1994, Jean-Claude Bonnet nous avait donné les éditions de référence du Tableau de Paris et du Nouveau Paris (Paris, Mercure de France) de Louis Sébastien Mercier (1740-1814). En 1999, c’était Mon bonnet de nuit suivi de Du théâtre (Paris, Mercure de France), puis, en 2005, Songes et visions philosophiques (Houilles, Manucius).

Chez Belin (Paris), il vient de faire paraître la Néologie (1801). Pierre Assouline donne quelques exemples des inventions de Mercier, dans son blogue, en date du 28 juillet 2009 : dévotieux, exulcérer, heureuseté, joculateur, s’obombrer.

 

Référence

Mercier, Louis Sébastien, Néologie, Paris, Belin, coll. «Littérature et politique», 2009, 596/xxxvii p. Ill. Texte établi, annoté et présenté par Jean-Claude Bonnet. Édition originale : 1801.

Parlons geek

Excellentes capsules linguistiques, par Pedro Rafael Rosado, dans le cadre de Tech Talk, l’émission baladodiffusée hebdomadairement par le New York Times. Un mot du vocabulaire informatique y est expliqué chaque semaine : «And now it’s time fot the NYT Tech Talk term of the day, where we explain the geek speak, nerd words and communications jargon you may encounter on the Internet

Surveillez votre langue

Un créateur québécois, Claude Robinson, vient de gagner un procès contre plusieurs sociétés cinématographiques qui l’ont plagié (récit ici). Gros procès : quatorze ans, 20 765 pages de documents. Long jugement : 240 pages, signées Claude Auclair.

Parmi les preuves, celle-ci, répétée quatre fois : «Il faut savoir que Mirleau a copié la faute d’orthographe que le demandeur a commise dans le mot “pachyderme” en l’écrivant avec un “i” au lieu d’un “y”. Et ensuite, il a le culot de venir déclarer sous serment qu’il n’a jamais eu connaissance des documents du demandeur» (par. 358); «Qui plus est, Mirleau reproduit la faute d’orthographe commise par le demandeur au mot “pachyderme” en écrivant la lettre “i” plutôt que “y”. Pure coïncidence ? Et il a l’audace de jurer devant le Tribunal ne jamais avoir eu accès aux documents du demandeur» (par. 573); «Il ne faut pas oublier non plus que Mirleau a reproduit dans son synopsis la même faute d’orthographe que celle commise par le demandeur dans le mot “pachyderme” en l’écrivant avec un “i”» (par. 817); «Izard, Davin et France Animation sont tout aussi responsables et seront également condamnés aux dommages exemplaires pour leur participation à l’acte de contrefaçon et pour avoir adopté, tout au long de l’instance, une conduite mensongère. De plus, ils n’ont pas dit la vérité en déclarant ne pas avoir eu accès à l’œuvre du demandeur, ayant même été jusqu’à reproduire la faute d’orthographe au mot pachyderme, l’écrivant avec un “i” au lieu d’un “y”» (par. 1054).

Voilà pourquoi il faut toujours soigner son orthographe.