Accouplements 114

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans sa boîte de courriels, l’Oreille tendue a trouvé ce matin un texte de Gillian Pink consacré aux notes que Voltaire laissait en lisant, «Apprivoiser ses livres : Voltaire “marginaliste”». Elle y lit ceci :

«“Je voudrais bien savoir quel est l’imbecille […] qui a défiguré par tant de croix et qui a cru rempli de fautes le plus bel ouvrage de notre langue” : c’est ainsi que Voltaire réagit en marge aux traces qu’un autre a laissées dans son exemplaire des Œuvres de Racine.»

Pourtant, Voltaire ne fera pas différemment, grand annotateur qu’il était.

Hier, l’Oreille consultait le numéro de la revue Itinéraires. Littérature, textes, cultures intitulé «Les blogs. Écritures d’un nouveau genre ?», dirigé par Christèle Couleau et Pascale Hellégouarc’h (2010) et emprunté à sa bibliothèque universitaire. Certaines pages ressemblent à ceci.

Livre annoté à la bibliothèque de l’Université de Montréal

L’Oreille est bien d’accord avec Voltaire.

Autopromotion 359

Nouvelle bibliotheque des auteurs ecclesiastiques, gravure de Jan Lamsvelt, 1710-1715

La 344e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 39 910 titres.

Illustration : L.E. Dupin, Nouvelle bibliotheque des auteurs ecclesiastiques, gravure de Jan Lamsvelt, Amsterdam, Pierre Humbert, 1710-1715, Rijksmuseum, Amsterdam

Accouplements 113

Charlotte Aubin, Paquet de trouble, 2018, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dostie, Alexandre, Shenley, Montréal, Éditions de l’écrou, 2014, 93 p.

«t’es un amour de parking
un souvenir de banquette» (p. 63)

Aubin, Charlotte, Paquet de trouble. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2018, 99 p. Ill.

«j’te jure
c’est pas si compliqué que ça
fourrer dans un char» (p. 71)

P.-S.—Ce n’est pas la première fois que l’Oreille tendue s’intéresse aux transports amoureux : Melançon, Benoît, «Faire catleya au XVIIIe siècle», Études françaises, 32, 2, automne 1996, p. 65-81. https://doi.org/1866/28660

 

[Complément du jour]

Martineau-Lavoie, Ellie, les Bikinis couleur peau. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2018, 86 p.

«entre Montréal et Joliette
nous avons croisé des dizaines de voitures
au moins cinq camions
pas un seul ne s’est aperçu que tu avais ta main
dans ma culotte
durant tout le trajet
que mes cris couvraient la musique» (p. 83)

 

[Complément du 1er février 2022]

Boulianne-Tremblay, Gabrielle, les Secrets de l’origami. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2018, 68 p.

«une main sous ma jupe l’autre sur le volant
sa voiture en cire qui fonce droit sur le soleil» (p. 15)

Accouplements 111

Daniel Carr et Denis Diderot, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Bouchard, Olivier, «Le match d’hier revu et colligé #82», Athlétique, 8 avril 2018.

«On ne saura probablement jamais pourquoi Daniel Carr a passé tout ce temps dans la Ligue américaine. Le gars a 30 points à forces égales en 94 matchs d’expérience dans la LNH, ce qui ne ressemble à rien en surface, mais sachant qu’il joue 10, 11 minutes par matchs sur une quatrième ligne, ça revient à, oh, 25 ou 26 points par saison ? J’ai toujours un peu de misère à croire que ce genre de contribution est purement fongible.»

Melançon, Benoît, Diderot épistolier. Contribution à une poétique de la lettre familière au XVIIIe siècle, Montréal, Fides, 1996, viii/501 p. Préface de Roland Mortier. https://doi.org/1866/11382

«Si la lettre peut troubler le destinataire au moment même qu’il la reçoit, cela ne revient pas à dire que son pouvoir disparaît pour autant par la suite : ni consomptible ni fongible, elle reste chargée de sens, on peut y revenir, la relire, la toucher de nouveau, lui donner un nouveau sens — ou le même —, comme texte et comme objet» (p. 209).

Dans la vie, on n’utilise pas assez le mot fongible.