Chantons le hockey avec André Brazeau

André Brazeau, «Ti-Guy», Pour toi et ton père, album, 2002, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

André Brazeau, «Ti-Guy», Pour toi et ton père, 2002

 

J’vous l’dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur
Lui quand y jouait
Y en avait du cœur
Y nous en a faitte voir
D’toutes les couleurs
J’vous dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur

Pour mon père y avait Maurice pis Henri
Pour moé c’était Jacques Lemaire
Pis Ti-Guy
Aujourd’hui ça fait dur
Moé j’comprends rien
Où’c’qui sont passés nos vrais Canadiens ?
J’vous l’dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur
Lui quand y jouait
Y en avait du cœur
Y nous en a faitte voir
D’toutes les couleurs
J’vous dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur

Aujourd’hui m’as vous dire
Ça r’garde pas ben
Montréal va chercher des Européens
Ça s’peut-tu qui a juste moé qui s’en souviens
Pour gagner une coupe
Ça prend des Canadiens
J’vous l’dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur
Lui quand y jouait
Y en avait du cœur
Y nous en a faitte voir
D’toutes les couleurs
J’vous dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur

C’est pas avec des Vladimir qu’on va gagner
Ça prend des Français pour une coupe Stanley
Des gars comme Ti-Guy pis un Cournoyer
Béliveau Jacques Plante et puis des Tremblay
J’vous l’dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur
Lui quand y jouait
Y en avait du cœur
Y nous en a faitte voir
D’toutes les couleurs
J’vous dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur
J’vous dis
Moé j’m’ennuie de Ti-Guy Lafleur

[Musique du Forum]
Merci Guy

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Faire la passe

David Desharnais, publicité, 2011

«“C’est la meilleure passe que j’ai faite.” — David Desharnais. #58 Canadiens de Montréal» : voilà la publicité que faisait paraître Boucherville Nissan dans la Presse du 15 mars (cahier Sports, p. 1).

Triple niveau de lecture pour cette annonce.

David Desharnais, le joueur de centre des Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, est reconnu pour la qualité de ses passes (sur la glace). Il peut néanmoins en faire de «meilleures» que d’autres.

Faire la passe, au Québec, signifie aussi qu’on vient d’obtenir quelque chose à son propre avantage. Cet avantage est le plus souvent financier. Acheter sa voiture chez Boucherville Nissan, ce serait donc faire une (très) bonne affaire.

Une dernière chose, peut-être moins visible. Les amateurs de sport le savent : avant de jouer sur une base régulière pour les Canadiens cette année, le numéro 58 a longtemps galéré dans le monde du hockey mineur. Sur ce plan-là, promu à Montréal, il vient aussi de faire la passe.

C’est, foi d’Oreille tendue, joliment tourné.

 

[Complément du 10 mars 2022]

Grâce au magnifique site Wikia La BD de journal au Québec, l’Oreille découvre cette publicité illustrée parue dans la Presse du 18 novembre 1972. Ce n’est pas d’hier qu’on fait la passe au Québec.

Publicité pour Dulac et Frito-Lay, la Presse, 18 novembre 1972

 

[Complément du 1er août 2022]

On peut souhaiter éviter toute ambiguïté : «C’était pas à ça qu’elle se destinait, elle, l’hôtellerie, et elle avait jugé préférable de faire une passe d’argent pour mieux assir sa pratique de sage-femme» (la Bête creuse, p. 87). Il est clair, ici, que l’avantage est pécuniaire.

 

Référence

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.