Le (quadruple) zeugme du dimanche matin

Jean Echenoz, les Grandes Blondes, 1995, couverture

L’invité de la semaine est Jean Echenoz, relayé par Emmanuel Bouchard (que remercie l’Oreille tendue).

«La jeune femme allait devant, Kastner suivait au jugé, trébuchant selon les accidents du sol, décontenancé par la nuit, le rut et le vin blanc» (p. 23).

«Assises par hasard l’une près de l’autre, elles avaient échangé des magazines, des cigarettes et des conseils de beauté […]» (p. 127).

«À cette heure-ci la clientèle était éparse, un barman épongeait le guéridon, attendait la commande et ressemblait à Georges Sanders» (p. 225).

«De retour chez lui, dans sa cuisine américaine, après un peu de viande froide et de journal télévisé, Salvador déplie, relit, développe rêveusement ses notes, s’exhorte à chasser Gloire de son esprit» (p. 240-241).

Jean Echenoz, les Grandes Blondes. Roman, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 34, 2006, 250 p. Édition originale : 1995.

P.-S. — Le troisième extrait est-il bien un zeugme ? Laissons Sébastien Bailly trancher.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Ru-ru et poulet

Sébastien Bailly, les Zeugmes au play, 2011, couverture

Deux beaux cas de cacophonie aujourd’hui.

Le premier, chez la traductrice de Mary Pope Osborne : «Bondissant par-dessus les tuiles brisées qui encombrent la cour, ils se ruent vers la porte et jaillissent dans la rue» (p. 60). Ce «ruent» / «rue» fait ronron.

Le second, beaucoup plus ancien, et signalé récemment par Sébastien Bailly dans les Zeugmes au plat : «Je suis romaine, hélas ! puisque mon époux l’est» (Corneille, Horace, première version, acte I, scène 1). Selon Wikipédia, il s’agirait, dans ce cas, d’un kakemphaton.

 

Références

Bailly, Sébastien, les Zeugmes au plat. Éloge d’une tournure humoristique, Paris, Mille et une nuits, coll. «Mille et une nuits», 585, 2011, 107 p. Avant-propos de Hervé Le Tellier.

Pope Osborne, Mary, Panique à Pompéi, Paris, Bayard poche, coll. «La cabane magique», 8, 2009, 73 p. Traduction et adaptation de Marie-Hélène Delval. Illustration de Philippe Masson. Dixième édition. Édition originale : 1998.