Un tweet, diffusé le 29 septembre 2013, de @MarcheurdeQc, illustre parfaitement, par la photo qui l’accompagne, ce que c’est que de vivre dans une ville «rigoureusement bilingue», Ottawa.
Tricentenaire de Diderot
Denis Diderot a, façon de parler, trois cents ans aujourd’hui.
L’Oreille tendue a beaucoup publié, à une époque, en papier, sur lui. (Exemples ici.)
Dans ce blogue aussi, bien sûr.
Au sujet du sexe de Don Draper et féminin.
Dans un quasi-otoflorilège.
Pour les «idiotismes de métier» des pharmaciens et de Christian Gailly.
S’agissant de langue à soi.
Au moment de la parution de la biographie de l’écrivain par Jacques Attali, ici et là.
Afin d’illustrer des propos sur Steve Jobs et Malcolm Gladwell.
À cause d’une de ses lettres.
Comme exemple de symploque et d’antimétabole.
Sur l’excellence.
Merci à François Bon pour la photo ci-dessus.
[Complément du 31 juillet 2014]
Mais encore ?
Quand il est était question de la popularité du mot mythe.
Pour donner un exemple de zeugme.
Afin de rappeler qu’il est «très important de ne pas prendre de la ciguë pour du persil».
[Complément du 5 octobre 2016]
Du nouveau ?
Sur un mauvais jeu de mots le concernant
Sur le rajeunissement personnel et collectif
Sur l’Eucharistie
Sur Jean-François Rameau, le Neveu
Sur la postérité
Sur la «sodomie théâtrale», puis «fiscale»
[Complément du 31 juillet 2019]
Encore ? Toujours.
Sur les enveloppes
Sur un supposé «effet Diderot»
Sur Emmanuel Macron
Sur le 8 mars
Sur l’antilogie
Sur des lectures approximatives
Sur le mot fongible
Sur Wikipédia
Sur le plagiat
[Complément du 5 octobre 2020]
Ça continue.
Sur sa langue dorée
Sur les classiques aujourd’hui
Sur la fable de la Gaine et du Coutelet
Sur les gestes barrières au XVIIIe siècle
Sur la Religieuse
[Complément du 31 juillet 2023]
Toujours ? Encore !
Sur Emily Dickinson et l’ordre alphabétique
Sur la mode
Sur les Ostrogoths
Sur l’âme québécoise
Sur la méchanceté
Sur Hydro
Ne pas avoir du plomb dans l’aile
Au Québec, pour mesurer l’appétit sexuel et la capacité de le satisfaire, on évoque la mine dans le crayon. Il vaudrait mieux en avoir beaucoup que pas assez.
C’est à cela que renvoyait un titre de la Presse+ le 11 septembre dernier.
La semaine de (dé)câlisse(r)
Un juron québécois (câlisse) et une de ses formes dérivées (décâlisser) sont à l’honneur cette semaine.
C’était mardi à l’hôtel du Parlement du Québec.
C’était ce matin à la Commission (québécoise) d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics, dite Commission Charbonneau.
Et nous ne sommes que jeudi midi.
[Complément du 4 octobre 2013]
Plus tard le même jour.
Au courrier, le recueil de nouvelles de Françoise Major, Dans le noir jamais noir (Montréal, La mèche, 2013, 127 p.). Page 13, on lit, tout en majuscules, «MAN, EST GROSSE, ON DÉCÂLISSE».
Sur le blogue OffQc :
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«Qu’est-ce qu’une trilogie ?
C’est la preuve par quatre que jamais deux sans trois» (p. 47).
L’Oreille tendue n’avait pas caché son enthousiasme à la lecture des deux premiers titres de la trilogie romanesque 1984 d’Éric Plamondon, Hongrie-Hollywood Express (2011) et Mayonnaise (2012). Le troisième, Pomme S, vient de paraître. Son enthousiasme est moins grand. Pourquoi ?
Le mode d’arrangement est le même que dans les deux premiers volumes. Le livre est composé de 113 textes, la plupart brefs, finement unis les uns aux autres par une série de correspondances. La linéarité n’a pas sa place ici, et c’est un choix esthétique qui se tient parfaitement.
Le point de vue narratif est toujours aussi éclaté, entre je et il, le personnage-narrateur de Gabriel Rivages et un narrateur omniscient (ou plusieurs).
Au cœur d’Hongrie-Hollywood Express, il y avait une figure, celle de Johnny Weissmuller, mort en 1984. Dans Mayonnaise, il s’agissait de Richard Brautigan, qui s’est tué la même année. C’est Steve Jobs qui est le pivot de Pomme S, lui qui a mis sur le marché un nouvel ordinateur il y a 29 ans. C’est résumé en un chapitre, le quatorzième, «1984» : «En 1984, Johnny Weissmuller meurt de vieillesse. Richard Brautigan se tire une balle dans la tête et Gabriel Rivages perd sa virginité. C’est aussi l’année où Apple lance le Macintosh» (p. 39).
L’érudition — cinématographique, littéraire, musicale, scientifique, informatique, etc. — ne se dément pas, de même que le sens de la formule — Isaac Newton ? «une pomme, un homme, la lune» (p. 81).
Ce roman si conscient de lui-même est une démonstration, tout à fait convaincante, de la nécessité et du pouvoir des histoires : «Je raconte, donc je suis» (p. 173). Les derniers mots du livre (et donc de la trilogie) sont «Il était une fois…» (p. 233).
Pourquoi, alors, cet intérêt tempéré de la part de l’Oreille ?
Cela tient peut-être à deux des lignes de force du roman et, surtout, à l’insistance du romancier à ne jamais les perdre de vue.
Il y a la question des origines. Celles de Steve Jobs, enfant adopté («La piste des origines est parfois une fausse piste», p. 41). Celles de l’informatique, puis de l’ordinateur personnel, qui rassemblent, dans un beau désordre, Jobs, Steve Wozniak, Ron Wayne, Alan Turing, Norbert Wiener, Ada Lovelace, Fou-hi, Thomas Edison, Joseph Marie Jacquard, Jacques de Vaucanson, Charles Babbage, Doug Engelbart, Vannevar Bush, Pascal, Einstein, d’autres encore. Celles du monde, avec Adam, Ève et une pomme. Et, surtout, celles de la famille nucléaire (lui, elle, leur enfant) : un des narrateurs raconte ses joies de père, de la naissance à la préadolescence de son fils; ces pages, exemptes d’ironie, ne sont pas les plus convaincantes du livre, du moins sur le plan de l’écriture.
La deuxième ligne de force du roman, titre oblige, est la pomme. Comme dans Apple Computer («Apple, Pomme, ça ne pouvait pas être plus simple», p. 79) et son logo. Comme dans la commande de sauvegarde informatique, pomme + s. Comme dans la pomme d’Adam. Comme, on l’a vu, dans le jardin d’Éden. Comme dans la pomme empoisonnée avec laquelle Alan Turing se serait suicidé. Comme dans celle qui serait tombée, ou pas, sur la tête d’Isaac Newton. Comme dans l’œuvre de Magritte. Comme dans le jus de pomme que la mère de Jobs lui fait boire.
Devant cette insistance à faire tenir ensemble les fils du récit, on en vient à se demander si l’écriture, en exposant aussi systématiquement son mode de fonctionnement, n’est pas en train de se retourner contre elle-même. Est-ce pour cela que le mot jubilatoire n’apparaît pas le meilleur pour parler de Pomme S ?
P.-S. — Pourquoi ce titre («11111000000») ? Parce qu’il représente 1984 en binaire (p. 108).
P.-P.-S. — L’Oreille — plus précisément : le pion en elle — est triste. Au Quartanier — au Quartanier ! —, on confond «dispendieux» et «cher» (p. 98), on appelle un quart, au football, un «quart-temps» (p. 102), on parle de «connexion Fire Wire» au lieu de «connexion USB» (p. 106), on met deux «n» à Mona Lisa (p. 131 et p. 152) et on oublie un «ne» (p. 133).
Références
Plamondon, Éric, Hongrie-Hollywood Express. Roman. 1984 — Volume I, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 44, 2011, 164 p.
Plamondon, Éric, Mayonnaise. Roman. 1984 — Volume II, Montréal, Le quartanier, «série QR», 49, 2012, 200 p.
Plamondon, Éric, Pomme S. Roman. 1984 — Volume III, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 63, 2013, 232 p. Ill.