Le monde naturel en… 1972

Jacques Ferron, le Saint-Élias, 1972, couverture

Jacques Ferron, le Saint-Élias. Roman, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Les romanciers du jour», R-85, 1972, 186 p.

«De ce côté-ci des montagnes, on continuait de construire des engins de feu et d’accélérer leur vitesse en brûlant les ressources de la terre, de la même façon qu’on avait ravagé la grande forêt de bois d’œuvre au nord du Saint-Laurent. C’était par cupidité, on ne s’en cachait pas. Maintenant on prétend faire le bonheur de l’humanité alors qu’on devient de plus en plus conscient du contraire, que la cupidité toujours présente, plus répandue, n’engendre que bruits et fureurs. Des fous ont cru naguère être des surhommes. C’est une prétention que l’homme ne peut souffrir. Pourtant ces surhommes ne l’étaient qu’en paroles. Maintenant ils le sont par l’équipement. Ils ruinent le monde, ils vivent à même l’héritage des enfants et savent que le désastre qu’ils préparent de longue main, surviendrait dans quelques années s’ils répandaient leur équipement sur tous les continents. Ils sont devenus surhommes dans les faits, par leur gaspillage qu’ils nomment consommation, et sont autrement plus dangereux que les fous qui ne l’étaient qu’en parole car ils peuvent tenir des propos mensongers. Et tout doucement, à cause d’eux, une grande mutation s’est faite, qui changera toutes les mythologies : la nature, de mère toute puissante qu’elle était, devient la fille de tous les hommes» (p. 182-183).

«1972 : les alertes pour la planète du rapport Meadows», L’INA éclaire l’actu, 9 mai 2022.

«En 1972, un rapport scientifique alimente les discussions sur les plateaux télé, c’est le rapport Meadows.
L’alerte est lancée, la planète est en danger. À l’origine du rapport, le Club de Rome, un groupe de réflexion international réunissant scientifiques, économistes et industriels. À cette époque, la société de consommation explose et la crise pétrolière se dessine. La croissance industrielle et économique inquiète.
Pour les auteurs du rapport, les conclusions sont claires : “Dévorée par sa soif de croissance, l’humanité court à sa perte.”»

Accouplements 268

Balado «Against the Rules», logo

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

L’été dernier, l’Oreille tendue publiait, dans la revue l’Inconvénient, sa «Confession d’un fan» (numéro 97, été 2024, p. 8-10, https://id.erudit.org/iderudit/106165ac).

En 2024-2025, le podcast Against the Rules, de l’excellent Michael Lewis, en est à sa quatrième saison. Les trois premières portaient chacune sur un seul personnage : l’arbitre, l’entraîneur, l’expert. La plus récente ? Le fan.

Le fan qu’est l’Oreille est tout ouïe.

Accouplements 267

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Au moment de mourir, le film de notre vie défilerait devant nos yeux, dit-on. Avec Woody Allen et Paul Quarrington, les choses sont un peu plus compliquées.

Pour le premier, dans son monologue «Down South», on s’est trompé de film.

 

«And suddenly my whole life passed before my eyes. I saw myself as a kid again, in Kansas, going to school, swimming at the swimming hole, and fishing, frying up a mess-o-catfish, going down to the general store, getting a piece of gingham for Emmy-Lou. And I realise it’s not my life. They’re gonna hang me in two minutes, the wrong life is passing before my eyes.»

Pour le second, dans son roman King Leary (1987), le film est trop long.

«Poppa Rivers was standing down the hallway.
He was as ancient a bugger as I’d ever seen. He looked like God Almighty had forgot to punch his time clock.
“Christ,” I muttered.
“He’s old,” said Manfred. He was wont to say that sort of thing.
“Old ? If his life flashed in front of his eyes there’d have to be an intermission”» (p. 135).

Tout bien considéré, peut-être vaut-il mieux ne pas mourir.

 

Référence

Quarrington, Paul, King Leary. A Novel, Toronto, Doubleday Canada, 1987, 232 p.

Accouplements 266

Don DeLillo et Sue Buck, Amazons, 1980 et Benoît Melançon, Bangkok, 2009, collage de couvertures

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

DeLillo, Don et Sue Buck, Amazons. An Intimate Memoir by the First Woman Ever to Play in the National Hockey League, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1980, 390 p. Sous le pseudonyme de Cleo Birdwell. https://archive.org/details/amazonsintimatem00deli/page/n5/mode/2up

«Our driver kept racing down side streets from one traffic jam to another» (p. 227).

Melançon, Benoît, Bangkok. Notes de voyage, Montréal, Del Busso éditeur, coll. «Passeport», 2009, 62 p. Quinze photographies en noir et blanc. https://doi.org/1866/32401

«Les rues de Bangkok sont bondées. Les feux sont interminables. Heureusement qu’il y a les autoroutes. Elles permettent de filer d’un bouchon à l’autre» (p. 16).

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté Amazons le 16 juin 2025.

Accouplements 265

Tweet de France Culture, 17 juillet 2019

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

D’un département d’histoire, de Montréal, sur Bluesky :

«Oui le sexe c’est bien. Mais es-tu déjà tombé-e sur une source soutenant très précisément ta démonstration ?»

D’un historien, de Toronto, sur Mastodon :

«Sure, sex is great, but have you ever tried editing a really great piece of someone else’s writing ?»

Dites, les historiens, tout va bien ?