Accouplements 140

Kevin Lambert, Querelle de Roberval, 2018, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Petite, l’Oreille tendue a séjourné en Wallonie. Entre autres choses, elle en a rapporté une phrase fort utile pour elle (à l’époque) : «Wice qui l’brèsseû passe, li boldjî n’passe nin» (Où le brasseur passe, le boulanger ne passe pas).

Le narrateur de Querelle de Roberval (2018), de Kevin Lambert, ne pense pas autrement : «Judith, Bernard et une couple d’autres se sont aussi pris des bières; une 50, c’est aussi nourrissant qu’une tranche de pain» (p. 49).

 

[Complément du 7 janvier 2021]

Variation bruxelloise : «Une bière, ça vaut trois tartines

 

[Complément du 8 décembre 2022]

Les publicitaires l’ont compris depuis longtemps.

Publicité de bière, journal le Nationaliste, 1916

Source : le Nationaliste, 1916.

 

Référence

Lambert, Kevin, Querelle de Roberval. Fiction syndicale, Montréal, Héliotrope, 2018, 277 p.

Accouplements 139

Maria Candea et Laélia Véron, Le français est à nous !, 2019, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Candea, Maria et Laélia Véron, Le français est à nous ! Petit manuel d’émancipation linguistique, Paris, La Découverte, coll. «Cahiers libres», 2019, 238 p.

«Il est illusoire de vouloir protéger la langue à tout prix : ce n’est pas une espèce menacée qu’on peut mettre dans un zoo, à l’écart, pour la regarder de loin ! La langue ne peut pas être déposée quelque part pour y être protégée; ce n’est pas un objet du monde, ce n’est pas un organisme vivant et ce n’est pas un simple outil» (p. 16).

Belleau, André, «Langue et nationalisme», Liberté, 146 (25, 2), avril 1983, p. 2-9; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 88-92; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 115-123; repris, sous le titre «Langue et nationalisme», dans Francis Gingras (édit.), Miroir du français. Éléments pour une histoire culturelle de la langue française, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Espace littéraire», 2014 (troisième édition), p. 425-429; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 113-121. https://id.erudit.org/iderudit/30467ac

«J’estime […] qu’il faut renoncer au plus vite à l’idéologie nationaliste de la conservation linguistique, qui consiste à pleurnicher : vous savez, il faut comprendre, dans la situation où nous sommes, en Amérique du nord, le français doit être protégé, aidé, entouré de barrières, etc. […] Je me demande qui sont les débiles profonds qui ont convaincu les hommes politiques québécois depuis quinze ans de tenir pareil langage. Pensez-vous que nos enfants vont accepter bien longtemps cette approche muséologique ?… Notre langue vit-elle dans une réserve comme certaines plantes ou certaines espèces animales menacées d’extinction ? Mieux vaut disparaître que vivre ainsi. Mieux vaut changer de langue et vivre en liberté que survivre dans une sorte de “Parc national linguistique”» (éd. de 1983, p. 8).

 

[Complément du 30 mai 2023]

Les linguistes atterré(e)s, Le français va très bien, merci, Paris, Gallimard, coll. «Tracts», 49, 2023, 60 p.

«Une langue ne peut pas et n’a pas à être protégée dans un zoo ou dans un musée» (p. 47).

Accouplements 138

Portrait de Robert B. Parker et de Michael Connelly

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

L’Oreille tendue a passé des centaines d’heures à lire les romans policiers de Robert B. Parker et de Michael Connelly. Pourquoi ? C’est qu’elle aime savoir.

Parker, Robert B., Chasing the Bear. A Young Spenser Novel, New York, Philomel Books. Penguin Young Readers Group, 2009. Édition numérique.

«“Better to know than not know,” Susan said» (chapitre 5).

Connelly, Michael, Dark Sacred Night. A Renée Ballard and Harry Bosch Novel, New York et Boston, New York et Boston, 2019, 473 p. Ill. Édition originale : 2018.

«And it’s better knowing than not knowing, Mike» (p. 357).

Accouplements 137

thirtysomething, distribution

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

De 1987 à 1991, le réseau états-unien ABC a diffusé la série thirtysomething. Dans le 13e épisode de la première saison, «Separation» (26 janvier 1988), le couple Elliot Weston (Timothy Busfield) et Nancy Krieger Weston (Patricia Wettig) éclate. Comment se répartir les livres ? Elliot et Nancy n’arrivant pas à s’entendre, le premier prend un livre, le déchire en deux et en remet la moitié à la seconde.

Lisant Pour cœurs appauvris, le recueil de fictions de Corinne Larochelle (2019), l’Oreille tendue tombe sur cette phrase : «Demain, il jettera ma brosse à dents, ma crème pour le visage. Le livre que je lui ai donné, il le revendra. Puis il textera une fille entrevue dans un bar en lui faisant croire qu’il veut l’aimer» (p. 112).

Détruire, revendre : rompre.

 

Illustration : Wikipédia

 

Référence

Larochelle, Corinne, Pour cœurs appauvris. Fictions, Montréal, Le Cheval d’août, 2019, 126 p.

Accouplements 136

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans le plus récent numéro du magazine Lettres québécoises (174, été 2019, p. 67), Samuel Mercier rend compte, sous le titre «Un vieux con sympathique», d’un recueil d’entretiens de l’historien Denis Vaugeois avec le professeur Stéphane Savard. À certains moments, le critique marque son exaspération : «tous ces éléments nous donneraient parfois envie de mettre un coup de mailloche au vieux siffleux, ou du moins de lui dire de dégager enfin qu’on respire dans cette triste province dont le récit historique ressemble trop souvent à une tablée de la Société Saint-Jean-Baptiste».

Le jour où l’Oreille tendue lisait ce compte rendu, elle voyait tomber ceci dans son fil Twitter :

 

 

La mailloche des uns est le maillet des autres.