Journée mondiale de la poésie

Marc Angenot, l’Œuvre poétique du Savon du Congo, 1992, couverture

L’Oreille tendue découvre que, selon l’Unesco, le 21 mars est la Journée mondiale de la poésie.

Pour la célébrer, voici quatre poèmes journalisticopublicitaires, tirés d’un petit livre de son collègue et néanmoins ami Marc Angenot.

«Ses copieux nénès, qui ne datent pas d’hier,
On les eût ramassés avec une cuiller;
Depuis qu’elle les lave au savon de Vaissier,
Ils sont ronds et polis comme un casque d’acier !» (Gil-Blas, 13 novembre 1889, cité p. 21).

«Femmes qui redoutez l’effet du ballottage
Pour qu’une gorge ferme en marbre de Milo,
Au lieu de s’y mouler, moule votre corsage,
Employez en lotions toniques le Congo» (Gil-Blas, 6 septembre 1889, cité p. 21).

«Elle avait “deux œufs sur le plat…”
C’est maigre, pour une coquette !
Mais depuis que la savonnette
Du Congo sert à sa toilette,
Ils sont en pomme, ses appas !» (le Petit Parisien, 24 juin 1889, cité p. 21-22).

«Que j’en ai vu tomber, hélas ! de ces poitrines !
Avant moi, le corset soutenait ces appas,
Mais la gorge, à présent, a des formes divines,
Et c’est au doux Congo que nous devons cela !» (Gil-Blas, 11 février 1889, cité p. 36).

 

Référence

Angenot, Marc, l’Œuvre poétique du Savon du Congo, Paris, Éditions des cendres, 1992, 75 p. On peut lire les vingt premières pages du livre ici, en PDF.

Accouplements 17

Éric Chevillard, le Désordre azerty, 2014, couverture(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

Le 15 octobre 1759, Diderot écrit à Sophie Volland :

On parla ensuite d’un monsieur de St. Germain qui a cent cinquante à cent soixante ans, et qui se rajeunit quand il se trouve vieux. On disait que si cet homme avait le secret de rajeunir d’une heure, en doublant la dose, il pourrait rajeunir d’un an, de dix, et retourner ainsi dans le ventre de sa mère (éd. Chouillet 1986, p. 170).

En 2014, Éric Chevillard, dans le Désordre azerty :

Le quinquagénaire d’aujourd’hui avait trente ans au XIXe siècle. Le trentenaire de l’époque avait lui-même dix-huit ans et le garçonnet de dix ans n’était pas né encore (p. 79).

La littérature : machine à remonter le temps.

 

[Complément du 30 novembre 2016]

On peut retourner dans le ventre de sa mère ou ne pas naître. On peut aussi sortir du temps, comme dans «Jouvence», court texte que publie Nicolas Guay en 2015.

Cette crème rajeunissante promettait «dix ans de moins en dix minutes». La petite Jessica, cinq ans, trouva le pot dans la pharmacie et reconnut la pommade que sa maman utilisait tous les matins. Vous savez comment sont les enfants, ils aiment bien imiter leurs parents. Ainsi, Jessica se badigeonna généreusement le visage du produit. Moins de dix minutes plus tard, la petite disparaissait. On eut beau la chercher partout, on ne trouva que ses vêtements et le pot vide de crème rajeunissante.

Encore une fois, c’est mathématique.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté le Désordre azerty le 28 mars 2015.

 

Références

Chevillard, Éric, le Désordre azerty, Paris, Éditions de Minuit, 2014, 201 p.

Chouillet, Jacques, Denis Diderot-Sophie Volland. Un dialogue à une voix, Paris, Librairie Honoré Champion, coll. «Unichamp», 14, 1986, 173 p.

Guay, Nicolas, Comme un léger malentendu, Chez l’auteur, 2015. Édition numérique.

Le zeugme du dimanche matin et d’Alexandre Vialatte

Alexandre Vialatte, Un abécédaire, 2014, couverture

«On admet aisément d’être poursuivi par un taureau, par un remords, par une idée fixe, ou par une jeune fille à marier, on n’admet pas d’être poursuivi par la cuscute, la bistorte ou le cresson des prés.»

Alexandre Vialatte, Un abécédaire, Paris, Julliard, 2014, 266 p., p. 91-92. Choix des textes et illustrations par Alain Allemand.

 

[Complément du 16 février 2015]

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte de Vialatte le 16 février 2015.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Bref hommage à Mordecai Richler

Couverture de Home Sweet Home. My Canadian Album (1984)

Le maire de Montréal, Denis Coderre, devrait rendre hommage à l’écrivain anglo-montréalais Mordecai Richler aujourd’hui. (Il était temps que Montréal le fasse correctement.)

L’Oreille tendue est une fan de Richler.

Dans les Cahiers Voltaire (numéro 6, 2007, p. 243-244), elle a consacré un court texte à son roman Barney’s Version et aux Lumières. On peut le lire, en pdf, .

Ici même, elle a parlé de l’écrivain en quelques occasions, à propos de sa passion pour le hockey, car il a écrit, notamment, sur Maurice Richard, Gordie Howe, Jean Béliveau, Gump Worsley et Guy Lafleur.

Par où commencer la lecture de Richler ? L’Oreille confesse un faible pour Barney’s Version (1997), Solomon Gursky Was Here (1989) et Joshua Then and Now (1980).