Néologisme du mois

Portrait de Bernardin de Saint-Pierre

Bernardin de Saint-Pierre, 22 avril 1775 : «Petite pluie fine par grumeaux très féconde. Quand on voir tomber ces pluies, on dit qu’il avrile» (éd. de 2015, p. 140).

 

[Complément du jour]

Grâce à @machinaecrire et au Centre national de ressources textuelles et lexicales, l’Oreille tendue découvre l’existence du blé avrillé / avriller / avriller, «semé en avril».

 

Référence

Bernardin de Saint-Pierre, Voyage en Normandie. 1775, Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. «Lumières normandes», 2015, 231 p. Ill. Texte établi, présenté et annoté par Gérard Pouchain.

Autopromotion 355

Vue de la bibliothèque du Panthéon, gravureLa 342e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 39 681 titres.

Illustration : Pierre Claude Delagardette, «Vue de la bibliothèque du Panthéon dans la ci-devant Abbaye de Ste. Geneviève», à Paris, chez Basset, gravure, Rijksmuseum, Amsterdam

Trente-cinquième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Antilogie

Définition

«Contradiction d’idées, dans un discours, un écrit» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Exemples

«Il est certain que je ne pouvais tomber dans de meilleures, ni de plus mauvaises mains» (John Cleland, Fanny Hill, éd. de 1993, p. 69).

«Voilà comment votre Majesté, par un secret qui lui apartient exclusivement, fait toujours le bien qu’elle fait et celui qu’elle ne fait pas» (lettre de Grimm à Catherine II, [1784], Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, p. 47-48).

«Oh ! je m’y tiendrai absolument, ou je ne pourrai» (La Popelinière, Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, éd. de 1996, p. 180).

«Eh ! nous ne différons que du oui et du non, ce n’est qu’une bagatelle» (Marivaux, la Double Inconstance, acte I, scène VIII, éd. de 1989, p. 271).

 

Références

Cleland, John, Fanny Hill. La fille de joie. Récit quintessencié de l’anglais par Fougeret de Montbron, France, Belgique et Suisse, Actes Sud, Labor et l’AIRE, coll. «Babel», 61, 1993, 122 p. Lecture d’Elsa Grasso et Guillaume Badoual. Édition de 1751.

Karp, Sergueï et Sergueï Iskul, avec la collaboration de Georges Dulac et de Nadejda Plavinskaya, «Les lettres inédites de Grimm à Catherine II», Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 10, avril 1991, p. 41-55. http://www.persee.fr/doc/rde_0769-0886_1991_num_10_1_1099

La Popelinière, Alexandre Joseph de, Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 2794, série «Domaine français», 1996, 285 p. Préface de Roger Vailland. Postfaces de Pierre Josserand et Jacques Haumont. Édition originale : vers 1750.

Marivaux, la Double Inconstance, dans Théâtre complet. Tome premier, Paris, Bordas, coll. «Classiques Garnier», 1989, p. 237-315 et p. 1053-1059. Texte établi, avec introduction, chronologie, commentaire, index et glossaire par Frédéric Deloffre. Nouvelle édition, revue et mise à jour avec la collaboration de Françoise Rubellin. Édition originale : 1723.

Le zeugme du dimanche matin et d’Arturo Pérez-Reverte

Arturo Pérez-Reverte, Deux hommes de bien, 2017, couverture

«La poitrine est prise par un érésipèle, diagnostique le médecin après avoir tâté le pouls du malade et examiné sa gorge avec le manche d’une cuillère et une brusquerie telle qu’il manque de le faire vomir.»

Arturo Pérez-Reverte, Deux hommes de bien. Roman, traduction de Gabriel Iaculli, Paris, Seuil, 2017, 501 p., p. 295. Édition originale : 2015.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Lumières sur le losange

Nouveau projet, 13, 2018, couverture

L’Oreille tendue aime le baseball et le Siècle des lumières. Dès lors, l’article «Comment rester romantique à propos du baseball», que publie Pierre-Yves Néron dans le plus récent numéro de la revue Nouveau projet, était fait pour lui plaire.

Extrait (il est question de la sabermétrie, soit l’utilisation des statistiques dites «avancées» dans le monde du sport) :

Et elle avait de quoi séduire les amateurs de plusieurs sports, cette idée, étant donné la qualité des débats et des conversations dont ils étaient et sont encore l’objet. C’est d’ailleurs l’un des grands paradoxes du sport contemporain. D’un côté, il passionne les foules. De l’autre, on lui réserve peut-être la pire forme de journalisme qui existe. Si le sport tient une place aussi importante dans la vie de millions de gens, il est traité avec une étonnante négligence discursive.

Dans un tel contexte, le partisan des «stats avancées» ressemble à un penseur des Lumières. Il a les allures de ceux qui nous donnent nos premiers frissons intellectuels, ceux qui luttent désespérément contre l’obscurantisme. On dirait Voltaire nous invitant à combattre le règne du préjugé qui caractérise l’ère du joueurnaliste. Défendre l’importance des chiffres dans le sport, c’est comme imaginer Kant crier son «Ose penser !» sur le plateau d’une émission comme L’antichambre (p. 146).

Voltaire et Rodger Brulotte ? Merci.

 

Référence

Néron, Pierre-Yves, «Comment rester romantique à propos du baseball», Nouveau projet, 13, printemps-été 2018, p. 144-147.