Pour la 247e livraison de la bibliographie du XVIIIe siècle de l’Oreille tendue, parue aujourd’hui, c’est là.
Ébullition de testostérone
Dans un match de hockey, il arrive que les joueurs se battent. (C’est stupide, mais c’est comme ça.)
Comment dire ce qui se passe alors ? Quand il y a de vrais coups, on parle de bagarre, d’échauffourée ou de bataille. Quand on ne fait que se colletailler, il y a escarmouche. Il s’agit, dans les deux cas, de brasse-camarade.
D’où cela vient-il ? C’est qu’un joueur a cherché noise à un autre, qu’ils ont eu maille à partir.
Le hockey est un sport jeune, avec un vieux vocabulaire.
P.-S. — Les belligérants (toujours au pluriel) peuvent être désignés de plusieurs façons; voir ici.
P.-P.-S. — Oui, c’est de la langue de puck.
[Complément du 8 juin 2022]
Quand les joueurs s’invitent à danser ou à valser, on emploie aussi bousculade et rififi.
Référence
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.
Les Rangers en chansons
A-t-on chanté les Rangers de New York — c’est du hockey ? (On a beaucoup chanté les Canadiens de Montréal.)
Un de leurs entraîneurs, Michel «Le Tigre» Bergeron, a été moqué par Les Mecs comiques dans «Le hockey est malade» (2001), mais pour son rôle du temps où il était avec les Nordiques de Québec : «Ben j’ai des p’tits frissons quand j’pense au jackstrap de Dale Hunter.»
En français, seul le duo des Jérolas a évoqué les Blue Shirts un peu longuement. Dans «La chanson du hockey» (1960), celui qui parle essaie de prédire le classement de la fin de la saison :
Et voici mes prédictions pour l’année qui va passer
Les Canadiens encore champions
Pis les Rangers en dernier
En 2e j’vois Chicago
En 3e le Toronto
Boston viendra se classer
Pis le Détroit avant-dernier
Si à la fin d’la saison vous voyez qu’j’me suis trompé
Pardonnez-moé comme de raison
J’aurai toujours asseyé
Je n’suis pas un connaisseur
Mais un vrai bon enragé
De notre sport national
Qu’est le beau jeu du hockey
Pourquoi ? C’est à cause du cerbère des New-Yorkais.
Du nouveau chez les Ranger
McCartan c’est le goaler
Qui est allé aux Olympiques
Pis i a ben faitte ça en bibitte
Mais i va s’apercevoir qu’la Nationale c’est différent
La puck i a pas l’temps d’la voir
I a beau chercher est rentrée d’dans
D’après moi les bons Ranger viennent de faire une grosse erreur
Et i vont changer d’idée
I vont rembarquer Worsley
C’est lui c’est un vrai goaler
Le bonhomme qui a du cœur
Des comme lui i en a pas un
Ce petit gars de Verdun
Plus brièvement, dans «Mettre du tape su’ ma palette» (2010), Bob Bissonnette parle d’un joueur qui a longtemps joué avec les Rangers, Jean Ratelle, avant de terminer sa carrière avec les Bruins de Boston. (Quand elle grandissait, l’Oreille tendue a entendu des masses de gens déplorer que Ratelle n’ait jamais gagné la coupe Stanley.)
En anglais, on a évoqué Frank Boucher et Bill Cook (Eugene Platzman, «Hockey», 1929), puis encore une fois — ô mystère ! — le gardien Lorne «Gump» Worsley (The Weakerthans, «Elegy for Gump Worsley», 2007).
He swore he was never afraid of the puck
We believe him
If anyone asks
The inscription should read
«My face was my mask»
C’est peu, mais c’est ainsi.
P.-S. — Merci à @DanielleJazzar pour l’illustration.
Le zeugme du dimanche matin et de Lola Lafon
«Nadia [Comaneci] a treize ans, l’air d’en avoir dix, et bientôt tout ça ne l’intéressera plus, mais au moins, affirme son père, les exercices lui renforcent le dos et le caractère.»
Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais. Roman, Arles, Actes Sud, coll. «Domaine français», 2014, 317 p., p. 58.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Citation gastronomique du samedi matin
«Il est donc très important de ne pas prendre de la ciguë pour du persil, mais nullement de croire ou de ne pas croire en Dieu […]» (Diderot, lettre à Voltaire, [11 juin 1749], éd. Roth-Varloot, vol. I, p. 78).
Denis Diderot, Correspondance, Paris, Éditions de Minuit, 1955-1970, 16 vol. Éditée par Georges Roth, puis par Jean Varloot.