Accouplements 246

Pierre Lapointe, Déjouer l’ennui, 2019, pochette

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Ducharme, Réjean, l’Avalée des avalés. Roman, Paris, Gallimard, 1966, 281 p.

Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe (p. 7).

Lapointe, Pierre, «Pour déjouer l’ennui», Pour déjouer l’ennui, 2019.

Comme tu vois, je n’sais pas c’que j’dois faire
Toute mes larmes, tous mes doutes, dois-je les taire ?
Tout m’avale, tout fait mal, tout m’atterre
Comme un con, oui j’avoue que j’espère

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

tout me transperce
m’habite
m’avale (p. 25)

Espoirs de saison

Almanach du peuple 86, couverture

La saison de la Ligue nationale de hockey vient de commencer. Les amateurs prient pour que leur équipe triomphe. C’était déjà vrai en 1986 (et bien avant), s’agissant des Canadiens de Montréal.

«La profession de foi
de la sainte famille»

Je crois en un seul club
Le Canadien tout-puissant
Créateur du hockey professionnel
Et en Jacques Lemaire son entraîneur
Qui a été conçu pour la victoire
Est né pour gagner
A souffert sous Scotty Bowman
Il s’est retiré, a appris son métier d’entraîneur
Il est descendu au vestiaire
Le troisième jour est monté dans le feu de l’action
Il est assis à la droite de Serge Savard
D’où il viendra juger les bons et les mauvais (Nordiques)
Je crois en Ronald Corey
À la sainte flanelle
À la communion des joueurs
À la rémission des erreurs
À la réussite du Canadien
Et à la coupe Stanley
Amen !

(Le Point, Montréal-Nord, reproduit dans Almanach du peuple 86, 117e année, p. 799)

P.-S.—Le hockey comme religion ? Certes.

Le zeugme du dimanche matin et de Nicolas Langelier

Nouveau projet, 27, 2024, couverture

«Je pense aux immenses feux de forêt qui ont fait rage l’été dernier, à la façon dont la fumée a transformé le soleil en orange sanguine et s’est infiltrée dans nos vêtements, nos cheveux, nos projets d’avenir.»

Nicolas Langelier, «Intro. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme», Nouveau projet, 27, automne 2024, p. 20-26, p. 26.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Déficits à craindre

Requiem pour un beau sans-cœur, film de Robert Morin, 1992, affiche

Sans-cœur : avec ou sans trait d’union, substantif ou qualificatif.

Qui est sans-cœur peut manquer de compassion : «“Ça prend une méchante gang de sans cœur pour être capables de punir des gens, de faire mal à des gens comme ça qui autrement auraient le droit d’avoir accès au dentiste”, a dénoncé M. Boulerice en point de presse mercredi» (la Presse+, 9 octobre 2024).

On peut aussi manquer de volonté : «je suis trop sans-cœur» (Tiroir no 24, p. 120).

Ne soyez ni l’un ni l’autre.

P.-S.—Vous avez l’œil. Nous avons en effet déjà croisé un sans-cœur chez Gérald Godin (ici).

P.-P.-S.—On trouve d’autres exemples dans Usito.

 

Référence

Delisle, Michael, Tiroir no 24, Montréal, Boréal, 2010, 126 p.