Fiat lux

Murale représentant Leonard Cohen, Montréal

La phrase de Leonard Cohen est célèbre : «There is a crack, a crack in everything / That’s how the light gets in.» Elle se trouve dans la chanson «Anthem» de l’album The Future (1992).

En France, on traduit parfois crack par fissure : «Il y a une fissure dans toute chose; c’est ainsi qu’entre la lumière.»

Au Québec, on voit (fréquemment) craque ou (à l’occasion) brèche.

Charlotte Aubin, dans son recueil Toute ou pantoute (2024), offre un autre son de cloche :

je le sais
je vois la lumière
réussir à s’infiltrer malgré moi
à travers les trous (p. 38)

C’est comme ça.

 

Référence

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

Entendre Maurice Richard (lire)

Poste de radio Marconi représentant Maurice Richard

L’Oreille tendue s’intéresse depuis de nombreuses années aux représentations de Maurice Richard (1921-2000), l’ancien ailier droit des Canadiens de Montréal (voir ici) — c’est du hockey. Elle a eu souvent l’occasion d’entendre des entretiens qu’il a donnés, la plupart brefs.

Celui de 1950, accordé à Michel Normandin pour la radio de Radio-Canada, est plus long que les autres.

Sur le plan linguistique, cet entretien ne manque pas d’intérêt. On y emploie le passé simple. On y soigne son vocabulaire («toutefois»). On se méfie des mots anglais (une seule occurrence : «back-checking»). Toutes les négations sont accompagnées par «ne». Les liaisons sont appuyées («deux mois zà peine»). Et que dire des splendides «r» de Normandin !

Sur le plan médiatique, une chose frappe immédiatement : l’animateur et son invité lisent un texte, le second avec quelques hésitations.

Les temps ont un brin changé.

 

Référence

1936-1986. Voici Radio-Canada. Les meilleurs moments à l’antenne de notre radio nationale, Montréal, Société Radio-Canada, en collaboration avec Air Canada, 1986, série de cassettes accompagnée d’un livret. Préfaces de Robert Blondin et de Jean Blais. L’extrait ci-dessus, présenté par Robert Blondin, se trouve sur la cinquième cassette, 1948-1951, face A.

Accouplements 246

Pierre Lapointe, Déjouer l’ennui, 2019, pochette

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Ducharme, Réjean, l’Avalée des avalés. Roman, Paris, Gallimard, 1966, 281 p.

Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe (p. 7).

Lapointe, Pierre, «Pour déjouer l’ennui», Pour déjouer l’ennui, 2019.

Comme tu vois, je n’sais pas c’que j’dois faire
Toute mes larmes, tous mes doutes, dois-je les taire ?
Tout m’avale, tout fait mal, tout m’atterre
Comme un con, oui j’avoue que j’espère

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

tout me transperce
m’habite
m’avale (p. 25)

Espoirs de saison

Almanach du peuple 86, couverture

La saison de la Ligue nationale de hockey vient de commencer. Les amateurs prient pour que leur équipe triomphe. C’était déjà vrai en 1986 (et bien avant), s’agissant des Canadiens de Montréal.

«La profession de foi
de la sainte famille»

Je crois en un seul club
Le Canadien tout-puissant
Créateur du hockey professionnel
Et en Jacques Lemaire son entraîneur
Qui a été conçu pour la victoire
Est né pour gagner
A souffert sous Scotty Bowman
Il s’est retiré, a appris son métier d’entraîneur
Il est descendu au vestiaire
Le troisième jour est monté dans le feu de l’action
Il est assis à la droite de Serge Savard
D’où il viendra juger les bons et les mauvais (Nordiques)
Je crois en Ronald Corey
À la sainte flanelle
À la communion des joueurs
À la rémission des erreurs
À la réussite du Canadien
Et à la coupe Stanley
Amen !

(Le Point, Montréal-Nord, reproduit dans Almanach du peuple 86, 117e année, p. 799)

P.-S.—Le hockey comme religion ? Certes.

Le zeugme du dimanche matin et de Nicolas Langelier

Nouveau projet, 27, 2024, couverture

«Je pense aux immenses feux de forêt qui ont fait rage l’été dernier, à la façon dont la fumée a transformé le soleil en orange sanguine et s’est infiltrée dans nos vêtements, nos cheveux, nos projets d’avenir.»

Nicolas Langelier, «Intro. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme», Nouveau projet, 27, automne 2024, p. 20-26, p. 26.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)