La capitale des capitales ?

Québec — qui aime de moins en moins qu’on l’appelle comme ça — est souvent désignée par l’expression la Vieille Capitale.

Ce n’est pas tout. Il lui arrive de se dire «capitale mondiale de la planche à neige» (le Devoir, 16 mars 2007, p. B1), «capitale de Noël» (le Devoir, 16 décembre 2009, p. A1), «capitale littéraire favorisant la création en émergence» (programme Première ovation), «capitale de la joie de vivre» (publicité de la bière la Quatre-centième), «capitale des lettres et de l’édition» (Lettres québécoises, numéro 137, printemps 2010, p. 14) ou capitale gastronomique, selon le titre du livre d’Anne L. Desjardins (Montréal, Éditions La Presse, 2008).

Le quotidien la Presse, en première page de son édition d’hier, posait une question plus fâcheuse pour les Québecquois : «Québec, capitale de la droite ? Non, affirment les résidants de la Vieille Capitale.»

Qui croire ?

Saveurs d’arômes

L’Oreille tendue a déjà relevé combien l’expression à saveur était populaire au Québec.

Trois rappels, à saveur sportive :

«Une équipe canadienne à saveur québécoise au Super Bowl junior» (la Presse, 22 janvier 2004, p. S9);

«Une victoire à saveur québécoise» (la Presse, 13 février 2004, p. S3);

«Une rencontre à saveur d’entraînement» (la Presse, 8 juin 2007, cahier Sports, p. 11).

Il ne faut cependant pas l’oublier : qui dit saveur dit aussi arôme.

Exemple, avec arôme musical :

Ce qui distingue Mille Monarques des autres groupes qui émergent sur la scène montréalaise est sans aucun doute l’usage qu’ils font de la langue française. Au-delà du cliché des paroles poétiques, Mille Monarques nous offre des textes aux arômes naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques. Ils explorent les éléments que sont la terre, l’eau, l’air et le feu, usent de métaphores animales et organiques fulgurantes, visitant la noirceur pour mieux chercher la lumière, créant ainsi des «chansons tatouages» qui s’incrustent dans la chair.

Une fois constatée la richesse des arômes du groupe Mille Monarques, tous au pluriel — «naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques» —, on pourra légitimement se demander si les «chansons tatouages» sont des «chansons poison».

Non-résolution du lendemain du jour de l’an

En lisant Bit Literacy de Mark Hurst,  l’Oreille tendue tombe sur une manifestation de plus de l’esprit d’entreprise.

Constatant que le logiciel Google Earth vise à montrer tous les lieux du globe, certains petits malins ont décidé d’en profiter à des fins publicitaires :

GPS data isn’t the only trail of bits that people will generate in the physical world. Satellite cameras are getting more and more accurate, and any moment you walk outside, you (or your car) could be photographed for the next update of Google Earth.

(Knowing this, some companies and activists have cleverly painted enormous logos and slogans on roofs and other flat expanses visible to satellites.)

Il s’agit donc de se servir des ressources des satellites pour se faire connaître, par exemple en faisant de son toit une surface d’écriture, surface dont les satellites utilisés par Google feront une photographie, photographie qui se retrouvera dans les bases de données de Google, bases de données que consultent des millions de personnes.

Si  l’Oreille prenait des résolutions — ce qu’elle ne fait jamais —, il pourrait y avoir celle-ci : mieux publiciser l’Oreille tendue. Voici ce qu’on verrait alors du ciel.

Toit de la maison de l’Oreille tendue, vu des airs

L’Oreille se retient.

 

Référence

Hurst, Mark, Bit Literacy. Productivity in the Age of Information and E-Mail Overload, New York, Good Experience Press, 2007. Postface de Phil Terry. Édition numérique.