La 660e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.
La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 77 100 titres.
À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
DeLillo, Don et Sue Buck, Amazons. An Intimate Memoir by the First Woman Ever to Play in the National Hockey League, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1980, 390 p. Sous le pseudonyme de Cleo Birdwell. https://archive.org/details/amazonsintimatem00deli/page/n5/mode/2up
«Our driver kept racing down side streets from one traffic jam to another» (p. 227).
Melançon, Benoît, Bangkok. Notes de voyage, Montréal, Del Busso éditeur, coll. «Passeport», 2009, 62 p. Quinze photographies en noir et blanc. https://doi.org/1866/32401
«Les rues de Bangkok sont bondées. Les feux sont interminables. Heureusement qu’il y a les autoroutes. Elles permettent de filer d’un bouchon à l’autre» (p. 16).
En l’espace d’une semaine, la Victoire de Montréal, après avoir dominé la saison régulière de la LPHF, se faisait de nouveau sortir en demi-finale de la coupe Walter — à ne pas confondre avec la coupe Longueuil — tandis que la troupe composite qui représentait les arpents de neige de Charles III au Mondial de hockey masculin se faisait montrer la porte en quart de finale par le minuscule Danemark.
Au début du vingt-troisième chapitre de Candide, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»
Lire Saved (2007), de Jack Falla, pour ses qualités romanesques serait une erreur : c’est surcousu de fil blanc.
En revanche, il y a nombre de phrases parfaitement justes sur le monde du hockey, dans la bouche d’un narrateur gardien de but. Ci-dessous, un florilège (incomplet).
«Every shot is a snowflake. No two are alike» (p. 62).
«The first rule of life, love, and hockey is the same rule — you’ve got to play hurt» (p. 27).
«Goalies don’t see goals. We hear them» (p. 75).
«We’re [les gardiens] united in a brotherhood of apartness and fear» (p. 86).
«The family metaphor in pro sports is ridiculous. Family members don’t get cut, traded, waived, benched, or sent to the minors» (p. 93).
«The shelf life on loyalty to a goaltender is about twenty minutes or three goals, whichever comes first» (p. 129).
«In most businesses people get better as they age. But not in pro sports» (p. 171).
«In this game friendship lasts, allegiance doesn’t» (p. 206).
«A goalie coach is a head coach» (p. 243).
Référence
Falla, Jack, Saved. A Novel, New York, Thomas Dunne Books, St. Martin’s Press, 2007, ix/276 p.
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
[Bruits de patin, de rondelle et de bâton sur la glace et sur la bande. Musique d’orgue]
Icitte au Québec y fait pas froid y fait frette
C’est d’même parce que c’est d’même
Pis c’est ben correct on d’la place en masse
Pis nos face-à-face on les fait sur la glace
Alors on lace nos patins pis nos casques
C’est comme Maurice on glisse
Dans l’arène avec la haine
De la défaite et le feu dans les yeux
En fait quand on veut on peut
Gagner
Gagner
Gagner
Gagner
En des temps si lointains qu’les francos s’app’laient Canadiens
À une époque où les pucks étaient faites de crottin
On a réuni des hommes dont le destin commun
Est comme un film sans fin
En technicolor et tricolore
Bleu comme le Saint-Laurent
Blanc comme l’hiver
Rouge comme le sang qui nous coule à travers
Le corps de l’équipe c’est le cœur de la nation
À chaque année faut clore avec une célébration
Y l’diront jamais tel quel aux nouvelles
Mais le tissu social de Montréal
C’est de la sainte flanelle
Quand y est question de hockey
Nous on fait pas dans la dentelle
Ok c’est plus qu’un sport
C’t’une métaphore de not’sort
C’est ça qui nous ressemble
C’est ça qui nous rassemble
Anglo franco peu importe ta couleur de peau
Si tu détestes Toronto le sang qui bouge dans tes artères
Est aussi rouge mon frère que les chandails de nos vingt cœurs
De vainqueurs qui luttent avec honneur
Les Canadiens pour une fois rallient tous les Québécois
Vingt cœurs de vainqueurs pour le pire et le meilleur
Les Canadiens d’Montréal
Notre équipe nationale
Un plan de match qu’on respecte à la lettre
Un gardien alerte
Des bonnes mises en échec
Des passes drette sur la palette
Pis des lancers précis et secs
C’est comme ça
Qu’on va gagner nos épaulettes
Mais quand ça va mal
Quand on cale ou on dévire
Qu’j’voye pas un sale quitter le pont du navire
C’pas à matin non qu’on accroche nos patins
Un Flying Frenchman
Franchement ça franchit sans flancher
Allez-y les Habitants quand vous la mettez d’dans
Y a un p’tit peu de nous autres là-d’dans
On est debout avec vous on ira jusqu’au bout
Durant la saison c’est toute la nation
Qui vibre au même diapason
Comme quand les gens criaient «Guy Guy Guy»
C’tait en dépit du combat constant de la vie
Ça leur donnait des forces
Y pouvaient bomber l’torse
Voilà l’amorce d’un ralliement réussi
On peut gagner
On veut plus que participer nous on veut gagner
À soir on fonce sur la patinoire pour gagner
Si on s’défonce pour la victoire on va gagner
On va gagner
[Bruits de foule]
Enfin on fait les séries
Finies les folies
Là c’est baston et rififi
Boston Philadelphie
Avec les fantômes du Forum
On n’a pas peur de personne
Chaque homme donne le maximum
Pour que cette année soit la bonne
Au printemps la fièvre est universelle
Pis y a juste une place où la glace y faut pas qu’à dégèle
Ici le sang c’est de la sève qui monte jusqu’à nos lèvres
Le cri se change en un chant de ralliement qui s’élève
Nos chevaliers sont en cavale pour ramener le Graal
À Montréal le tournoi est un chemin de croix
Parsemé d’émois mais la coupe on y croit
Comme autrefois on a la foi
Pis si c’est pas c’t’année
Ben comme dirait René «À la prochaine fois»
Québécois
On va gagner on veut plus que participer
Nous on veut gagner
À soir on fonce sur la patinoire
Pour gagner
Si on s’défonce pour la victoire on va gagner
On va gagner
Allez allez allez allez Montréal
Allez allez Montréal
Du sang neuf depuis 1909
Avec Jack Laviolette
Lach, Pitre et Pit Lépine
En passant par Newsy Lalonde et Joe Malone
Aurèle et Morenz, Hainsworth, Plante, Gump et le Concombre
Pocket Boum Rocket Boum, Cournoyer, Coco, Carbo, Casseau, Naslund
Oublie pas les anglos yo
Toe, Dickie, Doug et Scotty
Shutt, Larry, Ken et Bobby
L’arrêt de Roy, rebond
Butch Bouchard à Savard vers Béliveau
Qui esquive un joueur
Passe à Lafleur, Lafleur accélère, remet au Rocket Richard
Deux hommes sur le dos rien de trop gros
[Commentateur]
C’est le but !
On a gagné
On a gagné
Allez Montréal
On veut gagner
On peut gagner
On va gagner
Ho Habs go
Allez allez allez allez Montréal
Allez allez allez allez Montréal
Allez allez allez allez Montréal
On veut gagner
On peut gagner
On va gagner
Allez allez allez allez Montréal
Allez allez allez allez Montréal
Allez allez allez allez Montréal
Gagner
Gagner
Gagner
P.-S.—Pour Brendan Kelly, cette chanson est «un merveilleux hymne engagé» (p. 65). Il lui consacre un chapitre de son livre Le CH et son peuple, «Le CH et Le but» (2024, p. 149-155).