Du fligne et du flagne

«“Fling-flang” syndical», le Journal de Montréal, 28 janvier 2014, titre d’article

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du jour : «L’UPAC a (re)lancé l’enquête policière sur tous les fling flangs dans la saga de SAAQclic, enquête où des employés de la SAAQ pourraient être accusés au criminel.»

Fling flang ? Dans le français populaire du Québec, le mot existe en plusieurs graphies : fling flang, fling-flang, fligne-flagne. Il évoque une forme de malversation.

Le 6 juin 2012, dans sa rubrique «Mots et maux» du Devoir, Antoine Robitaille faisait de fligne-flagne son «Mot du jour», alors qu’il venait d’être utilisé (et critiqué) à l’Assemblée nationale du Québec. Sa définition de ce «formidable mot» ? «Procédé malhonnête.»

À votre service.

P.-S.—Dans l’exemple tiré de la Presse+, on peut s’interroger sur le pluriel : un seul fling, plusieurs flangs ?

P.-P.-S.—Avec son imagination habituelle, Léandre Bergeron, en 1981, sous «fligne-fagne», donnait deux synonymes : «Flasage. Fla-fla» (p. 101).

 

Référence

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.

Autopromotion 848

«Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche X

La 669e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 78 000 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche X

Vaut mieux l’avoir que pas

«Les Jays ont encore le numéro des Yankees», RDS, 21 juillet 2025

En français populaire du Québec, vraisemblablement sous l’influence de l’anglais, quand une équipe sportive (A) domine régulièrement un adversaire en particulier (B), on dit : «A a le numéro de B.»

Il n’est pas sûr que la chose s’explique, mais elle se vérifie.

À votre service.

P.-S.—Il est d’autres choses qu’il vaut mieux avoir que pas : ceci, par exemple.

Les sports de Jacques Poulin

Collage de trois couvertures de livres de Jacques Poulin

Le romancier québécois Jacques Poulin a souvent parlé de sport : de course automobile (Jimmy, 1969; Faites de beaux rêves, 1974), de tennis (les Grandes Marées, 1978; le Vieux Chagrin, 1989), de baseball (Chat sauvage, 1998).

Le hockey apparaît principalement dans quatre de ses œuvres. Plusieurs pages du Cœur de la baleine bleue (1970) sont consacrées à une comparaison entre Maurice Richard et Gordie Howe : «Richard était plus spectaculaire. Gordie Howe est plus complet. Les deux plus grands joueurs au monde» (p. 91). Dans L’anglais n’est pas une langue magique (2009), le narrateur, Francis, s’identifie au frère du Rocket, Henri Richard. Le Francis de l’Homme de la Saskatchewan (2011) est engagé pour écrire l’autobiographie d’un jeune gardien de but métis, Isidore Dumont. Le septième chapitre de Chat sauvage (1998) s’intitule «La soirée du hockey».

Dans un entretien accordé à Alain Beaulieu en 2003, Poulin, après et avec Ernest Hemingway, compare la dimension physique de son travail d’écriture à la boxe.

Jacques Poulin vient de mourir à 87 ans.

P.-S.—L’Oreille tendue le confesse : elle n’a pas lu tous les romans de Jacques Poulin. L’énumération ci-dessus risque donc d’être incomplète.

P.-P.-S.—Georges Desmeules (1999) et Maude Mainguy (2010) ont écrit sur le sport chez Poulin.

 

Références

Desmeules, Georges, «Le tennis au service de Jacques Poulin», Québec français, 114, été 1999, p. 80-82. https://id.erudit.org/iderudit/56194ac

Mainguy, Maude, «Le sport dans l’œuvre de Jacques Poulin», Québec français, 157, printemps 2010, p. 34-35. https://id.erudit.org/iderudit/61505ac

Poulin, Jacques, Jimmy, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Romanciers du jour», R-30, 1969, 158 p.

Poulin, Jacques, le Cœur de la baleine bleue. Roman, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Les romanciers du jour», R-66, 1970, 200 p.

Poulin, Jacques, Faites de beaux rêves, Montréal, L’Actuelle, 1974, 163 p.

Poulin, Jacques, les Grandes Marées, Montréal, Leméac, coll. «Roman québécois», 24, 1978, 200 p.

Poulin, Jacques, le Vieux Chagrin, Montréal et Arles, Leméac et Actes Sud, 1989, 155 p.

Poulin, Jacques, Chat sauvage. Roman, Montréal et Arles, Leméac et Actes Sud, 1998, 188 p.

Poulin, Jacques, L’anglais n’est pas une langue magique. Roman, Montréal, Leméac/Actes Sud, 2009, 155 p.

Poulin, Jacques, l’Homme de la Saskatchewan. Roman, Montréal et Arles, Leméac et Actes Sud, 2011, 120 p. Ill.

Heureux hasard

Jean-Honoré Fragonard, les Hasards heureux de l’escarpolette, années 1760

Soit les phrases suivantes, tirées de la Presse+ du 28 juillet 2025 : «En fait, il n’y avait peut-être qu’une seule personne à ne pas penser au fait que c’était peut-être le dernier match de sa carrière. / Drôle d’adon, c’était [Eugénie] Bouchard elle-même.»

«Adon» ? Le dictionnaire numérique Usito donne, de ce mot («Québec, familier»), la définition suivante : «Circonstance heureuse; hasard, coïncidence.»

Le «drôle d’adon» est donc, en quelque répétitive sorte, une coïncidence heureuse : «Ça tombait vraiment bien.»

À votre service (sans lien avec le tennis).