Autopromotion 198

L’autre jour, l’Oreille tendue a livré ses réflexions sur le français des chefs politiques fédéraux au journaliste Andy Riga du quotidien montréalais The Gazette. C’est ici.

 

[Complément du jour]

Les notes de chacun des candidats ont été distribuées par Guy Lachapelle, pas par l’Oreille.

 

[Complément du 28 septembre 2015]

L’article paru dans The Gazette a été commenté par Maxime Coutié à l’émission Gravel le matin le 24 septembre. Ça se (ré)écoute ici.

La clinique des phrases (e)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

La langue de la littérature, de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision sont inventées (p. 35).

Ça ne va évidemment pas. Qu’est-ce que c’est que ce verbe au pluriel («sont inventées») avec un sujet au singulier («La langue») ?

Premier traitement : «La langue de la littérature, de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision est inventée.» Le problème d’accord est réglé, mais cela trahit le sens : il n’y a pas une seule langue pour toutes ces formes artistiques.

Deuxième traitement : «Les langues de la littérature, de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision sont inventées.» Le problème d’accord est réglé, mais le sens est un peu flou : y a-t-il plusieurs langues pour chacune des formes artistiques ?

Troisième traitement : «La langue de la littérature, comme celles de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision sont inventées.» Le problème d’accord est réglé, mais, stylistiquement, ça se discute : il y a déjà un «comme» deux lignes plus loin.

Quatrième traitement : «La langue de la littérature, ainsi que celles de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision sont inventées.» Le problème d’accord est réglé, mais l’auteur de ce texte a la mauvaise habitude d’abuser du ainsi que. Ne l’encourageons pas.

Cinquième traitement (mais qui n’est pas le dernier) : ne toucher à rien et prétendre que le pluriel du verbe s’explique par une ellipse (avoir voulu ne pas répéter quatre fois le «La langue» initiale). Il faut croire son lecteur bien candide pour lui servir une excuse pareille.

Bref : si peu de jours, tant de problèmes à solutionner.

À votre service.

 

Référence

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture