La 306e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.
Wikipédia et la mort
L’Oreille tendue mène toute une série de batailles qu’elle sait perdues d’avance : contre l’emploi absolu du verbe quitter, contre la problématique et contre l’euphémisation de la mort (les gens meurent; dans la langue courante, ils ne décèdent pas).
Elle vient cependant de se trouver une alliée inattendue en Wikipédia, à l’article «Mort vs décédé», rubrique «Style encyclopédique». On y lit notamment ceci : «Dans une rédaction encyclopédique, il vaut mieux parler de la “mort” de quelqu’un que de son “décès”. En effet, le mot “décès” est un terme juridique et administratif (acte de décès) […].» Suivent quelques exemples assez réjouissants, où décéder ne peut pas remplacer mourir, par exemple celui-ci : «Le roman de Colleen McCullough paru en 1977 a pour titre Les oiseaux se cachent pour mourir et non pas Les oiseaux se cachent pour décéder.»
Ne nous réjouissons pas trop vite : «N’étant pas une règle ou une recommandation, cette page ne représente pas forcément l’opinion de la communauté, mais avant tout celle de ses auteurs.»
Réjouissons-nous quand même un tout petit peu.
Accouplements 79
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Ce tweet, au hasard :
Au début des années 1960, les choses étaient bien différentes. À la quinzième minute de leur «reportage» intitulé Pour quelques arpents de neige… (Office national du film, 1962), Georges Dufaux et Jacques Godbout interrogent un père et sa fille qui ont quitté Alep pour s’établir au Canada. Leur optimisme contraste douloureusement avec la situation actuelle. (On peut voir le film ici.)
P.-S.—Outre son titre, emprunté au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le film ne fait qu’une allusion à ce conte de Voltaire : d’Halifax, l’immigrant «prendra le train pour traverser les quelques arpents de neige de son nouveau pays».
[Complément du 25 janvier 2023]
Trois verbes de la langue de puck
L’Oreille tendue est friande de la langue de puck — c’est du hockey. Elle lui a consacré plusieurs entrées de ce blogue, particulièrement pour son «Dictionnaire des séries», puis un livre.
Ci-dessous, trois verbes qu’on y utilise fréquemment.
Que peut-on compléter au hockey ? Une mise en échec, un échange (une transaction), un dégagement, un blanchissage (un jeu blanc, un zéro), un tir, un tour du chapeau.
Qu’y peut-on servir ? Une mise en échec, un croc-en-jambe (une jambette), une leçon, une feinte, une raclée, un avertissement, un six-pouces, une punition (une pénalité).
Enfin, on peut y sauter : sauter sur un retour de lancer, faire sauter les patins d’un adversaire, sauter une présence ou plusieurs (être cloué sur le banc).
À votre service.
Référence
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.
Mon ADN et le tien
C’est parfois une question, comme dans la Presse+ du 14 décembre 2016 : «L’éducation fait-elle partie de notre ADN ?» Cet ADN serait celui du Québec.
Ailleurs, c’est une affirmation : «La question de l’#expertise fait partie de l’ADN de la #philo depuis les Grecs #AcfasC307» (@AcfasScHumaines); «le Canadien [c’est du hockey] est une institution, ça fait partie de notre patrimoine, on a ça dans notre ADN, cela commande des impératifs» (Line Beauchamp).
Certains essaient de le décrire, tels Jean-Marc Léger, Jacques Nantel et Pierre Duhamel, dans le Code Québec (2016). «Décoder l’ADN de la psyché québécoise», voilà ce que feraient ces auteurs. (Tout le monde n’a pas à être d’accord avec eux.)
Quoi qu’il en soit, l’ADN collectif, c’est devenu un tic. Proposons un moratoire.
P.-S.—@RemiMathis avait raison de s’interroger : «De dire “cela fait partie de notre ADN” fait-il partie de l’ADN des chargés de com’ ?»
P.-P.-S.—Merci à @JulienLefortF d’avoir (re)mis l’Oreille tendue sur la piste de cet ADN-là.
P.-P.-P.-S.—Vous voulez des centaines d’exemples ? Cliquez là. (Merci à @revi_redac.)


