(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)
Lettre de mère Sainte-Anne-Marie, de la congrégation de Notre-Dame, 1936 : «Le français traverse une véritable crise dans notre province. Tout le monde se plaint de la faiblesse du vocabulaire, de la pauvreté de la rédaction, de la défectuosité de l’orthographe.»
Dans la culture québécoise, Lionel Duval n’a pas eu droit au même traitement que René Lecavalier (1918-1999), un des présentateurs les plus célèbres du Québec, mais il est devenu, au fil des ans, une figure connue des amateurs de hockey.
On prononce son nom dans la pièce la Coupe Stainless de Jean Barbeau (1974).
Il apparaît dans la bande dessinée On a volé la coupe Stanley (1975, p. 13), aux côtés de Guy Lapointe (voir l’illustration ci-dessus), et dans un documentaire de l’Office national du film, Peut-être Maurice Richard (Gilles Gascon, 1971).
Christine Corneau l’a chanté en 1988 :
Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle en direct du Forum de Montréal
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
C’est plus fort que moi
[Choriste : C’est plus fort que moi]
Ça m’fait souvenir
C’est aussi le cas de Vincent Vallières, en 2003 :
C’est écœurant, y a même Bobby Smith, entre la première pis la deuxième
Qui parle à Lionel Duval pis qui dit :
«Ah ! c’est difficile ! Ah ! c’est difficile !»
En 2001, Luc Bertrand raconte sa vie. Le titre de son ouvrage reprend une des phrases les plus connues de Duval : «Revoyons les faits saillants.»
Marc Robitaille l’évoque en 2013 :
Il y a aussi les conversations avec les joueurs et M. Lionel Duval. J’ai appris que le hockey est un jeu d’équipe, qu’on dira ce qu’on voudra mais que ça se joue sur la glace, qu’il faut jamais prendre les adversaires pour acquis, qu’il y a des soirs comme ça où il y a rien qui marche et que l’important c’est de revenir forts en troisième (p. 30).
Beaucoup, enfin, se souviendront de lui pour sa participation aux campagnes de publicité de Pepsi, avec Claude Meunier.
Références
Arsène et Girerd, les Enquêtes de Berri et Demontigny. On a volé la coupe Stanley, Montréal, Éditions Mirabel, 1975, 48 p. Premier et unique épisode des «Enquêtes de Berri et Demontigny». Texte : Arsène. Dessin : Girerd. Bande dessinée.
Barbeau, Jean, la Coupe Stainless. Solange, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», 47-48, 1974, 115 p.
Bertrand, Luc, Lionel Duval. Revoyons les faits saillants, Montréal, TVA éditions, 2001, 192 p. Ill.
Corneau, Christine, «La soirée du hockey», En personnes, 4 minutes 15 secondes, disque audionumérique, 1988, étiquette Analekta, SNP-9801 Sonophile.
Gascon, Gilles, Peut-être Maurice Richard, documentaire de 66 minutes 38 secondes, 1971. Réalisation : Gilles Gascon. Production : Office national du film du Canada.
«Si je m’éloigne de toi avec la vitesse du torrent du Rhône, c’est pour te revoir plus vite. Si au milieu de la nuit, je me lève pour travailler, c’est que cela peut avancer de quelques jours l’arrivée de ma douce amie, et cependant dans ta lettre du 23 au 26 ventôse, tu me traites de vous. Vous toi-même. Ah?! mauvaise ?! comment as-tu pu écrire cette lettre ?? Qu’elle est froide ?! Et puis, du 23 au 26, restent quatre jours; qu’as-tu fait, puisque tu n’as pas écrit à ton mari? ?… Ah ?! mon amie, ce vous et ces quatre jours me font regretter mon antique indifférence. Malheur à celui qui en serait la cause ?! Puisse-t-il, pour peine et pour supplice, éprouver ce que la conviction et l’évidence qui servit ton ami me feraient éprouver? ! L’Enfer n’a pas de supplice ! Ni les furies, de serpent ?! Vous? ! Vous ?! Ah? ! que sera-ce dans quinze jours…»
Lettre de Napoléon Bonaparte à Joséphine, 30 mars 1796, citée dans Roger Iappini, Napoléon jour après jour. De la naissance au 18 brumaire, Turquant, Cheminements, 2009, p. 176.
En 2004, le Dictionnaire québécois instantané, que cosignait l’Oreille tendue, avait une entrée «rationalisation, rationaliser» :
En termes clairs : congédier. «Dans le but de simplifier sa structure de gestion et d’exploitation, Canoë rationalise son effectif en ligne en supprimant 65 postes dans l’ensemble de ses établissements au Canada, ce qui représente une réduction d’environ 30 % de son personnel» (le Devoir, 16 août 2000) (p. 186).
Ces mots étaient rattachés à d’autres : «compressions», «déficit zéro», «faire plus avec moins», «gras (couper dans le ~)» et «gras dur», «néolibéral», «réingénierie», «restructuration», «sous-traitance».
Depuis douze ans, l’Oreille avait l’impression que rationalisation était tombé en obsolescence.
Que nenni : «La Laurentienne emprunte à son tour la voie de la rationalisation», titre le Devoir du jour (p. B1). Le sous-titre montre bien qu’il s’agit toujours des mêmes types de comportement : «La banque éliminera 300 postes et fusionnera 50 succursales, mais le syndicat l’accuse de chercher à diviser pour mieux imposer son modèle.»
Dont acte.
P.-S. — Des synonymes pour rationaliser ? Par ici.
Référence
Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.
Lundi dernier avait le premier débat de la campagne présidentielle états-unienne. Il y a été question d’économie (selon Hillary Clinton et Donald Trump) et de la misogynie supposée du candidat républicain.
Le dollar canadien, lui, ne pourra pas être accusé de pareil comportement : «Le huard aime Hillary», titre la Presse+ du jour.
P.-S. — Si la zoophilie désigne l’«amour [chez les humains] pour les animaux» (le Petit Robert, édition numérique de 2014), quel est le mot pour dire l’amour des humains chez les animaux ?