De l’article Amalgame
De l’article Bar
De l’article Complot
De l’article Hiver de force
De l’article P.Q.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
De l’article Amalgame
De l’article Bar
De l’article Complot
De l’article Hiver de force
De l’article P.Q.
Il y a ceux qui croient que les œuvres de la tradition se suffisent à elles-mêmes.
Et il y a ceux, moins idéalistes, qui croient que la mémoire culturelle est aussi faite d’objets, indispensables à la transmission de ces œuvres.
C’est à cela que pensait Louis Sébastien Mercier dans le chapitre «Cheminées» de son fabuleux Tableau de Paris (vol. 10, texte 837) :
On place volontiers sur nos cheminées, en petits bustes de bronze ou de plâtre doré, les têtes de Voltaire et de J.-J. Rousseau; mais Jeannot et Préville [deux acteurs] ont obtenu le même honneur. La fantaisie de nos sculpteurs célébrise telle ou telle tête. Les bustes des princes trouvent moins d’acheteurs qu’autrefois; on préfère les têtes pensantes (éd. de 1994, tome II, p. 991).
Pour devenir / rester populaires, les œuvres de Voltaire et de Rousseau ont profité de ces supports inattendus.
Le texte de Mercier est revenu à l’Oreille tendue en lisant un article récent de Serge Deruette consacré au curé Jean Meslier (1664-1729). Meslier ? Un «intrépide penseur à la fois matérialiste athée et révolutionnaire communiste» (p. 65); un «penseur matérialiste et révolutionnaire, […] proche du peuple, des paysans pauvres et écrasés qu’il a connus» (p. 88). Cela au début du XVIIIe siècle.
Sur un obélisque érigé en Russie en 1918, le nom de Meslier côtoyait celui de dix-huit autres «précurseurs du socialisme» (p. 75). Le monument ayant été détruit en 2013, et aucun n’autre n’existant, une nécessité s’impose à Deruette : «Meslier mérite son monument» (p. 89) et il faut donc lui en consacrer un.
C’est bien ainsi que la mémoire circule de génération en génération.
Références
Deruette, Serge, «À quand un monument à la mémoire de Jean Meslier ?», Cahiers internationaux de symbolisme, 140-141-142, 2015, p. 65-89. Ill.
Mercier, Louis Sébastien, Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, coll. «Librairie du Bicentenaire de la Révolution française», 1994, 2 vol. : 8/ccii/1908 et 2063 p. Édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet. Édition originale : 1781-1788.
«Philémon termine le primaire cette année, Boris suivra dans deux ans, Oscar dans six. Après, ce sera l’école secondaire et mes friandises seront refusées avec ostentation, surtout devant les amis, la vieille mère sera reléguée à sa chambre à coucher pendant que ses enfants frencheront à qui mieux mieux dans le sous-sol en se parlant en codes qu’eux seuls comprendront; ils se vautreront dans le mystère et les hormones de la jeunesse, bref, un jour, je ne serai plus jamais jeune et je redoute ce moment, alors je suis responsable des gâteaux et j’y prends un plaisir démesuré» (p. 30-31)
«Après le souper, les adultes se sont attardés à table, remplis de vin et d’histoires répétées cent fois» (p. 48).
Fanny Britt, les Maisons. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2015, 221 p.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Certaines expressions propres au hockey trouvent difficilement à s’exprimer ailleurs : il est rare que l’on évoque le style papillon hors des patinoires.
En revanche, on peut donner son 110 % en tous lieux, avant de raccrocher ses patins ou de déplorer que la puck ne roulait pas pour nous autres.
L’Oreille tendue ne s’était jamais interrogée sur l’expression agent libre et son extension. Elle aurait dû.
Dans le monde du sport, l’agent libre est un joueur qui peut s’associer à l’équipe de son choix, sans que qui que ce soit ait à en souffrir (du moins monétairement).
Cela se pratiquerait aussi en matière amoureuse. C’est du moins ce que laisse entendre un passage du roman les Maisons de Fanny Britt (2015) :
— Oh. Je pensais que t’étais un agent libre.
Rappelle-toi de ses hosties d’expressions débiles, rappelle-toi qu’on n’a pas envie d’un homme qui utilise un terme comme «agent libre» pour nous décrire quand il veut couvrir sa couardise.
— Oui, oui, c’est pas faux (p. 160).
L’agent libre amoureux n’aurait pas d’attaches. Tout le monde n’apprécie pas pareilles «hosties d’expressions débiles».
Références
Britt, Fanny, les Maisons. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2015, 221 p.
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.