Autopromotion 055

D. T. Max, Every Love Story Is a Ghost Story, 2012, couverture

L’Oreille tendue sera aujourd’hui, de 13 h à 14 h, à l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! de la radio de Radio-Canada pour parler de David Foster Wallace et notamment de la biographie que lui consacre D.T. Max (2012).

Rediffusion ce soir entre 20 h et 21 h.

Peut-être aura-t-elle l’occasion de parler du bikini DFW, du coussin DFW, des t-shirts DFW, des tatouages DFW, de la présence de DFW dans les Simpsons ou, plus sérieusement, du rapport entre Aaron Swartz et DFW. Ce n’est pas sûr.

Pour en savoir plus (en anglais)…

Un blogue sur Infinite Jest

Une entrevue avec D.T. Max

Plusieurs articles de D.T. Max sur David Foster Wallace dans The New Yorker

La liste de discussion Wallace-l

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

 

[Complément du 6 février 2013]

Par quel titre aborder l’œuvre de David Foster Wallace ? L’Oreille tendue confesse un faible pour Consider the Lobster and Other Essays (2005).

 

Référence

Max, D.T., Every Love Story Is a Ghost Story. A Life of David Foster Wallace, New York, Viking, 2012, 309 p.

Sans avec pas d’

L’œuf ou la poule. L’expression avec pas de / d’ doit-elle sa popularité au journaliste sportif Jean Dion, qui l’a beaucoup pratiquée, ou au groupe musical Avec pas d’casque ?

Peu importe. En revanche, le moment est peut-être venu de la manier avec parcimonie.

Exemples.

Le 2 février, la Presse consacrait un article à Stéphane Lafleur, cinéaste et membre d’Avec pas d’casque. Cahier Arts, p. 1 : «Avec pas d’effets…» Cahier Arts, p. 10 : «Avec pas d’limites.» Cahier Arts, p. 11 : «Avec pas d’pause.»

D’autres ?

«Avec pas de parking» (Urbania, 18 juillet 2012). «Avec pas de hockey» (la Presse, 22 octobre 2012). «Avec pas d’voix» (Infoman, 1er février 2013).

Une pause s’impose, sauf chez Jean Dion, bien sûr.

Tombeau d’Ella (2) : improvisations

Mack the Knife, 1960[Ce texte s’inscrit dans la série Tombeau d’Ella. On en trouvera la table des matières ici.]

Il y a improvisation et improvisation.

Le scat est un style vocal, par nature improvisé, fait de sons plutôt que de mots. La définition de Wikipédia est un peu dure, mais juste : «the use of nonsense syllables in jazz music». Chez Ella Fitzgerald, pour retrouver des «syllabes arbitraires (et peu nombreuses)» (selon la définition du Petit Robert, édition numérique de 2010), ce n’est pas le choix qui manque.

Certaines chansons n’ont pas de paroles intelligibles : «Flying Home» (1945), «Smooth Sailing» (1951), «Rockin’ in Rhythm» (1957). D’autres, presque pas : «Airmail Special» (1951), «The E and D Blues (E for Ella, D for Duke)» (1957), «Bli-Blip» (1957), «Squatty Roo» (1957). On remarquera que la plupart de ces chansons datent des années 1950 et que quatre se trouvent sur l’album Ella Fitzgerald Day Dream : Best of Duke Ellignton Songbook : «The E and D Blues (E for Ella, D for Duke)», «Bli-Blip», «Squatty Roo», «Rockin’ in Rhythm».

C’est aussi «In a Sentimental Mood» (pour la douceur, 1956), «Oh, Lady, Be Good» (pour les aigus, 1957), «Blue Skies» (pour les aigus, 1958), «After You’ve Gone» (pour le mélange sons / mots, 1979) et, surtout, les spectaculaires «How High the Moon» («I guess these people wonder what I’m singing», 1960), «Honeysuckle Rose» (1963, 1979) et «Basella» (Basie + Ella, 1979).

Un autre type d’improvisation peut être imposé par les circonstances, quand, par exemple, vous oubliez les paroles de ce que vous êtes en train de chanter. Cela arrive à Ella Fitzgerald en 1960 à Berlin. Sa version de «Mack the Knife» a un départ prévisible, mais légèrement inquiétant : «Thank you / We’d like to do something for you now / We haven’t heard a girl sing it / And since it’s so popular / We’d like to try and do it for you / We hope we remember all the words.» Au début, ça va à peu près, puis, vers une minute 40 secondes, ça ne va plus : «Oh what’s the next chorus / To this song now / This is the one now / I don’t know.» Grâce notamment à un peu de scat, le reste sera improvisé, et brillamment, malgré les dénégations : «And now Ella Ella / And her fellas / We’re making a wreck / What a wreck / Of “Mack the Knife”»; «Yes we sung it / You won’t recognize it / It’s a surprise hit.»

D’abord enregistrée sur Mack the Knife. The Complete Ella in Berlin, la chanson sera reprise sur la compilation Essential Ella (1990). «Essentielle», en effet.

P.-S. — Wikipédia le dit sans tout à fait le dire: «Ella Fitzgerald is generally considered to be one of the greatest scat singers in jazz history.» Ça se défend : «une des plus grandes chanteuses de scat dans l’histoire du jazz».

[Les dates entre parenthèses devraient être celles des enregistrements. Elles ne sont pas toujours fiables.]

Les zeugmes du dimanche matin et des Grandes Blondes

Jean Echenoz, les Grandes Blondes, 1995, couverture

«Toujours nue comme un ver, Gloire allume une cigarette en même temps que le téléviseur […]» (p. 55).

«Les sujets britanniques organisaient le mardi des soirées passées à danser le cake-walk sur la terrasse en Adidas, en bermuda, en transpirant parmi les tables chargées de bouteilles» (p. 137).

«Sans horizon mais sans péril passèrent ainsi douze jours interminables, pas du tout comme Gloire les avait souhaités, certes à l’abri mais à l’étroit» (p. 211).

P.-S. — Ce ne sont pas les seuls zeugmes de ce roman; voir ici.

Jean Echenoz, les Grandes Blondes. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1995, 250 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le jeu de l’Oreille

Quelques questions pour les bénéficiaires habituels de l’Oreille tendue, histoire de tester leurs connaissances.

(Réponses officielles le 4 février. Si vous préférez soumettre les vôtres d’ici là, prière d’utiliser la rubrique «Laissez une réponse» ci-dessous.)

1. On doit à un auteur fétiche de l’Oreille l’incise suivante : «L’aveugle se doit d’être un peu muet, sentencia Russel.» De quel auteur s’agit-il ? (Deux points supplémentaires si vous repérez l’œuvre d’où est tirée cette phrase.)

2. Quelle est la capitale de la Notulie ?

3. Trouvez l’intrus : «une avion», «une escalier roulante», «une autobus», «une ascenseur», «une ambulance».

4. Donnez cinq synonymes du mot rondelle. (Un point pour l’ensemble des cinq réponses.)

5. Comment désigne-t-on un enseignant de sciences dans les écoles montréalaises ?

6. Votre journée de travail est finie. Devriez-vous dire «Je me suis flushé du bureau» ou «J’ai quitté pour la journée» ?

7. La formule «catholique progressiste», lue dans le Devoir des 26-27 janvier 2013, est-elle un pléonasme ou un oxymore ?

8. Dans le Charretier de la «Providence», Georges Simenon écrit la phrase suivante : «on vit le matelot […] faire sauter, du pont et d’un geste précis, les amarres de leurs bittes» (p. 53). À quelle figure de style a-t-il recours ?

9. Dans quelle capitale trouve-t-on Les Capitales ?

10. Quelle ville du Saguenay—Lac-Saint-Jean peut-on confondre avec une expression latine ?

 

Référence

Simenon, Georges, le Charretier de la «Providence» (1931), dans Romans. I, édition établie par Jacques Dubois, avec Benoît Denis, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 495, 2003, p. 1-103 et 1337-1353.