Tous les patins ne sont pas sur la glace

On peut, au Québec, être vite sur ses patins, mais il est rare qu’on y en roule.

Le «baiser langue en bouche» dont parle le Petit Robert (édition numérique de 2010) à l’article «patin» y est le plus souvent un french, ce mot venu du French kiss de la langue de Shakespeare, d’où le verbe frencher.

Deux exemples récents, lus sur Twitter.

«TOÉ TOUTE EN MAJUSCULES / via @lesFourchettes “pu de langue pour te frencher dude” http://www.lesfourchettes.net/toe-toute-en-majuscules» (@francisroyo).

«Et je le frencherais MT @OursAvecNous L’hilarante personne qui fait photoreportages de célébrités G&M s’attaque à #GGI http://t.co/3gghcdmq» (@PimpetteDunoyer).

Un exemple familial.

«—Ton frère est où ?

—Il frenche sa blonde.»

Un dernier exemple, publicitaire (le Devoir, 17 octobre 2012, p. B9).

Campagne de publicité de CIBL

Note grammaticale : on peut frencher l’autre ou se faire frencher; on peut aussi se frencher l’un l’autre.

 

[Complément du 21 octobre 2012]

Selon des sources filiales (parfois) sûres, l’activité consistant à se frencher serait du frenchage.

«Quitter» a quitté

Tony Accurso est un entrepreneur en construction québécois.

Depuis quelques mois, des accusations de nature diverse pèsent contre lui. Il en a marre. Il se retire de ses entreprises. Voilà ce qu’il annonçait avant-hier.

Le journal la Presse a rapidement annoncé la chose sur son site Web. Connaissant l’aversion de l’Oreille tendue pour certain usage du verbe quitter, @iericksen lui a signalé, sur Twitter, cette parution : «Un usage absolument absolu de “quitter”» (merci).

Tony Accurson «quitte»

Le journal papier d’hier matin reprenait l’information (p. A2), mais avec une modification de taille, du moins aux yeux de l’Oreille.

Tony Accurson «part»

Ce n’est pas tout. Le lien qui menait à l’article dont le titre contenait le verbe quitter mène toujours au (presque) même article, mais le titre a encore changé. C’est donc le troisième.

Tony Accurson «n’a rien volé»

On n’arrête pas le progrès.

Le latin de RDS

Il y a quelques semaines, l’Oreille tendue parlait latin. En fait, de la présence de cette langue réputée morte dans la culture québécoise contemporaine.

Voici un autre exemple du même phénomène, plus cocasse celui-là.

Tombant sur un reportage télévisé du Réseau des sports (RDS) le 13 octobre, l’œil de l’Oreille a été attiré par un gros titre.

Il accompagnait un reportage sur l’entraîneur des Red Wings de Détroit — c’est du hockey —, Mike Babcock. En congé forcé pour cause de lock-out, il est revenu à Montréal pour y retrouver les Redmen de l’Université McGill. Pourquoi cette équipe ? Parce que McGill est l’alma mater de Babcock.

Le titre de RDS ? «Alma ma terre».

P.-S. — Il y a peut-être là, sans que l’on comprenne bien pourquoi, un hommage à la ville du Saguenay—Lac-Saint-Jean appelée Alma.

Volière du jour

Pigeon. Contribuable hexagonal fortuné qui refuse de se faire plumer par les mesures fiscales du gouvernement socialiste de François Hollande. Niche dans Facebook et Twitter (et parfois en Belgique). Synonyme : geonpi. Exemple : «Des “pigeons” à l’assaut du gouvernement français» (la Presse, 6 octobre 2012, p. A28).

Questions (de féminisation) du jour

Imaginez que vous travaillez dans le domaine des lettres et sciences humaines.

Imaginez que vous soumettez une proposition de communication à un colloque dans votre discipline.

Imaginez que vous recevez l’accusé de réception suivant : «Seul[e]s les personnes retenues seront contactées.»

Suggérez-vous à votre interlocuteur de corriger sa phrase de la façon suivante : «Seul[e]s les person[ne]s retenu[e]s seront contacté[e]s» ?

Avez-vous une autre réponse à lui adresser ?

Acceptez-vous malgré de tout de participer au colloque ?

À vous.