Trouble de la signalétique

En périple familial, l’Oreille tendue faisait l’autre jour de la randonnée dans la Matawinie. Elle tombe alors sur l’avertissement suivant :

Baignade interdite à vos risques -- Panneau

Respectueuse, comme il se doit, des consignes qu’on lui adresse, l’Oreille s’est abstenue de toute baignade (de toute façon, l’eau était trop froide, et l’Oreille est peu aquatique). Elle a toutefois été un brin troublée par ce panneau.

Si la baignade est interdite, pourquoi annoncer que ceux qui contreviendraient, par extraordinaire, à la consigne le feraient «à [leurs] risques» ? C’est interdit ou pas ?

À moins qu’il ne s’agisse pas de deux phrases («Baignade interdite. À vos risques»), mais d’une seule («Baignade interdite à vos risques»). La baignade serait alors «interdite [aux] risques» des visiteurs. Foi d’Oreille, ce n’est guère mieux.

Langue de campagne (22)

La campagne électorale québécoise s’achève : on vote aujourd’hui.

On s’est plaint, plus à gauche qu’à droite, de l’absence de la culture durant cette campagne. C’est largement exagéré.

Jean Charest n’a jamais hésité à exposer l’étendue de sa culture classique. Lors du débat des chefs du 19 août, il a parlé d’«Éole, le vent». Le lendemain, toujours à la télévision, il évoquait «un épée de Démoclès».

Les électeurs ont aussi eu droit à deux chansons, «À nous de choisir», la chanson-thème du Parti québécois, et «Dans les yeux de Léo», de Dominique Beauchamp, alias DouceRebelle, un hymne à la gloire de Léo Bureau-Blouin, candidat du même parti dans la circonscription de Laval-des-Rapides.

Ce n’est quand même pas rien.

Langue de campagne (21)

En cette année olympique et électorale, du moins au Québec, à qui attribuer des médailles pour les plus belles fautes de langue de la campagne qui vient de se terminer ? La compétition est forte.

La médaille de bronze pourrait aller à Manon Massé, candidate montréalaise pour Québec solidaire, pour un tweet du début août, aujourd’hui disparu du sien, mais encore visible sur d’autres comptes : «@ManonMasse_Qs: QS sera debout pour défendre les travailleurs-trices.» Cette féminisation de «travailleurs» était pour le moins inattendue.

La médaille d’argent irait à Jean Charest, l’actuel premier ministre du Québec et chef du Parti libéral, pour une déclaration de son face-à-face télévisé du 20 août avec Pauline Marois, la chef du Parti québécois, déclaration reprise en conférence de presse immédiatement après ce face-à-face : il accusait son adversaire de laisser planer «un épée de Démoclès» (au lieu d’«une épée de Damoclès») sur la tête des Québécois.

François Legault, de la Coalition avenir Québec, mériterait la médaille d’or avec son «Jacques Duchesneau a été enquêté», plusieurs fois répété dans les débats télévisés du 21 et du 22 août. On pourrait aussi la lui remettre pour son utilisation immodérée de la formule «C’que l’Québec a besoin».

Félicitations à tous.