Chantons le hockey avec Léo LeSieur

Les Canadiens de Montréal, champions de la coupe Stanley en 1931, portrait de groupe

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Léo LeSieur, «Ah ! le hockey», 1930

 

J’ai pour épouse une petite femme
Tout à fait comme il faut
Elle est jolie, aimable et douce
Elle n’a pas de défauts
Mais lorsque du jeu de hockey
Arrive la saison
Il n’y a plus moyen
De la garder
À la maison

Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
C’est une vraie passion
Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
Quelle ambition
Elle est toujours la première
Tous les sam’dis soirs
Dans la loge des millionnaires
Vous pourrez la voir
Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

Je ne suis pas jaloux
Et j’ai beaucoup d’admiration
Pour ces braves défenseurs
Du trophée de notre nation
Aussi quand ma femme me dit :
Je sors ce soir, Henri
C’est final
Je n’ai rien à dire
C’est son sport favori

Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
C’est une vraie passion
Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
Quelle ambition !
Elle est toujours la première
Tous les sam’dis soirs
Dans la loge des millionnaires
Vous pourrez la voir
Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

 

P.-S.—Cette chanson est une adaptation française de «Hockey» (Eugene Platzman, 1929).

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

 

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Autopromotion 824 — Chantons le hockey avec…

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L’Oreille tendue, à l’occasion, se lance des défis.

À la fin de 2024 et au début de 2025, elle a rassemblé, quotidiennement, des chansons qui portaient sur la langue.

Durant les éliminatoires de la Ligue nationale de hockey, au printemps de 2013, elle a proposé, tous les jours, un «Dictionnaire des séries». Elle a tiré de cet ensemble un livre, Langue de puck. Abécédaire du hockey, d’abord publié en 2014, puis, dans une version revue et augmentée, en 2024.

Que faire cette année ? Jusqu’au match ultime du détail, de jour en jour, on lira et (le plus souvent) on entendra ici une chanson portant sur le hockey.

Les séries commencent aujourd’hui; les paroles et les musiques itou.

Une liste de lecture est disponible sur Spotify : elle contient beaucoup plus d’œuvres que celles qui seront déposées ici.

Amateurs de sport, tendez l’oreille !

 

Dans les médias…

Entrevue avec Annie Desrochers à l’émission de radio le 15-18, Société Radio-Canada, Montréal, 24 avril 2025.

Larin-Kieran, Maude, «“Le hockey, c’est une religion au Québec” : les artistes inspirés par les Canadiens en séries», le Journal de Montréal, 27 avril 2025.

 

Voici la liste des chansons retenues. Elle sera périodiquement actualisée.

(Version du 3 mai 2025)

1. Léo LeSieur, «Ah ! le hockey», 1930

2. Christine Corneau, «La soirée du hockey», En personnes, 1988

3. Dominique Michel, «Hiver maudit : j’hais l’hiver», 1979

4. Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», 1957

5. Anna McGarrigle, «Hommage à Henri Richard», 1974

6. Denise Émond, «La chanson des étoiles du hockey», 1956

7. Diane Dufresne, «La joute des étoiles», À part de d’ça, j’me sens ben. Opéra-cirque, 1973

8. Jeanne d’Arc Charlebois, «Maurice Richard», 1951

9. Francine Raymond, «Tu peux t’en aller», les Années lumières, 1993

10. Hugo Blouin, «Manon», Sport national, 2023

11. Alexandre Poulin, «San Francisco», 2010

12. Marie-Chantal Toupin, «J’irai au sommet pour toi», Maurice Richard, 2005

13. Nicola Ciccone, «Tu m’aimes quand même», Imaginaire, 2010

14. Mario Chénard et France Duval, «Nordiques jusqu’au bout !», 1985

15. Robert Charlebois, «J’voulais pas y aller», le Chanteur masqué, 1996

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Un nouveau disque d’Ella Fitzgerald

Ella Fitzgerald, The Moment of Truth. Ella at the Coliseum, 2025, pochette

The Moment of Truth. Ella at the Coliseum a récemment paru. Le disque contient neuf pièces enregistrées au Oakland Coliseum le 30 juin 1967. Il dormait, inédit, dans les archives de Norman Granz, le fondateur des disques Verve et l’agent de Fitzgerald pendant de nombreuses années. Il s’agit de la partie finale d’un spectacle collectif (elle annonce «our part of the show»).

Accompagnée par ses musiciens (Jimmy Jones, Bob Cranshaw et Sam Woodyard) et par le Duke Ellington Orchestra (Cat Anderson, Cootie Williams, Harry Carney, Paul Gonsalves, Jimmy Hamilton, Johnny Hodges et Russell Procope), la chanteuse interprète des pièces classiques de son répertoire, «Mack The Knife», «In a Mellow Tone» et «You’ve Changed». Elle actualise la fin de «Let’s Do It (Let’s Fall In Love)» en y faisant apparaître les Beatles, les Animals, Sonny and Cher, Elizabeth Taylor et Richard Burton, et James Bond, Elle reprend aussi des pièces populaires des années 1960, «Alfie» (Burt Bacharach et Hal David) et «Music To Watch Girls By» (Andy Williams).

Fitzgerald s’amuse sur scène. Après la première pièce, «The Moment of Truth», elle apostrophe un spectateur en retard : «You missed the first song.» Elle remercie la personne qui lui apporte à boire : «Merci beaucoup, dear. Thank you.» Pour «In a Mellow Tone», elle demande un éclairage tamisé à un technicien : «Sexy lights, dear

Une chose étonne à l’écoute de «Don’t Be That Way». Fitzgerald est reconnue pour sa pratique du scat, ce style vocal, par nature improvisé, fait de sons plutôt que de mots. La définition de Wikipédia est un peu dure, mais juste : «the use of nonsense syllables in jazz music». Ici, elle mêle le scat aux paroles de la chanson, par exemple en se lançant dans un scat qui se termine par des mots parfaitement clairs : il ne s’agit donc pas seulement de «syllabes sans sens». L’Oreille tendue ne connaît pas d’autres cas où Fitzgerald chante de cette façon.

Il nous reste des choses à apprendre sur la First Lady of Jazz.

P.-S.—Pour en savoir plus, on va de ce côté.

Accouplements 257

Portraits de Giacomo Casanova et de Denise Filiatrault, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Hoffmann, Benjamin, les Minuscules. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 285 p.

«Un examen minutieux, inspiré par la jalousie la plus vive qui ne me laissait ignorer ni recoins, ni cachettes, qui me poussait à explorer les pages des livres et le revers du matelas, les profondeurs des chaussures et l’envers des édredons, m’apprit une vérité qui me déchira le cœur : la lettre de ma rivale devait reposer contre le sien puisque je ne la trouvais nulle part. Mon imagination troublée me représentait Giacomo [Casanova] relisant pour la millième fois les mots d’Henriette, les baisant avec des transports passionnés puis les plaçant contre sa peau comme le substitut d’une caresse» (p. 178-179).

Filiatrault, Denise, «Rocket Rock and Roll», 1957, 2 minutes 37 secondes, disque 45 tours et disque 78 tours, étiquette Alouette CF 45-758; repris dans Une simple mélodie. Une anthologie de la chanson québécoise de 1900 à 1960, coffret de dix disques audionumériques, 2007, étiquette Disques XXI XXI-CD 2 1571 et dans les Légendes des Canadiens, Musicor, disque audionumérique, 2009.

«J’ai beau chercher
Tout retourner
Tout chavirer
Je n’peux pas l’trouver

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket

C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur le placier, quel bonheur
J’ai retrouvé mon ticket
Il était là sur mon cœur
Je vais voir mon Rocket
Ah ! zut ! La partie est finie»

Chantons la langue avec Ivy

Ivy, Hors des sentiers battus, 2012, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Ivy, «My name was», Hors des sentiers battus, 2012

 

J’ai des mots en bouche qui brûlent
D’enflammer les phonèmes
De cette langue que j’aime tant
Mais qui tangue aussi dangereusement
Que la tour de Pise
Quand elle épouse le mauvais angle
Elle préfère l’engrais
Qui l’infecte en la faisant enfler
Au lieu de cultiver ses minces mais profondes racines
Quand j’entends ma langue aujourd’hui
J’hallucine un max
La plante est rendue carnivore
Car elle dévore sa propre syntaxe
Chaque fois qu’a prend une marche
Qu’a marche sur la rue
Qu’elle se rue dans une autobus
Qu’est-ce qu’je pourrais dire de plus ?
Que c’pas correc’ ?
Eh tu m’prends pour qui ?
J’sais ben qu’c’est comme ça qu’on parle au Québec
(That’s how we talk in Québec
Yo Ivy)
Alors j’l’a laisse aller
J’l’écoute parler
J’la sens craquer
Et puis ch’peux pas m’empêcher d’paniquer
Ensuite j’m’irrite
Contre la pratique séculaire
Qui préfère
Coller à ses tiques
Plutôt qu’en son palais
Celle qui fut langue de roi
Est-elle encore celle des valets ?
(Le roé c’est moé)
Celle qui fut langue de roi
Est-elle encore celle des valets ?
C’est don d’valeur
Moi ça m’écœure
Quand a s’donne l’air
De faire des affaires
Alors qu’elle s’asservit
Au lieu d’lutter pour sa survie
(Yo money talks)
Si la langue était vraiment vivante
On la laisserait pas vivre dans cet état
Faque débranchons-la
Ou branchons-nous
Avant qu’le français disparaisse
Faudrait qu’on l’ait parlé entre nous
C’est c’que m’dit l’aïeul
Quand y se r’vire de bord
Dans son cercueil
(L’aïeul quand y s’fait aller la yeule
Quand y s’fait aller la yeule dans son cercueil)
Pis dans son cercueil
Y se r’vire de bord
Parce qu’il y a des tarlas qui posent du clabor
Su’a grammaire
Y a même des jeunes qui disent à leur père
«P’pa, le français, c’est comme l’égalité des sexes
Le combat a été faite, faique : next !»
(Le roé c’est moé)
Faudrait qu’la génératrice reprenne
Qu’la jeune génération comprenne
Qu’y a pas de courant sans l’gars d’Hydro
Pas de lumières sans Volt…aire
Pas d’esprit sans vocabulaire
La langue faut pas juste que ça serve
Faut qu’ça jaillisse en gerbes de verve
Comme autant d’étincelles
À propager
À grandeur du pays
Comme un incendie
Comme quand j’étais p’tit
Et que j’aimais ça
Mettre le foutre le crisser le feu
J’trouvais ça hot hot
J’me serais même fait patriote
Faiseur de marde
Et si j’m’attarde
À t’expliquer
C’est qu’j’ai la langue trop… «sticky»
Dans sa gangue enfirouapée
(Wrapped in fur
And all that crap)
Que j’lâche aux bécosses
(Out house)
Dans un vent de panique
Ô Français
Pendant combien d’temps
Me parleras-tu de l’Amérique ?
(C’est normal qu’y ait de l’anglais dans notre langue
C’est normal
Y en a partout autour
Well we do it too
We say open the lights
Ouvre la lumière
Going to the dep
On s’en va au dépanneur
Nine on ten
Neuf sur dix
C’est ta note
Ivy the Terrible
Ivan le Terrible
J’ai des mots en bouche
So Ivy your name it’s English
It’s kind of weird
Ouais mais c’t’un Anglais qui me l’a donné
Depuis je l’ai adopté
J’trouve ça mieux que French Frog
Pea Soup
Ou Pepsi
So you think you’re gonna cross over into the English market ?
I hope so I hope so can I call you a log [?]
What the fuck does that mean ?
Paul sois poli
T’es sur mon disque
Excuse me
Pardon my French)