Autopromotion 102

Nouveau projet, no 5, 2014

En 1966, André Belleau écrivait une de ces phrases paradoxales dont il avait le secret : «J’aime la chanson actuelle de toute ma faiblesse» (éd. de 1986, p. 63).

L’Oreille tendue pourrait dire la même chose pour parler de sport : «J’aime le hockey de toute ma faiblesse.»

Cela a donné un livre sur Maurice Richard, un autre sur la langue du hockey, des articles (sur le Rocket, sur le hockey et la religion, sur le sport chez Pierre Nepveu, sur le hockey chanté).

Et cela vient de donner «Seize mesures pour réformer le hockey et sa culture», dans le cinquième numéro de la revue Nouveau projet.

Merci aux gens de la revue de l’invitation.

P.-S. — L’Oreille a déjà cité la phrase de Belleau, s’agissant d’Ella Fitzgerald.

 

[Complément du 8 avril 2014]

Pour 0,99 $, on peut acheter le texte sur iTunes.

 

[Complément du 24 février 2023]

Dans l’espace public québécois, on a beaucoup parlé récemment des profonds dysfonctionnements du monde du hockey (semi-)professionnel. Nouveau projet a saisi l’occasion pour remettre de l’avant «Seize mesures pour réformer le hockey et sa culture» (merci à elle). Ça se trouve ici.

 

Références

Belleau, André, «La rue s’allume», Liberté, 46 (8, 4), juillet-août 1966, p. 25-28; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 17-19; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 59-63; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 59-64. https://id.erudit.org/iderudit/30058ac

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Melançon, Benoît, «Écrire Maurice Richard. Culture savante, culture populaire, culture sportive», Globe. Revue internationale d’études québécoises, 9, 2, 2006 [2007], p. 109-135. https://doi.org/1866/28632

Melançon, Benoît, «“Notre père le Rocket qui êtes aux cieux”. Les religions de Maurice Richard», dans Olivier Bauer et Jean-Marc Barreau (édit.), la Religion du Canadien de Montréal, Montréal, Fides, 2009, p. 111-138. https://doi.org/1866/28750

Melançon, Benoît, «Hendécasyllabe sportif», dans Marie-Andrée Beaudet et Karim Larose (édit.), le Marcheur des Amériques. Mélanges offerts à Pierre Nepveu, Montréal, Université de Montréal, Département des littératures de langue française, coll. «Paragraphes», 29, 2010, p. 173-180. https://doi.org/1866/19742

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, «Seize mesures pour réformer le hockey et sa culture», Nouveau projet, 05, printemps-été 2014, p. 133-137. https://doi.org/1866/28747

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Longue citation pédagogique du jour

En 1971, le réalisateur Jacques Godbout tourne, pour l’Office national du film du Canada, le long métrage IXE-13. Description tirée du site de l’ONF, où l’on peut commander le film :

Comédie musicale mettant en vedette les quatre membres du collectif humoristique, Les Cyniques. André Dubois tient le rôle titre de IXE-13, «l’as des espions canadiens». Il est entouré de Marc Laurendeau, Serge Grenier et Marcel Saint-Germain. Un film tout en musique, une joyeuse parodie des aventures du personnage légendaire issu d’un populaire roman-feuilleton des années 1950 signé Pierre Saurel.

Une des chansons du film, «La chanson très vulgaire», est était visible sur YouTube. Elle peut être utile à qui veut se familiariser avec les jurons québécois et leur prononciation. On y trouve ostie, tabarnak, câlisse, cibouère, criss, sacrament, calvaire.

Pour l’entendre :

Pour la lire (l’Oreille tendue s’est essayée à sa transcription) :

Fais pas d’grimace
Ça porte malheur
Grouille ta carcasse
C’est pas ta sœur
Si je t’embrasse
Toi tu m’écœures
Tu me fracasses
Mon doux seigneur
T’es une lavasse
Un amateur
Je te terrasse
Maudit faiseur
T’as les oreilles comme un chou-fleur
Prends ta bouteille vieil enfant d’chœur
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
J’te mords les couilles
Lève ton nombril
Ostie d’citrouille
Criss de fifi
T’as pas connu
Yvon Robert
Là t’aurais eu un adversaire
I a Gorgeous George
I était cochon
Ça ça t’égorge un cornichon
Larry Moquin i lâchait pas
L’huile de ricin
Mouman poupa
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Enwèye accouche
Mont’ qu’t’es un homme
[Inaudible] une fausse couche
Pis chique d’la gomme
Tu [Inaudible]
J’te casse les dents
J’te décapite
Mon sacrament
Pis fait pas d’bluff
Avec bibi
Nous on joue tough
T’as pas fini
Mas t’faire manger d’la marde en tas
M’en vas t’crever sur le matelas
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
Ostie
Tabarnak
Ostie
Ostie
Calvaire
[Etc.]

 

[Complément du 29 juin 2018]

Commentaire de spectateurs, rapporté par Jacques Godbout dans un livre de souvenirs, De l’avantage d’être né (2018) : «les enfants adorent, surtout la chanson “très vulgaire”, qui contient son lot de sacres et qu’ils apprennent par cœur». Il est vrai que les enfants sont comme ça.

 

Référence

Godbout, Jacques, De l’avantage d’être né, Montréal, Boréal, 2018, 288 p. Édition numérique.

Sacrer mou

L’Oreille tendue — c’est de notoriété publique — aime beaucoup sacrer. À cet art, elle a consacré nombre d’entrées de ce blogue.

Elle s’étonne toujours devant les formes molles des sacres (tabarnouche pour tabarnak, par exemple), car on perd alors de vue la quincaillerie liturgique sur laquelle prend appui le juron québécois.

Cet étonnement s’étend à d’autres expressions, plus idiosyncrasiques que généralisées, dans lesquelles le matériel religieux est évoqué. Il est ainsi des gens qui diraient pentures de confessionnal (merci à @liseravary). Pour d’autres, plus ironiques, bon en chasuble (@MDumaisJDM) serait possible. On entend(ait) parfois petit Jésus de plâtre.

Le jour où l’Oreille aura recours à pareils euphémismes, vous pourrez lui crier dessus.

 

[Complément du 3 mars 2014]

Qui veut, pour jurer, s’en remettre à l’histoire sainte, mais préfère ne pas se servir de Son nom ou de celui de Son fils, peut toujours avoir recours à d’autres personnages bibliques : «Jared Leto sur le tapis rouge aux #oscars : comme si Jésus s’était loué un tux blanc pour échapper aux Romains. Étrange en Hérode !» (@_scorm)

 

[Complément du 15 avril 2014]

@revi_redac rappelle à l’Oreille des paroles d’une chanson de Richard Desjardins, «Le bon gars» :

Y vont m’aimer en Hérode
Excellent citoyen
Pas parfait mais pas loin

66 secondes de Count Basie

Count Basie, Straight Ahead, Dot, 1968

L’Oreille tendue ne connaît pas grand-chose à la musique. Bien évidemment, cela ne l’empêche pas d’en parler à l’occasion, soit dans des textes portant sur la chanson, soit dans une série — qu’il faudrait bien poursuivre un jour — sur Ella Fitzgerald.

Parmi les (rares) pièces auxquelles l’Oreille revient sans cesse, il y a le début d’une pièce instrumentale de Count Basie et de son orchestre, «It’s Oh, So Nice».

Cette pièce, l’Oreille l’a découverte il y a très longtemps, du temps où elle servait d’indicatif à l’émission Jazzland, de Don Warner, à la radio anglaise de Radio-Canada. (L’émission a été retirée des ondes en… 1997.)

L’Oreille se souvenait de l’interprète de la pièce, mais pas de son titre. Pendant des années, elle l’a cherché, d’abord en achetant des disques de Basie. Puis, un jour — merci aux échantillons que permet d’écouter Apple sur la plateforme iTunes —, elle a retrouvé ce qu’elle voulait réentendre.

Sur l’album Straight Ahead (étiquette Dot, 1968), la pièce, composée et arrangée par Sammy Nestico, dure 4 minutes 13 secondes. Pour l’Oreille, il n’y a que les 66 premières secondes qui comptent; le reste la laisse de glace (la subtilité s’est envolée).

C’est Count Basie, au piano, qu’on entend le moins : une fois passée l’ouverture, il place quelques notes de-ci, de-là, et c’est tout. Un début lent, un dialogue des cuivres (saxophone, trompette, trombone [?]) où une section cède sa place à l’autre, une basse rythmique (batterie et basse) qui donne sa cohérence à l’ensemble, de lentes montées sans cesse reprises (et qui, malheureusement, culminent à la 66e seconde) : une merveille (retrouvée).

Et l’Oreille ne sait pas la dire.

La saveur du jour

Source : la Presse+

À intervalles parfaitement irréguliers (2009, 2010, 2011, 2013), l’Oreille tendue trie le contenu de sa corbeille de à saveur, cette obsession québécoise.

Ses trouvailles (façon de parler) ?

«USA : ce Satan avec les traits d’Obama finalement retranché d’une télésérie à saveur biblique» (@rdimatin).

«Nouveau blogue à saveur internationale : celui de @Ydb (Yanik Dumont Baron) à Washington» (@JeanFrederic_LT).

«Syrie : une révolution à saveur de crise humanitaire sans fin» (le Devoir, 26 août 2013, p. A7).

«projet d’adressage [numérique] à saveur géographique et culturelle» (le Devoir, 6 mai 2013, p. A2).

«Le documentaire à saveur écologique constitue un genre en soi […]» (le Devoir, 4-5 mai 2013, p. E10).

«Des chansons populaires à saveur country» (la Presse, 1er mai 2013, cahier Arts, p. 2).

«Affrontements et crise à saveur linguistique en Ukraine» (le Devoir, 5 juillet 2012, p. A5).

«Ouf, quelle intéressante Journée mondiale de la traduction, à saveur interassociative ! À l’année prochaine ?» (@patoudit)

Des heures de plaisir à saveur lexicale.