Fil de presse 023

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Quelques livres récents en matière de langue, en ordre géographique…

Amsterdam

Van Strien-Chardonneau, Madeleine et Marie-Christine Kok Escalle (édit.), French as Language of Intimacy in the Modern Age. Le français, langue de l’intime à l’époque moderne et contemporaine, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2017, 238 p. Compte rendu : http://contagions.hypotheses.org/951.

Lille

Humboldt, Wilhelm von et Jean-Pierre Abel-Rémusat, Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, Lille, Presses universitaires du Septentrion, coll. «Problématiques philosophiques», 2017, 338 p. Édition de Jean Rousseau et Denis Thouard.

Limoges

Gautier, Antoine, Sabine Pétillon et Fanny Rinks (édit.), la Ponctuation à l’aube du XXIe siècle. Perspectives historiques et usages contemporains, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2016, 256 p.

Jacquet-Pfau, Christine et Jean-François Sablayrolles (édit.), la Fabrique des mots français. Colloque de Cerisy, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «La lexicothèque», 2016, 384 p.

Londres

Leblanc, Jean-Marc, Analyses lexicométriques des vœux présidentiels, Londres, ISTE éditions, coll. «Sciences cognitives», 2016, 386 p.

Louvain-la-Neuve

Feuillard, Colette, Usage, norme et codification. De la diversité des situations à l’utilisation du numérique, Louvain-la-Neuve, EME éditions, coll. «Théorie et description linguistique», 2017, 256 p.

Paris

Boutet, Josiane, le Pouvoir des mots. Nouvelle édition, Paris, La Dispute, 2016, 256 p. Compte rendu : http://www.en-attendant-nadeau.fr/2016/08/31/langue-fasciste-boutet/.

Les Cahiers du dictionnaire, 8, 2016, 506 p. Numéro «Les mots de la Méditerranée dans le dictionnaire».

Cerquiglini, Bernard, Enrichissez-vous : parlez francophone !, Paris, Larousse, 2016, 178 p.

Schott, Ben, Schottenfreude. Il y a un mot pour tout, Paris, Éditions du sous-sol, 2016, 96 p. Traduction de Danielle Orhan.

Siouffi, Gilles (édit.), Modes langagières dans l’histoire, Paris, Honoré Champion, coll. «Linguistique historique», 7, 2016, 404 p.

Stepanova, Olga, l’Argot aux multiples visages dans le théâtre et le cinéma contemporains, Paris, L’Harmattan, coll. «Langue et parole», 2017, 242 p.

Zauberman, Yolande et Paulina Spiechowicz, Les mots qui nous manquent. Encyclopédie, Paris, Calmann-Lévy, 2016, 320 p.

Québec

Arrighi, Laurence et Annette Boudreau (édit.), Langue et légitimation. La construction discursive du locuteur francophone, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. «Les voies du français», 2016, 246 p.

Rennes

Roynette, Odile, Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt (édit.), la Langue sous le feu. Mots, textes, discours de la Grande Guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. «Histoire», 2017, 272 p.

Toulouse

Sorlin, Sandrine, Convictions philosophiques et plaisirs linguistiques. Entretiens avec Jean-Jacques Lecercle, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2016, 176 p.

Divergences transatlantiques 046

Ce tweet est passé sous les yeux de l’Oreille tendue l’autre jour :

«Chronique poche» de la revue En attendant NadeauIl pourrait troubler ses lecteurs québécois, à cause du mot poche.

Bien sûr, il y a au Québec des livres de poche et on peut leur consacrer une «chronique», la «chronique poche».

Le mot est aussi synonyme de nullité : une «chronique poche» peut être une chronique nulle, mauvaise, sans intérêt.

Il ne faudrait pas confondre.

 

[Complément du 19 juin 2017]

La remarque est aussi valable en matière de dictionnaires. (Merci à Francis Lalumière pour l’image.)

Le Robert & Collins. Anglais. Poche, couverture

Du temps où l’Oreille s’envoyait en l’air

Trampoline domestique, avec béquille

 

Les habitués de l’Oreille tendue auront peut-être du mal à se représenter la chose : la voir sauter sur un «engin de gymnastique composé d’une toile tendue à une certaine hauteur du sol et fixée par des ressorts à un cadre métallique» (le Petit Robert, édition numérique de 2014). Pourtant, cela est arrivé — il y a huit lustres au moins.

À cette époque-là, dans les cours d’éducation physique du Québec, on faisait de la trampoline. C’est encore le genre féminin que retient la Presse+ d’aujourd’hui en titre — «La trampoline, un “sport dangereux”» —, mais, dans le texte, il y a aussi «du trampoline», «un trampoline», «le trampoline»; ça fait désordre.

Cette confusion s’explique. On entend beaucoup dire au Québec depuis quelques années qu’il faudrait dire le trampoline. C’est d’ailleurs ce genre qui apparaît dans l’article du Petit Robert cité ci-dessus.

L’Office québécois de la langue française, dans son Grand dictionnaire terminologique, aborde cette délicate question :

Le genre féminin est courant en français québécois (faire de la trampoline); le masculin commence toutefois à entrer dans l’usage par la voie des médias. Il est possible que le féminin enregistré dans le Supplément du Quillet (1971) ainsi que dans le Grand Robert (1985), et encore dans son édition plus récente, ait pu refléter une certaine hésitation quant au genre à donner à cet emprunt à l’anglais trampoline qui ne remonte qu’au début des années soixante. Le terme s’emploie cependant au masculin dans l’usage actuel en France.

Bref : le féminin est «courant» au Québec et il est «enregistré» dans au moins deux dictionnaires français. L’«usage actuel» serait au masculin en France. Voilà qui expliquerait «une certaine hésitation», notamment celle des «médias» — et indubitablement celle de la Presse+.

Une chose est sûre : si l’Oreille a déjà pratiqué la trampoline, elle n’a pas l’intention, dans un avenir proche, de se mettre au trampoline. Ce n’est plus de son âge.

P.-S. — Trampoline fait partie de ces mots qui changent parfois de genre en traversant l’Atlantique.

P.-P.-S. — Il existe — c’était prévisible — une version extrême de cette activité : «Le centre de trampoline extrême iSaute se lance à la conquête du Québec» (le Devoir, 27 décembre 2013, p. B1).

 

[Complément du jour]

En matière de genre, la Presse+ et le site lapresse.ca ne s’entendent pas.

Le genre de «trampoline» selon la Presse+ et lapresse.ca

 

Un correspondant belge de l’Oreille tendue est formel : «Ben moi, tout en étant de “ce” côté de l’Atlantique, j’ai toujours dit “la trampoline”, sans jamais en avoir fait.»

 

[Complément du 5 mai 2018]

Depuis quelques jours, l’OQLF fait beaucoup parler de lui. Dans une note qu’il vient de publier au sujet du genre du mot trampoline, il accepte, pour le Québec, le féminin : «Puisqu’il est possible d’utiliser trampoline au masculin ou au féminin, il revient aux locuteurs et aux locutrices d’opter pour l’usage qui leur convient et qui leur semble le plus adapté au contexte dans lequel le mot est utilisé.» L’Office a donc modifié la fiche consacrée à ce mot. C’est le correspondant belge de l’Oreille tendue qui sera content.

Fil de presse 020

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

De nouveaux livres sur la langue ? À votre service (géographique).

Au Québec

Belleau, André, Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, 237 p. Précédé d’une «Note de l’éditeur». Réédition d’un livre capital. Édition originale : 1986.

Cassivi, Marc, Mauvaise langue, Montréal, Somme toute, 2016, 101 p. L’Oreille tendue en parle ici.

Cloutier, Fabien, Trouve-toi une vie. Chroniques et sautes d’humeur, Montréal, Lux éditeur, 2016, 140 p. Dessins de Samuel Cantin. L’Oreille en parle là.

Cornellier, Louis, le Point sur la langue. Cinquante essais sur le français en situation, Montréal, VLB éditeur, 2016, 192 p.

LaRue, Monique, la Leçon de Jérusalem, Montréal, Boréal, 2015, 297 p.

Verboczy, Akos, Rhapsodie québécoise. Itinéraire d’un enfant de la loi 101, Montréal, Boréal, 2016, 240 p.

En France

Académie française, Dire, ne pas dire. Du bon usage de la langue française. Volume 2, Paris, Philippe Rey, 2015, 192 p.

Albalat, Antoine, Comment il ne faut pas écrire, Paris, Mille et une nuits, 2015, 128 p. Édition abrégée, établie et annotée par Yannis Constantinidès.

Audisio, Gabriel et Isabelle Rambaud, Lire le français d’hier. Manuel de paléographie moderne XVe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, coll. «U Lettres», 2016, 304 p. Cinquième édition.

Brun, Auguste, la Langue française en Provence, de Louis XIV au Felibrige, Genève, Slatkine reprints, 2016, 174 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1927.

Cannone, Belinda et Christian Doumet (édit.), Dictionnaire des mots manquants, Vincennes, Éditions Thierry Marchaisse, 2016, 216 p.

Courouau, Jean-François (édit.), la Langue partagée. Écrits et paroles d’oc 1700-1789, Genève, Droz, coll. «Bibliothèque des Lumières», 2015, 553 p.

Critique, 827, avril 2016. Numéro «Langue française : le chagrin et la passion».

Galderisi, Claudio et Jean-Jacques Vincensini (édit.), De l’ancien français au français moderne. Théories, pratiques et impasses de la traduction intralinguale, Turnhout, Brepols, coll. «Bibliothèque de Transmédie», 2, 2015, 210 p.

Gourmont, Rémy de, Esthétique de la langue française. La déformation, la métaphore, le cliché, le vers libre, le vers populaire, Paris, Classiques Garnier, coll. «Bibliothèque de littérature du XXe siècle», 16, 2016, 254 p. Édition d’Emmanuelle Kaës.

Grazzini, Maria, Complètement idiome ! Dictionnaire des expressions imagées d’ici et d’ailleurs, Paris, L’Express, coll. «Bibliomnibus», 2016, 208 p.

Ibrahim, Annie, le Vocabulaire de Diderot, Paris, Ellipses marketing, coll. «Le vocabulaire», 2016, 72 p.

Kozul, Mladen, les Lumières imaginaires. Holbach et la traduction, Oxford, Voltaire Foundation, coll. «Oxford University Studies in the Enlightenment», 5, 2016, xii/282 p.

Rault, Julien, Poétique du point de suspension. Essai sur le signe du latent, Nantes, Éditions Cécile Defaut, 2015, 222 p.

Rey, Alain, Pourvu qu’on ait l’ivresse. De l’alcool à l’extase : un voyage à travers les arts et les lettres, Paris, Robert Laffont, 2015, 352 p. Calligraphies de Lassaâd Metoui.

Roos, Alexandre, Dictionnaire du cyclisme, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion les dictionnaires», 2015, 312 p. Préface de Jean Pruvost.

Stoll, Jacques, Haut mot faux nids, Paris, Éditions Éditions, 2015, 68 p. Voir de ce côté.

Dans la francophonie

Allard, Cecilia et Sara De Balsi (édit.), le Choix d’écrire en français. Études sur la francophonie translingue, Amiens, Encrage, coll. «Agora», 2016, 122 p.

À Rome

Biondo, Flavio, Leonardo Bruni, Le Pogge et Lorenzo Valla, Débats humanistes sur la langue parlée dans l’Antiquité, Paris, Les Belles Lettres, coll. «Classiques de l’humanisme», 2015, 306 p. Textes édités, traduits, présentés, annotés et commentés par Anne Raffarin.

En Asie

Lefèvre, Corinne, Ines G. Zupanov et Jorge Flores (édit.), Cosmopolitismes en Asie du Sud. Sources, itinéraires, langues (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Éditions de l’EHESS, coll. «Purushartha», 33, 2015, 368 p.

Partout

Argotica, 1(4), 2015.

Blanchet, Philippe, Discriminations : combattre la glottophobie, Paris, Textuel, coll. «Petite encyclopédie critique», 2016, 192 p.

Casanova, Pascale, la Langue mondiale : traduction et domination, Paris, Seuil, 2015, 144 p.

Ferraro, Alessandra et Rainier Grutman (édit.), l’Autotraduction littéraire. Perspectives théoriques, Paris, Classiques Garnier, coll. «Rencontres», série «Théorie littéraire», 5, 2016, 260 p.

Masson, Céline (édit.), l’Accent, traces de l’exil, Paris, Hermann, 2016, 194 p.

Chez les anglochtones

Crystal, David, Making a Point : The Persnickety Story of English Punctuation, St. Martin’s Press, 2015, 400 p.

Green, Jonathan, Slang. A Very Short Introduction, Oxford, Oxford University Press, 2016, 144 p.

Philippe, Gilles, French Style. L’accent français de la prose anglaise, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. «Réflexions faites», 2016, 256 p.

Auprès des Slaves

Gauthier, Cécile, l’Imaginaire du mot «slave» dans les langues française et allemande, entre dictionnaires et roman, La Plaine Saint Denis, Éditions Pétra, coll. «Sociétés et cultures post soviétiques en mouvement», 2015, 522 p.