Les oui du mardi matin

L’Oreille tendue avait décidé de commencer la semaine du mauvais pied : non, c’était non, juste non.

Sur Twitter, @Lectodome a souhaité qu’elle «se mouille» : à quoi dire oui ? Voyons voir.

Jean Echenoz ? Oui.

Le retrait du crucifix de l’hôtel du Parlement du Québec ? Oui.

Diderot ? Oui.

Twitter ? Oui.

Le rythme du baseball à la radio ? Oui. (Jackie Robinson ? Cent fois oui.)

Écrire au sujet des tatouages ? Oui.

Aller à pied à l’école avec ses fils ? Oui.

La tour Eiffel ? Oui. (Le canal Saint-Martin ? Cent fois oui.)

L’histoire culturelle ? Oui.

Dire d’une œuvre qu’elle est «écrite» ? Oui.

L’absence de féminisation mécanique («les Belges et les Belges») ? Oui.

«Se flusher du bureau» ? Oui.

Allons au bureau.

Lire à voix haute

Pour un projet (universitaire), aux contours encore flous, de lecture à voix haute de textes brefs (deux minutes au maximum), écrits en français, l’Oreille tendue se tâte depuis quelques jours. Que lirait-elle ?

Elle a concocté une première liste (classée par ordre de probabilité que le texte soit retenu) :

Jean Echenoz, Un an. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1997, p. 7-8 (incipit).

Voltaire, Candide, 1759 (incipit).

Éric Plamondon, Mayonnaise. Roman. 1984 — Volume II, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 49, 2012, p. 137-138 («75. Comme une truite hors du torrent»).

Jean Echenoz, Cherokee. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1983, p. 162-163 (la traversée des appartements parisiens).

Éric Chevillard, Démolir Nisard. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2006, p. 10-11.

Gustave Flaubert, Madame Bovary (la scène du fiacre à Rouen).

Elle a aussi sollicité Twitter, qui lui a répondu (merci), par des titres ou des noms d’auteurs :

Mailloux, histoires de novembre et de juin racontées par Hervé Bouchard citoyen de Jonquière, 2002 (@reneaudet).

@Centquarante (@beloamig_).

Vivant Denon, Point de lendemain, 1812 (la fin) (@PimpetteDunoyer).

N’importe quel poème de Claude Gauvreau (@desrosiers_j).

Jean-Pierre Girard (@Hortensia68).

Michèle Lalonde, Speak white, 1968, extrait (@reneaudet).

Stéphane Mallarmé, «Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui», dans Poésies, 1899 (@desrosiers_j).

Gaston Miron, «Art poétique», dans l’Homme rapaillé, 1970 (@StephanePicher).

Une liste ou extrait de liste de M.-Antoine K. Phaneuf (@Doctorakgo et @StephanePicher).

@pierrepaulpleau (@GPinsonM19).

Monique Proulx, «Ça», dans les Aurores montréales, 1996 (@Hortensia68).

Saint-Denys Garneau, «C’est là sans appui» ou «Accompagnement», dans Regards et jeux dans l’espace, 1937 (@StephanePicher).

Paul Valet (@fbon).

Émile Zola, Germinal, 1885 (le début) (@eclectante).

Lecteurs, vous avez d’autres suggestions ?

L’art du portrait cinématographique

Jean Echenoz, les Grandes Blondes, 1995, couverture

«[L’]inspecteur Clauze présentait un faciès ratier de second rôle français. Voix sinueuse et filament de moustache, œil plissé sur sourire de biais qui affichaient le plus franchement du monde une personnalité de faux jeton. Physique de fourbe qui traîne souvent dans les castings : ironiques, obséquieux, éventuellement menaçants, se croyant malins, d’ailleurs l’étant, plus qu’on ne l’imaginerait, mais somme toute pas assez car échouant toujours dans leurs entreprises. Types recrutés pour jouer l’agent de change véreux, l’ancien collègue maître-chanteur ou le beau-frère dans la police. En l’occurrence c’était le beau-frère dans la police. Et comment va Geneviève ?»

Jean Echenoz, les Grandes Blondes. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1995, 250 p., p. 61.