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PowerPoint de mariage

Toutes les occasions de dire du mal de PowerPoint sont bonnes : c’est un logiciel mal foutu et, surtout, mal utilisé.

Il y a une vaste littérature sur le sujet (voir, parmi des centaines d’autres, les textes de Pierre D’Huy et d’Ian Parker). On voit la bête apparaître dans des romans. L’excellent PhD Comics y fait allusion dans son jeu «Seminar Bingo !» Un mouvement politique international n’existe que pour lui être opposé : le Parti Anti-PowerPoint. @PimpetteDunoyer recense de beaux exemples de son utilisation sur essaiderococotique.tumblr.com (c’est à elle que l’Oreille tendue a emprunté l’image en tête de ce billet). Bref, s’en prendre à PowerPoint a ses adeptes.

Parmi eux, il y aurait eu Steve Jobs, le cofondateur d’Apple. Le voici cité par son biographe, Walter Isaacson.

One of the first things Jobs did during the product review process was ban PowerPoints. «I hate the way people use slide presentations instead of thinking», Jobs later recalled. «People would confront a problem by creating a presentation. I wanted them to engage, to hash things out at the table, rather than show a bunch of slides. People who know what they’re talking about don’t need PowerPoint» (chapitre 25).

(Point de vue différent dans Pomme S d’Éric Plamondon : «PowerPoint est devenu avec le temps un outil de pouvoir. Si vous maîtrisez parfaitement PowerPoint, vous pouvez faire croire à peu près n’importe quoi à n’importe qui. La légende veut que Steve Jobs ait été le plus grand maître du PowerPoint», p. 186-187.)

Pour toutes ces raisons, lOreille a été enchantée de découvrir l’autre jour que plusieurs personnes — Christine Genin, Olivier Ertzscheid, Joël Ronez — ont rebaptisé le logiciel PauvrePoint. Elle a décidé d’utiliser dorénavant cette façon de faire — à l’école et à l’université, dans les mariages comme au salon funéraire.

P.-S. — Comme il se doit, lOreille tendue se sert régulièrement de PowerPoint pour des cours et des conférences. Elle espère ne pas trop s’attirer les foudres de ses auditeurs.

 

Références

D’Huy, Pierre, «PowerPoint, la rhétorique universelle», Médium, 11, avril-mai-juin 2007, p. 12-25. http://medinge.org/powerpoint-la-rhetorique-universelle/ (autre version)

Isaacson, Walter, Steve Jobs, New York, Simon & Schuster, 2011. Édition numérique.

Parker, Ian, «Annals of Business. Absolute Powerpoint», The New Yorker, 77, 13, 28 mai 2001, p. 76-87.

Plamondon, Éric, Pomme S. Roman. 1984 — Volume III, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 63, 2013, 232 p. Ill.

Nouvelles du vivier scolaire

Périodiquement, l’Oreille tendue mène des enquêtes scientifiques dans les cours d’école montréalaises, histoire de suivre l’évolution du parler jeune. De ses plus récents sondages (n = 1), elle tire deux observations.

L’apocope est toujours aussi utilisée : dèg (pour dégueulasse) ou peurf (pour perfect, parfait).

Un nouvelle expression, du moins pour l’Oreille, se fait ouïr : sauce (ou, c’est pareil, tu dis de la sauce). Le mot, surtout populaire de la première à la troisième secondaire, aurait trois significations :

mentir (—Mon père est une vedette de la blogosphère. —Sauce !);

dire n’importe quoi (—Je suis une vedette de la blogosphère. —Tu dis de la sauce !);

ne pas avoir rapport (—J’ai regardé le match hier. —Le gardien est une vedette de la blogosphère. —Sauce !).

À votre service.

Non, encore

Il y eut une première salve, négative, le 9 septembre 2013, suivie d’une série positive, le lendemain. Nouvelle série de «non» ci-dessous.

Les binettes (les smileys) ? Non.

La croyance en la «subversion» artistique ? Non.

Michel Rabagliati ? Non.

LinkedIn ? Non.

«Paradigme» ? Non.

Pierre Falardeau ? Non.

Les films qui font peur ? Non.

L’industrie de l’humour ? Non (évidemment).

Marcel Sabourin ? Non.

Les titres de colloques avec chiasme («Critique de la culture, culture de la critique») ? Non.

Autopromotion 122

Transmettre la culture, 2014, couverture

Entre 2010 et 2012, l’Académie des lettres du Québec a organisé une série de colloques sous le titre général Transmettre la culture. Enjeux et contenus de l’enseignement secondaire au Québec.

2010 : État des lieux. Actes publiés en 2011.

2011 : Devoir ou contrainte ? Actes publiés en 2012.

2012 : À la recherche d’un socle.

Les Actes de cette troisième journée viennent de paraître. On y trouvera un texte de l’Oreille tendue.

Lise Bissonnette, «Transmettre la culture — À la recherche d’un socle», p. 5-9.

Micheline Dumont, «L’histoire, envers et contre tout», p. 10-22.

Martin Brousseau, «Point de repère : entre continuité et discontinuité (réflexions polémique sur l’enseignement en art)», p. 23-31.

Micheline Labelle, «Qu’est-ce que la citoyenneté ?», p. 32-41.

«Discussion de ces trois exposés», p. 42-53.

Benoît Melançon, «Confessions d’un optimiste (numérique)», p. 54-70. https://doi.org/1866/13165

«Discussion de cet exposé», p. 71-80.

«Table ronde avec des enseignants» (Étienne Rouleau [animation], Christian Bouchard, Jean Danis, Michel Stringer, Sylvain Fournier). «Aperçu des propos de chaque intervenant et discussion» (synthèse par Pascale Ryan), p. 81-97.

 

Référence

Académie des lettres du Québec. XXXe Colloque des écrivains. Transmettre la culture. Enjeux et contenus de l’enseignement secondaire au Québec. À la recherche d’un socle. Synthèse et Actes du colloque d’octobre 2012, Montréal, Académie des lettres du Québec, [2014], 97 p. (Cahier photocopié)

Du grain et des missiles

Le complexe militaro-agricole a perdu. La preuve ? Rien de pire aujourd’hui, du moins dans le milieu universitaire, que de travailler ou que de penser en silo. Il faut chercher d’abord et avant tout l’échange, la circulation, la communication, voire la transversalité. Pas question de rester seul dans son coin, dans les profondeurs comme dans les hauteurs.

Vous avez été prévenus.

 

[Complément du 10 juin 2014]

Ceci, tiré du quotidien le Devoir du jour :

Mme Marois a également déclaré que «tous les souverainistes, tous les penseurs, les innovateurs, les créateurs, les intellectuels, toutes les forces de changement du Québec doivent reprendre le dialogue, cesser de travailler en chapelle» (p. A3).

D’où l’on doit conclure que les chapelles, au Parti québécois, sont des silos, et vice versa.