L’autre jour, l’Oreille tendue présentait une publicité du gouvernement du Québec pour la fête nationale. Elle notait alors qu’elle n’avait pas encore parlé de l’expression populaire sur un dix cents. Corrigeons cela.
Qui seretourne / se revire / arrête / freine sur un dix cents est particulièrement agile, prompt, réactif. Celle-là est la plus petite des pièces de monnaie canadienne : qui réussit à s’y mouvoir rapidement et efficacement est habile.
La prononciation dix cennes paraît plus usuelle que dix cents. C’est aussi ce que pense le romancier Christophe Bernard : «Les motoneigistes ont freiné sur des dix cennes» (p. 517).
À votre service.
[Complément du jour]
La pièce de dix cennes vaut dix sous, d’où, aussi, seretourner / se revirer / arrêter / freiner sur un dix sous.
Référence
Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.
La première fois, c’était une italienne. Ce soir, une chinoise. Vive les pendaisons de grues de Structures universelles.
Mardi, 12 juillet 2016
Sur le bord du lac, le son d’une tchén’ssâ. Ce n’est que justice.
Découvrir que tu es une icône canadienne…
…mais que vous êtes des milliers.
Jeudi, 14 juillet 2016
En juillet 1976 s’ouvraient les jeux Olympiques de Montréal. Pour des raisons médicales — une histoire de tracteur mal réceptionné —, l’Oreille n’a pu faire autre chose que regarder les compétitions et leurs reprises pendant deux semaines de son lit d’hôpital. (1976, c’était avant Internet et ses choix.) Elle en a eu assez pour toute son existence. Cet été, elle ne suivra pas ce qui se passe à Rio.
Dimanche, 17 juillet 2016
En après-midi, sous un soleil qui tapait, il y avait à Joliette, dans le cadre du Festival de Lanaudière, un hommage à Ella Fitzgerald par Jessica Vigneault, «la fille de Gilles Vigneault», précisait le programme, et l’Orchestre national de jazz de Montréal («national de Montréal» ? Passons). Fan d’Ella, l’Oreille tendue y était. Il serait injuste de comparer Jessica Vigneault, «la fille de Gilles Vigneault», à Ella Fitzgerald. N’essayons même pas.
Mardi, 19 juillet 2016
Qui dit villégiature dit lectures de villégiature, voire lectures de locations de villégiature : des livres découverts dans des maisons inconnues. L’année dernière, à Barcelone, l’Oreille avait ainsi lu un Gérard de Villiers (son premier, et personne n’y feulait). Cet été, ce fut un San-Antonio, Salut, mon pope !, de 1966. L’Oreille n’avait pas lu du Frédéric Dard depuis plus de trente-cinq ans. Elle se souvenait de l’importance de l’incise chez l’auteur, de sa passion pour le calembour, de son enflure verbale assumée, de l’inintérêt des intrigues. Elle a retrouvé le plaisir du zeugme, de la liste, de l’énumération. Elle avait cependant oublié la misogynie et l’homophobie (grec, donc pédé) de l’ensemble. Les vacances servent aussi à cela. (Heureusement, il y avait aussi des Simenon : le Coup de Vague, de 1938, les Fantômes du chapelier, de 1949, et Maigret à l’école, de 1954. C’était nettement mieux que San-A., bien que le deuxième roman soit assez clairement raciste à l’occasion.)
Que seraient des vacances sans un 36 trous (de minigolf) ?
Jeudi, 21 juillet 2016
Centre-ville de Joliette. À l’entrée du restaurant, le drapeau noir-jaune-rouge. Dans les assiettes, des chicons. C’est bien la Fête nationale de la Belgique.
Que seraient les vacances sans quelques parties de quilles (les petites, bien sûr) ?
Dimanche, 24 juillet 2016
Que seraient les vacances sans la baladodiffusion ? Recommandation du jour : Revisionist History de Malcolm Gladwell (ce génie).
Que seraient les vacances sans un animal (daim, écureuil, vacancier de la construction) surpris sur le chemin du chalet ?
Lundi, 25 juillet 2016
Pour la deuxième fois, commentaire du fils cadet de l’Oreille : «Djoke de prof.» Sa progéniture et elle n’ont pas tout à fait le même sens de l’humour.
Que seraient les vacances sans la conduite automobile des mous du bulbe sur les routes régionales du Québec ? (L’excellent @machinaecrire a une explication de ce phénomène; elle est ici.)
Mardi, 26 juillet 2016
Que seraient les vacances sans les souris (et le mulot) du chalet de location ?
Que seraient les vacances sans la fréquentation des classiques ?
Que seraient les vacances sans art religieux (et automobile) ?
Mercredi, 27 juillet 2016
Que seraient les vacances sans ces plaisanciers sans veste de flottaison et sans ces automobilistes sans clignotant ?
Que seraient les vacances sans des saucisses (au fudge) ?
Que seraient les vacances sans un peu de culture latine ?
Jeudi, 28 juillet 2016
Que seraient les vacances sans l’explosion du coût des données mobiles ?
Vendredi, 29 juillet 2016
Que seraient les vacances sans sa rue éventrée au retour ?
Samedi, 30 juillet 2016
Que seraient les vacances sans une longue et tortueuse séance de slalom entre les cônes montréalais ?
«Oui, indispensable comme la pluie, comme la grêle, comme le verglas, comme la neige en hiver, une élection fédérale, un discours du président de la Saint-Jean-Baptiste…»