Perplexité linguisticocommerciale du jour

Doordash, publicité, 7 avril 2022

Devant la publicité ci-dessus, l’Oreille tendue se demande s’il vaut vraiment la peine de faire une «première commande» auprès de ce service de livraison de nourriture. Quel serait l’intérêt, pour elle, d’«obtenir 0 $ de frais de livraison» ? Ne rien obtenir, cela peut-il être un but dans la vie ?

Tant de questions, si peu d’heures.

Accouplements 183

Dave Corriveau, l’Histoire des p’tits gâteaux Vachon. 1923-1999, 2019, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Rheault-Leblanc, Lisanne, Présages. Nouvelles, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 201 p.

«À côté de lui, sa mère, Jocelyne, se plaint de la vulgarité à la télévision tout en engloutissant à la chaîne des petits gâteaux Vachon» (p. 67).

Picard-Sioui, Louis-Karl, Chroniques de Kitchike. La grande débarque. Nouvelles, Wendake, Éditions Hannenorak, 2021, 173 p. Édition originale : 2017.

«Pis c’est cette année-là que le pow-wow de Kitchike perdit sa commandite des petits gâteaux Chavon» (p. 45).

Découvertes de la semaine

Deux fourchettes à fondue

On a beau avoir l’oreille tendue, voire être l’Oreille tendue, des choses, inévitablement, nous échappent.

Ainsi, avant un tweet de Maël Rannou, l’Oreille n’avait jamais pris conscience que l’expression «en lion» était propre au Québec. Le dictionnaire numérique Usito confirme la chose : «[Particularisme de l’usage québécois et canadien] Débuter, démarrer, commencer, partir en lion, d’une manière énergique, extraordinaire, fulgurante.»

De même, l’Oreille ignorait que «fourchette à fondue» pouvait être une insulte. Sur Facebook, quelqu’un a utilisé l’expression pour s’en prendre au maire de Québec, Bruno Marchand, qui n’a pas particulièrement apprécié. Pourquoi «fourchette à fondue» ? Réponse d’une auditrice de la radio de Radio-Canada : «Une fourchette à fondue au Saguenay est utilisé pour traiter quelqu’un de snobinard, de frais, de parvenu.» Dont acte.

L’Oreille se couchera moins niaiseuse.

P.-S.—En effet, ce n’est pas le premier saguenayisme que nous croisons.

Défense de l’intégrité de la paella

Joanbanjo, Paella amb caragols a un restaurant de la Patacona, Alboraia, 2019, Wikimedia Commons

p. x : le personnage commande «un plat de paella au porc et aux fruits de mer».

p. x + 1 : il avoue détester «les fruits de mer».

p. x + 2 : il déplore que sa commensale n’ait pas, «comme lui», choisit une «bonne paella au poulet et au porc».

On pourrait trouver que ça fait désordre.

 

Illustration : paella, photo déposée sur Wikimedia Commons

Extension du domaine du grilled cheese

Grilled Cheese Bar

Soit le grilled cheese, un plat simple, sans cachet particulier : «Mets constitué de deux tranches de pain entre lesquelles sont disposées des tranches de fromage et qui est grillé sur une surface chauffante jusqu’à ce que le fromage soit fondant» (Grand Dictionnaire terminologique).

Dans des aventures précédentes, l’Oreille tendue avait croisé, sans bien savoir de quoi il s’agit, un grilled cheese urbain québécois et une Grilled Cheese Factory parisienne, comme son nom l’indique.

Elle vient de découvrir, elle qui collectionne les bars, l’existence du Grilled Cheese Bar et des partys qu’on y organise.

On n’arrête pas le progrès.

P.-S.—Oui, en effet, il y a un moratoire sur les titres commençant par «Extension du domaine de».