Jour d’éclipse

Encyclopédie, 1751-1772, «Astronomie», planche III

Citation de circonstance :

En octobre 1994, ta maîtresse d’école a fait grand cas de l’éclipse solaire totale qui allait avoir lieu le 3 novembre, un phénomène qu’on ne peut observer que de rares fois dans une vie, et elle en a profité pour joindre l’enseignement des arts plastiques à celui des sciences naturelles en vous apprenant à fabriquer une boîte à soleil pour observer l’éclipse sans endommager votre macula, cette zone ultrasensible située au fond de l’œil, et tu as été si effrayée par les histoires d’aveuglements qu’elle ne cessait de vous raconter durant vos bricolages que tu n’as pas osé utiliser ton instrument, qui attend dans ton garde-robe que tu le sortes, le 21 août 2017, pour enfin voir le soleil disparaître.

Simon Brousseau, Synapses. Fictions, Montréal, Le Cheval d’août, 2016, 107 p., p. 79.

Illustration : Encyclopédie, 1751-1772, «Astronomie», planche III. Les éléments numérotés 34 à 38 ont rapport «aux éclipses de soleil & de lune».

Une histoire de famille

Mauricio Segura, Oscar, 2016, couverture

«Décès de Daisy Sweeney, la professeure de piano d’une génération», titre le Devoir du jour (p. B7). Cette Montréalaise, qui vient de mourir à 97 ans, a enseigné le piano à des centaines d’élèves, dont son frère cadet, Oscar Peterson.

Aucun personnage du roman de Mauricio Segura Oscar (2016), inspiré par ce célèbre pianiste de jazz, ne porte le nom de Daisy, la sœur aînée du personnage principal s’appelant Prudence et ne lui donnant pas de leçons de piano. En revanche, on peut y lire ceci :

De tous les morceaux qu’il joua, celui qui du jour au lendemain lui permit de se hisser au zénith de la gloire fut un swing lent, tout en retenue, empreint d’espiègleries, scandé de staccatos et de legatos à se pâmer, intitulé Tenderly. Comment réussit-il le tour de force de transformer les cordes du piano en cordes vocales humaines à la grâce fragile ? Bah, firent ses frères et sœurs à quiconque leur posait la question, c’est de famille (p. 122).

En effet, c’était «de famille».

 

Référence

Segura, Mauricio, Oscar. Roman, Montréal, Boréal, 2016, 231 p.

Divergences transatlantiques 050

L’Oreille tendue ne l’avait jamais noté : il y a (au moins) deux sortes de bullshit.

Il y a la québécoise : la bullshit, toujours au féminin, affectueusement appelée bull («C’est de la bull»).

Il y a la française, au masculin — parfois ? toujours ? : le bullshit. C’est du moins ce que laissent croire les trois exemples suivants (et récents).

https://twitter.com/OClairouin/status/892991721021296643

Le Monde, 9 août 2017 : «bullshit» au masculin

Wikipédia définit «le bullshit» (au masculin, donc) ici.

P.-S.—Bullshit a évidemment donné le verbe bullshiter, que l’on trouve, par exemple, dans la Nuit des morts-vivants de François Blais (2011) : «plutôt que de la bullshiter j’essayai de lui changer les idées» (p. 100).

 

Référence

Blais, François, la Nuit des morts-vivants. Roman, Québec, L’instant même, 2011, 171 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Roy Pinker

Roy Pinker, Faire sensation, 2017, couverture

«Admirablement documenté, [le roman de Philip Roth The Plot Against America] mêle habilement la fiction politique avec les souvenirs personnels de l’écrivain dans son Newark natal, une petite ville où vit une communauté juive soudée et démocrate.»

Roy Pinker, Faire sensation. De l’enlèvement du bébé Lindbergh au barnum médiatique, Marseille, Agone, coll. «Contre-feux», 2017, 232 p. Ill.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)