Les zeugmes du dimanche matin et d’Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal, Toutes les femmes sont des aliens, 2016, couverture

«attachée et protégée dans son placard et dans sa combinaison» (p. 29).

«il faut prévenir tout le monde, réunir les enfants, les emmener en rang et en silence» (p. 91).

«Elle est entrée à la fois dans la maison et dans la famille […]» (p. 95).

«elle perd sa prestance, son chignon, son sourire, son rôle de femme libre, de célibataire, d’épouse ou de mère» (p. 98).

Walt Disney «était encore suffisamment d’aplomb pour mettre au point et dessiner cette fameuse scène finale qui renverse le film, mes hypothèses et la nature hautement révolutionnaire du Livre de la jungle» (p. 143-144).

Olivia Rosenthal, Toutes les femmes sont des Aliens suivi de Les oiseaux reviennent et de Bambi & co, Paris, Verticales, coll. «Minimales», 2016, 148 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Lectures en questions

Antoine Brea et Patrick Nicol, couverturesLes livres répondent à des questions. Quelles sont quelques-unes de ces questions pour les livres lus (avec plaisir et intérêt) récemment par l’Oreille tendue ?

Vox populi : Qu’est-ce que la parole (intime, publique) aujourd’hui ?

Récit d’un avocat : Qu’est-ce qu’un motif (pour agir, pour mourir) ?

Toutes les femmes sont des Aliens : Qu’est-ce qu’une mère ? À quoi ça sert ?

On n’est pas là pour disparaître : Qu’est-ce que cela représente que de donner son nom — et donc une durée — à une maladie de la mémoire perdue ? D’être un descendant d’Alois Alzheimer ? D’être Alois Alzheimer soi-même ?

 

Références

Brea, Antoine, Récit d’un avocat, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 100, 2016, 115 p.

Nicol, Patrick, Vox populi. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 98, 2016, 89 p.

Rosenthal, Olivia, On n’est pas là pour disparaître, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 4890, 2007, 235 p.

Rosenthal, Olivia, Toutes les femmes sont des Aliens suivi de Les oiseaux reviennent et de Bambi & co, Paris, Verticales, coll. «Minimales», 2016, 148 p.

Olivia Rosenthal, couvertures

Accouplements 77

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans le Désordre azerty (2014), Éric Chevillard écrit ceci :

«Le milliardaire acquiert une île, puis il y fait creuser une piscine aussi longue et large qu’elle» (p. 59).

Le magazine The New Yorker vient de mettre en ligne cette caricature :

Caricature, The New Yorker, numéro du 7 novembre 2016

Certaines îles sont plus difficiles à occuper que d’autres.

P.-S. — Oui, c’est la troisième fois que l’Oreille tendue cite la phrase de Chevillard, après le 28 mars 2015 et le 3 novembre 2016.

 

Référence

Chevillard, Éric, le Désordre azerty, Paris, Éditions de Minuit, 2014, 201 p.

Accouplements 76 (dit «Accouplement de la symétrie»)

Normand Lalonde, Autoportrait aux yeux crevés, 2016, couverture

 

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans le Désordre azerty (2014) — dont l’Oreille tendue a parlé ici —, Éric Chevillard a cette phrase :

«Le milliardaire acquiert une île, puis il y fait creuser une piscine aussi longue et large qu’elle» (p. 59).

La symétrie évoquée par Chevillard n’est-elle pas celle de Normand Lalonde dans cet aphorisme tiré de son recueil Autoportrait aux yeux crevés (2016) — dont l’Oreille a causé ?

«Si tous les mots s’écrivaient de la même façon, on ferait moins de fautes» (p. 31).

Dans les deux cas, la superposition, jusqu’à la disparition, d’une chose sur une autre, ou sur plusieurs, est parfaite.

 

Références

Chevillard, Éric, le Désordre azerty, Paris, Éditions de Minuit, 2014, 201 p.

Lalonde, Normand, Autoportrait aux yeux crevés. Petites méchancetés et autres gentillesses, Montréal, L’Oie de Cravan, 2016, 60 p. Suivi de «Normand Lalonde (1959-2012). Portrait aux yeux mouillés», par Manon Riopel et Jean-François Vallée.

Accouplements 75

Normand Lalonde, Autoportrait aux yeux crevés, 2016, couverture

 

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

L’Oreille tendue a déjà cité à plusieurs reprises cette phrase d’André Belleau datée de 1966 :

«J’aime la chanson actuelle de toute ma faiblesse» (éd. de 1986, p. 63).

Comment ne pas y penser en lisant le recueil Autoportrait aux yeux crevés (2016) de Normand Lalonde ?

«Parfois, lutter de toutes ses forces n’est pas suffisant. Il faut alors lutter aussi de toutes ses faiblesses» (p. 9).

P.-S. — Il a été question des aphorismes de Normand Lalonde .

 

[Complément du 10 mai 2022]

Saint-Just, dans son poème érotique Organt (1789), a la clé de cela : «Le cœur humain est né pour la faiblesse» (cité par Arnaud Maïsetti, p. 51).

 

Références

Belleau, André, «La rue s’allume», Liberté, 46 (8, 4), juillet-août 1966, p. 25-28; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 17-19; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 59-63; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 59-64. https://id.erudit.org/iderudit/30058ac

Lalonde, Normand, Autoportrait aux yeux crevés. Petites méchancetés et autres gentillesses, Montréal, L’Oie de Cravan, 2016, 60 p. Suivi de «Normand Lalonde (1959-2012). Portrait aux yeux mouillés», par Manon Riopel et Jean-François Vallée.

Maïsetti, Arnaud, Saint-Just & des poussières, Bordeaux, L’arbre vengeur, 2021, 327 p.