Accouplements 258

Pages finales (lignées) du livre Au gré des jours, de Françoise Héritier

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Didion, Joan, The Year of Magical Thinking, Londres, 4th Estate, 2012, 227 p. Ill. Édition originale : 2005.

«Did he have some apprehension, a shadow ? Why had he forgotten to bring note cards to dinner that night ? Had he not warned me when I forgot my own notebook that the ability to make a note when something came to mind was the difference between being able to write and not being able to write ?» (p. 23)

Héritier, Françoise, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p. Ill.

«Mais on ne bride pas si facilement un processus créatif de quelque nature qu’il soit. Les souvenirs et les images et les idées persistent à affluer, tantôt avec fugacité, tantôt avec une telle prégnance qu’on les note rapidement sur n’importe quel support : j’ai ainsi pris l’habitude d’avoir toujours auprès de moi de quoi écrire» (p. 12).

P.-S.—Comme on peut le voir par l’image ci-dessus, Françoise Héritier a prévu qu’on prenne des notes dans son livre lui-même.

Les zeugmes du dimanche matin et de Françoise Giroud

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps, 2001, couverture

«Je suis partie gonflée d’importance et de documentation, avec un questionnaire bien préparé» (p. 43).

«Mais enfin, fût-ce avec des larmes et des emplois perdus, ce pays s’est rénové et tourné vers l’extérieur […]» (p. 74).

«[…] j’ai déjà écrit quelque part que les hommes ont de grands pieds et des petites lâchetés, ce par quoi ils se distinguent des femmes» (p. 117).

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps. Récit, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 15329, 2001, 220 p. Ill. Édition originale : 2000.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey

Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey, Va voir dans le dico si j’y suis !, 2024, couverture

«Achevons cette petite escapade en “barbarie” en évoquant des mots qui désignent simplement celle ou celui qui n’appartient pas à une région géographique (un vrai touriste, quoi), illustrant une nouvelle fois ce besoin de faire communauté à tout prix. Ainsi, si vous allez en Corse, en Normandie, ou encore en Charente, tendez l’oreille et si vous entendez respectivement les mots pinzutu / pinzut, horsain ou baignassou lorsque vous passez, ne vous méprenez pas, on ne vous souhaite pas la bienvenue ! Mais consolez-vous, on aurait très bien pu vous traiter de “Parigot”…»

Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey, Va voir dans le dico si j’y suis ! Ce que les dictionnaires racontent de nos sociétés, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2024, 242 p., p. 99.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 28 février 2025.

Deux visions d’un cabinet

Couvertures de Till Death Do Us Part et The Size of Thoughts, collage

Celle, détaillée, de John Dickson Carr :

«There was a chair at Dick’s elbow. He sat down in the chair. Colonel Pope, the owner of this cottage, had turned the sitting-room into a place of shabby and slippered comfort. Pipe-smoke had tinged grey the white-plaster walls, and seasoned the oak beams. Round the walls ran a single line of military prints from the early and middle nineteenth century, their colours of battle and uniform softened by time yet still vivid» (p. 44).

«Dick leaned back in the chair. He felt bruised and deflated; but he was not feeling the worst yet, for the shock had not passed off. This placid sitting-room, with its military prints and its dark oak beams and its Benares brass ornaments on the mantelpiece, seemed as unreal as the history of Lesley» (p. 61).

Celle, condensée, de Nicholson Baker :

«so pipe-smokingly Indo-European» (p. 70).

On peut préférer la seconde à la première.

P.-S.—Certes, ce n’est pas la première fois que nous croisons cette citation de Nicholson Baker.

 

Références

Baker, Nicholson, The Size of Thoughts. Essays and Other Lumber, New York, Random House, 1996, 355 p. Ill.

Carr, John Dickson, Till Death Do Us Part, Londres, British Library, coll. «British Library Crime Classics», 2021, 254 p. Édition originale : 1944. Introduction de Martin Edwards.

Les zeugmes du dimanche matin et de Tristan Saule

Tristan Saule, les Sept Robes, 2025, couverture

«En plus de son chien, il est accompagné par la réputation de violence et d’absence totale de pitié qu’il s’est taillée ces dernières années» (p. 25).

«Il y a eu d’autres combats après celui-là, et aucune victoire, juste une avalanche de coups, assénés sur son corps, sa fierté et ses espoirs» (p. 113).

«Après leur violente rencontre qui l’a laissé avec une arcade fendue et un orgueil blessé, Lounès n’a cessé de ressasser cette nuit et d’espérer le jour où viendrait sa vengeance» (p. 335).

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], les Sept Robes. Roman. Chroniques de la place carrée. V, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 06, 2025, 361 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)