Le zeugme du dimanche matin et de Nouveau projet

Nouveau projet, numéro 28, 2025, couverture

«Pendant près de 30 ans, le centre aquatique de Pointe-Calumet a attiré les vedettes internationales de la musique populaire et les blagues sur les mictions en piscine.»

«Quelques adieux. Nécrologies variées par Maud Brougère, Clara Champagne, Catherine Genest, Nicolas Langelier et Marie-Michèle Robitaille», Nouveau projet, 28, hiver 2025, p. 75-78, p. 75.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le non-cousin de Françoise Giroud

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps, 2001, couverture

Soit la phrase suivante, tirée de On ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise Giroud : «À moins de quinze ans, j’ai apporté mon premier salaire à ma mère : 800 francs. Ce jour-là, le roi n’était pas mon cousin» (p. 92).

«Le roi n’était pas mon cousin» ? Explication du Wiktionnaire : «Il se met au-dessus du roi, il est très fier, très glorieux.» Chez Reverso : «il est plus fier (ou plus heureux) qu’un roi».

L’Oreille tendue se couchera moins niaiseuse. Merci.

 

[Complément du 28 mars 2025]

Autre occurrence, chez Guy Bedos, dans Mémoires d’outre-mère (2005) : «Tonton Jacques, la star de Radio Alger, qui, par la magie des ondes, a oxygéné de loin mon enfance solitaire. Le roi n’était pas mon cousin d’avoir un oncle aussi fameux» (p. 28).

 

Références

Bedos, Guy, Mémoires d’outre-mère, Paris, Stock, 2005, 192 p.

Giroud, Françoise, On ne peut pas être heureux tout le temps. Récit, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 15329, 2001, 220 p. Ill. Édition originale : 2000.

L’oreille tendue de… Étienne Kern

Étienne Kern, la Vie meilleure, 2024, couverture

«La porte, la clé, le couloir aux murs clairs. Lucie ne l’entend pas. Elle est au piano. Émile enlève son manteau sans faire de bruit. Il tend l’oreille. C’est du Chopin, un nocturne.

De la douceur, de la douceur. Quelques accords, une vibration dans l’air, le silence.»

Étienne Kern, la Vie meilleure. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 187 p., p. 89-90.

Le niveau baisse ! (années 1990)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

Anne Hébert, Paris, début des années 1990 : «Le français glisse, déplore-t-elle. Il glisse irrésistiblement vers l’abîme. Les gens parlent mal au Québec. La grammaire n’est pas respectée. Les anglicismes sont nombreux. Son jugement est sans appel : au Québec, un gouffre s’est ouvert. Et nous risquons d’y tomber. Si ce n’est déjà fait, hélas. Alors que faire, madame Hébert ? La réponse tombe, sans hésitation : une croisade pédagogique s’impose. “Il faut enseigner le français et l’amour de la langue française, et la rendre respectable pour tout le monde.”

À l’en croire, seuls un manque de rigueur et un dépérissement de l’enseignement expliqueraient la qualité jugée défaillante du français. “L’enseignement de la langue dépérit. Il y a du laxisme partout. Il faut apprendre la grammaire. Quand on a une grille de grammaire en tête, on peut mieux comprendre les textes. Il y a beaucoup d’anglicismes, de phrases incomplètes, sans verbes, beaucoup d’abréviations. Même en France, c’est beaucoup plus relâché que lorsque je suis arrivée.” Même en France, imaginez !

Qui évoque la notion de relâchement s’invite d’ordinaire à parler, en contrepartie, de discipline. Aux individus, pense l’écrivaine, revient l’effort de bien parler, de bien écrire. À le croire, les individus vivent en apesanteur sociale. Ils n’appartiennent pas à un système qui les modèle et les gouverne. Ils disposent de tous les moyens leur permettant de déterminer la qualité de leur langue. D’eux seuls dépend donc la conformité avec une langue distinguée érigée en modèle. Celle justement que manie si bien Anne Hébert depuis son enfance.»

Source : Jean-François Nadeau, les Têtes réduites. Essai sur la distinction sociale dans un demi-pays, Montréal, Lux éditeur, 2024, 236 p., p. 176-177.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture