L’oreille tendue de… France Daigle

France Daigle, Petit crayon pour faire mine, 2024, couverture

«Le Réseau des sports diffuse les matchs du Roland-Garros à la télé. En principe, tout se passe en français. Je tends l’oreille en allant et venant dans mon logement, rassemblant le nécessaire puis m’installant/mince talent pour écrire. J’éteins le son. Je veux mettre au propre mes écrits récents. Parallèlement, dans mon esprit, il se dégage un autre petit dialogue, portant cette fois sur le tennis. Encore une fois, les mots et les pensées s’alignent en anglais. Encore ? Déjà !»

France Daigle, Petit crayon pour faire mine, Montréal, Boréal, 2024, 112 p., p. 40.

L’oreille tendue de… Julia Deck

Julia Deck, le Triangle d’hiver, 2014, couverture

«L’entrée [au musée de la Marine de Paris] coûtait cinq euros. J’ai payé et me suis trouvée face au canot de l’Empereur, avirons dressés à la verticale le long d’exactes parallèles. C’était une embarcation assez ridicule, surchargée de dorures, à bord de laquelle Napoléon aimait parader dans les ports de l’Empire. Je l’ai imaginé sur sa galère, tendant l’oreille aux hourras que la foule lançait depuis la rive, des baïonnettes plantées dans le dos par des fantassins préposés à la stimulation de l’enthousiasme populaire, et j’ai vu ses paupières se plisser imperceptiblement tandis qu’il tenait la pose sur son radeau de carnaval.»

Julia Deck, le Triangle d’hiver. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2014, 174 p., p. 142-143.

L’oreille tendue de… Étienne Kern

Étienne Kern, la Vie meilleure, 2024, couverture

«La porte, la clé, le couloir aux murs clairs. Lucie ne l’entend pas. Elle est au piano. Émile enlève son manteau sans faire de bruit. Il tend l’oreille. C’est du Chopin, un nocturne.

De la douceur, de la douceur. Quelques accords, une vibration dans l’air, le silence.»

Étienne Kern, la Vie meilleure. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 187 p., p. 89-90.