Autopromotion 010

À la radio de Radio-Canada, ce soir, le 28 août, entre 20 h et 21 h, l’Oreille tendue parlera épistolaire avec Serge Bouchard, à son émission les Chemins de travers. Elle y abordera plusieurs des thèmes de Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre suivies d’une postface inédite (édition numérique, 2011) et de Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires (à paraître à la fin septembre chez Del Busso éditeur). En deuxième heure, il sera question des correspondances de Louis-Joseph Papineau. En troisième heure, des lettres seront lues, notamment une de Diderot, que l’Oreille commentait longuement dans Diderot épistolier (1996).

 

[Complément du 31 août 2011]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Sixième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Denis Diderot, timbre commémoratif

Symploque

Définition

«Emploi simultané de l’anaphore [répétition initiale] et de l’épiphore [répétition finale]» (Gradus, éd. de 1980, p. 439).

Exemple

«Tu diras que c’est là se démener diablement; et tu auras raison. Tu diras que ce n’est pas la peine de tant tourner, pour trouver le dernier sommeil; et tu auras raison. Tu diras qu’il faut revenir le plus tôt possible et par le plus court chemin; et tu auras raison» (lettre de Diderot à sa femme, octobre 1773, éd. Roth-Varloot, vol. XIII, p. 73).

 

Références

Diderot, Denis, Correspondance, Paris, Éditions de Minuit, 1955-1970, 16 vol. Éditée par Georges Roth, puis par Jean Varloot.

Dupriez, Bernard, Gradus. Les procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 1370, 1980, 541 p.

Mon sex-appeal (et celui de Voltaire)

Ses lecteurs lui pardonneront, du moins elle l’espère, un bref élan d’immodestie : l’Oreille tendue a du succès auprès des dames. La preuve ?

Il y a quelques jours, elle publiait ici une réflexion sur la série télévisée Mad Men et Voltaire. Depuis, plusieurs personnes du sexe, certaines moins vêtues que d’autres, se sont abonnées à son compte Twitter.

Cela prouve, s’il en était besoin, que le nom de Voltaire fait encore vibrer les âmes bien nées.

Écho staëlien

Avant Mad Men, il y eut The Sopranos. L’enquête littéraire qu’on peut y mener n’est pas sans intérêt.

Pour s’en tenir à la littérature française, on notera des allusions brèves à Abélard et Héloïse (cinquième saison, sixième épisode; sixième saison, onzième épisode) et à Jacques Prévert (sixième saison, deuxième épisode). Il y en a de plus longues, et de plus précises, à Madame Bovary dans le sixième épisode de la cinquième saison, justement intitulé «Sentimental Education» : Carmela Soprano, l’épouse de Tony, le caïd de la mafia du New Jersey, se fait héroïne flaubertienne dans sa relation avec Robert Wegler, le conseiller pédagogique de son fils A.J. (L’agence Bloomberg s’est intéressée à l’intertexte flaubertien ici.)

La sœur aînée d’A.J., Meadow, est étudiante et elle a des lettres. Dans le septième épisode de la deuxième saison, «D-Girl», elle essaie de discuter de l’éducation et de la situation existentielle de son frère avec lui et ses parents. Qui convoque-t-elle ?

Meadow : You want him to read anything other than Hustler ? Hello. He got assigned The Stranger. You want him to be an educated person ? What do you think education is ? You just make more money ? This is education.

Anthony Junior : Do you ever think like : Why were we born ?

Meadow : Madame de Staël said : In life one must choose between boredom and suffering.

Tony : Go to your room.

Anthony Junior : No, I’m serious. Why were we born ?

Carmela : We were born because of Adam and Eve, that’s why. Now go upstairs and do your math.

Anthony Junior : Algebra ? That’s the most boring.

Tony : Well, your other choice is sufferin’. You wanna start now ?

Bref, Camus (The Stranger, l’Étranger) et Mme de Staël, ça ne marchera pas très fort : les enfants iront cacher leurs interrogations et leur culture dans leur chambre.

 

[Complément du 26 juillet 2019]

Meadow mérite des félicitations pour son érudition. Elle reprend un passage d’une lettre de Mme de Staël à Claude Hochet du 1er octobre 1800 : «Il faut choisir dans la vie entre l’ennui et le tourment : je donne l’un et l’hiver l’autre» (p. 326).

 

[Complément du 10 juin 2020]

L’Oreille a repris ce texte, sous le titre «Mme de Staël et la mafia», dans le livre qu’elle a fait paraître au début de 2020, Nos Lumières.

 

Références

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p.

Staël, Germaine de, Correspondance générale. Tome IV. Première partie. Du directoire au Consulat. 1er décembre 1796-15 décembre 1800, Paris, Chez Jean-Jacques Pauvert, 1976, xii/337 p. Ill. Texte établi et présenté par Béatrice W. Jasinski.