Découverte lexicale du jour

Mécanisme d’irrigation, Montréal, juin 2020

 

Chez vous, je ne sais pas comment ça se passe, mais, chez l’Oreille tendue, pour couper l’alimentation en eau, cela se fait de l’extérieur de la maison.

L’Oreille, pour désigner le mécanisme nécessaire à cette coupure, aurait parlé de valve ou de robinet. Que nenni.

On vient de remplacer ce mécanisme devant chez elle. Comment les ouvriers le désignent-ils ? Le bonhomme.

Joli.

P.-S.—On ne confondra pas le vocabulaire de l’irrigation avec celui de l’imbibition.

Citation raisonnable du jour

Alain Vaillant, l’Histoire littéraire, éd. de 2017, couverture

 

«Il faut aussi se garder de ce qu’on pourrait appeler le littératurocentrisme. Même les historiens de la littérature convaincus qu’il faut sortir les textes de leur splendide isolement et les mettre en relation avec l’ensemble des savoirs et des pratiques culturelles risquent souvent de commettre une erreur de perspective. Spontanément et à leur insu, ils tendent à placer la littérature au centre de leur système puis ils font tourner autour d’elle les sciences, les arts et les autres pratiques culturelles — comme si l’écrivain jouissait d’une prééminence effective et avait le privilège de synthétiser le travail des philosophes, des peintres, des savants, des historiens, des psychologues… Or le monde ne tourne pas plus autour de la littérature que le soleil autour de la terre. La littérature n’est au centre de rien. Au sein de l’espace social, elle n’est elle-même qu’une institution, d’une importance très variable selon les époques, entretenant avec d’autres des relations complexes, mais ténues et plus ou moins périphériques : la première des illusions d’optique consiste à lui accorder a priori plus d’influence sociale et culturelle qu’elle n’en a effectivement et à fausser ainsi par avance la vision de la réalité.»

Alain Vaillant, l’Histoire littéraire, Paris, Armand Colin, coll. «U», 2017 (deuxième édition revue et augmentée), 408 p., p. 260. Édition originale : 2010.

Fiction prétestamentaire

L’infarctus l’avait forcé à réfléchir à sa vie, aux êtres autour de lui, à ses choix. C’était donc cela, revoir le fil de son existence ? La peur de mourir avait jeté un éclairage cru sur ce qu’il avait été. Avait-il eu raison de tout donner pour son travail et pour ses plaisirs, au détriment de sa famille, de ses amis, de ses collègues ? Ne devait-il pas tenter de réparer le mal qu’il avait inconsciemment semé autour de lui ? Depuis l’attaque, il était hanté par ses proches délaissés, ses étudiants ignorés, ses amis oubliés. Cela lui coûtait, mais il devait se rendre à l’évidence : si c’était à recommencer, il ne changerait rien.