Fil de presse 047

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

Des livres ou des numéros de revues ? De la langue ? Ensemble ? Hop !

Avanzi, Mathieu, avec la complicité d’Alain Rey et Aurore Vincenti, Comme on dit chez nous. Le grand livre du français de nos régions, Paris, Le Robert, 2023. Version augmentée et refondue de l’ouvrage de 2020.

Bailly, Charles, Précis de stylistique. Deuxième édition, Paris, Honoré Champion, coll. «Bibliothèque de grammaire et de linguistique», 71, 2023, 184 p. Édition critique d’Étienne Karabetian.

Brunet, Sylvie et Serge Bernardin, la Grammaire à croquer. Recettes gourmandes pour apprendre la grammaire, Paris, First éditions, 2023, 136 p. Illustrations de Caroline Laguerre.

Ces noms propres devenus noms communs, Niort, Bonhomme de Chemin, 2023, 92 p.

Corbeil, Jean-Pierre, Richard Marcoux et Victor Piché (édit.), Le français en déclin ? Repenser la francophonie québécoise, Montréal, Del Busso éditeur, 2023, 459 p. Ill.

Table des matières

Corela. Cognition, représentation, langage, hors série, 40, 2023. Dossier «Le nom propre en français et en anglais au prisme de plusieurs approches linguistiques», sous la direction de Laurence Vincent-Durroux et Laure Gardelle.

Drummond, Rob, You’re All Talk. Why we are what we speak, Melbourne et Londres, Scribe, 2023, 256 p.

Dumont, Léo, Octave Julien et Stéphane Lamassé (édit.), Histoires de mots. Saisir le passé grâce aux données textuelles, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. «Homme et société», 2023, 288 p.

Feltin-Palas, Michel, Cultivons la langue française !, Paris, Éditions Héliopoles, 2023, 200 p.

Kamusella, Tomasz, Words in Space and Time : A Historical Atlas of Language Politics in Modern Central Europe, Budapest, Central European University Press, 2021, 308 p.

Langage et société, 180, 2023, 198 p. Dossier «Varia».

Langages, 231, septembre 2023, 160 p. Dossier «Textes et discours face à des questions de santé publique».

Linx. Revue des linguistes de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 86, 2023. Dossier «La lexicographie en ligne contribue-t-elle à une meilleure description du français ?», sous la direction de Nadine Vincent.

Nouvelle Revue Synergies Canada, 17, 2023. «Perspectives sociolinguistiques variationnistes du français en situation de contact des langues. Mélanges en hommage à Alain Thomas».

Novillo, Thomas-Louis avec Laurent Ruquier, Bon pied bon œil. 150 drôles d’expressions pour amuser la galerie, Paris, Le Robert, 2023.

Pennac, Daniel et Florence Cestac, Les mots sont poilus, Paris, Le Robert, 2023.

Pruvost, Jean, Dictionnaire du vin, de la bière et du champagne. Culturel et anecdotique, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion les dictionnaires», 27, 2023, 696 p.

Tourrette, Éric (édit.), les Idées linguistiques des moralistes, Paris, Honoré Champion, coll. «Moralia», 25, 2023, 200 p.

Zanola, Maria Teresa (édit.), le Français de nos jours. Caractère, formes, aspects, Rome, Carocci, coll. «Studi superiori», 2023, 284 p.

Zazie sans fautes. La reine des accords, Paris, Le Robert, 2023.

Non merci, Google

Google, publicité québécoise, 2023, «Économise 22 % de gaz»

Publicité de Google dans un quotidien québécois : «Google Maps aide les gens à prendre des décisions plus durables grâce à l’option d’itinéraires écoénergétiques.» Illustration : «Économise 22 % de gaz.»

Même programme en France : «Économisez 27 % d’essence.»

Au Québec, on tutoierait tout le monde, pas en France.

Au Québec, on utiliserait «gaz», au lieu d’«essence», dans la langue publique.

Non et non, Google. Vous pouvez les vouvoyer et utiliser «essence»; les Québécois comprendront.

En effet, ils parlent français.

P.-S.—Ce n’est pas la première fois que l’Oreille tendue râle contre la langue des publicitaires.

Google, publicité française, 2023, «Économisez 27 % d’essence»

Le libre accès gris

Logo du libre accès, en gris

Depuis plusieurs années, notamment en séminaire doctoral, au sein de diverses instances de la plateforme Érudit et dans un long entretien, l’Oreille tendue défend le libre accès en matière de publication scientifique.

Le libre accès ? Définition tirée d’une note recherche de 2021 :

la mise à disposition gratuite sur l’Internet public, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral [des articles scientifiques], les disséquer pour les indexer, s’en servir de données pour un logiciel, ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l’accès et l’utilisation d’Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution, et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l’intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités (p. 1).

En matière chromatique, on parle souvent de libre accès vert (l’auto-archivage), doré (les publications conçues en libre accès immédiat et gratuit), bronze (la diffusion sans licence spécifique sur un site Web), noir (la diffusion sur des sites pirates), etc.

Au seuil de la retraite (jour J-3), l’Oreille propose aujourd’hui le concept de libre accès gris. De quoi s’agit-il ? Pour un professeur qui s’apprête à quitter l’enseignement universitaire — la plupart, s’ils en ont encore, ont les cheveux gris —, de rendre accessibles gratuitement en ligne ses publications, récentes et anciennes.

L’Oreille vient de le faire : elle a déposé sur le dépôt numérique de son université, Papyrus, plusieurs dizaines de ses textes (articles, chapitres de livres, livres individuels ou collectifs). Ça se trouve là : au moment de rédiger ces lignes, il y a 112 entrées, mais d’autres vont s’ajouter sous peu.

Cela étant, la liste n’est pas exhaustive (ces choses-là prennent du temps). On peut aussi avoir (libre) accès à d’autres travaux de ce côté-ci ou de ce côté-là.

Servez-vous.

P.-S.—C’est dans le même esprit qu’ont été libérées les données de la bibliographie que publie l’Oreille depuis 1992 (explications).

 

[Complément du 17 janvier 2024]

Parmi les ajouts récents, on trouve quatre livres :

Melançon, Benoît, Bangkok. Notes de voyages, Montréal, Del Busso éditeur, 2009, 62 p. Quinze photographies en noir et blanc. [PDF]

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p. [PDF]

Voltaire à la radio canadienne. Textes de Louis Pelland présentés et annotés par Joël Castonguay-Bélanger et Benoît Melançon, Montréal, Del Busso éditeur, 2013, 87 p. [PDF]

Ségur, la Femme jalouse, roman épistolaire de 1790, édition présentée et commentée par Flora Amann et Benoît Melançon, Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 245 p. [PDF]

 

Référence

Principes et politiques du libre accès. Note de recherche, Montréal, Érudit, janvier 2021, 8 p. [PDF]

Néologing

Camping, sans glamping, avec caniche royal

La néologie semble apprécier les mots en -ing. Exemples, parmi tant d’autres.

Canyoning : «Le canyoning est une drôle d’activité qui consiste à suivre un cours d’eau en montagne et à descendre ses différentes cascades à l’aide de cordes» (la Presse+, 9 septembre 2023).

Curating : «Faire de sa vie une œuvre d’art : le mot d’ordre était cher aux avant-gardes. A défaut, il semblerait que l’on puisse aujourd’hui faire de sa vie une expo. C’est du moins le constat que l’on pourrait induire de l’infiltration du mot “curating” à tous les étages de notre quotidien, un terme que l’on croyait pourtant réservé à la conception des expos d’art contemporain» (les Inrocks, 11 décembre 2015).

Glamping : Camping, mais haut de gamme (glam). «“Glamping” à l’écossaise» (la Presse+, 4 juin 2014).

Plogging : «Originaire de la Suède, le terme plogging est formé de la contraction de plocka upp (ramasser, en suédois) et de jogging» (la Presse+, 2 juillet 2023). Autrement dit : faire le ménage extérieur en courant. À Radio-Canada, on lui préfère écojogging.

Sharenting : Partager (share) des photos de ses marmots sur les réseaux sociaux (la Presse+, 16 septembre 2018).

Voguing : «Plus qu’une danse, le voguing est un acte politique, performatif, une affirmation de soi.» C’est France Culture qui le dit.

P.-S.—En effet, nous avons déjà croisé des néologismes en -ing. C’est par là.

Accouplements 213

Philippe Didion, «note palindrome, Épinal (Vosges), 6 décembre 2014»

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le premier collectionne les tickets de caisse. Le second, les grammaires.

«Grâce aux moyens de communication dont on dispose aujourd’hui, on finit toujours par apprendre que quelqu’un est allé plus loin que soi dans n’importe quel domaine, quelle que soit l’originalité dont on pensait avoir fait preuve en croyant le découvrir ou l’inventer. C’est magique» (Philippe Didion, Notules dominicales de culture domestique, 10 septembre 2023).

«Le plus étonnant est que ce vice solitaire, dont je crains qu’il ne déclenche des réactions d’exaspération parmi les linguistes (une bibliothèque d’autodidacte comme la mienne n’a sans doute aucun sens pour eux), peut créer ou renforcer des liens. Avec un peu de temps et d’énergie, il serait tout à fait possible de lancer un club, une franc-maçonnerie, une mafia, une secte — l’une des leçons qu’on apprend à force de fréquenter Internet, c’est qu’aucun cinglé n’est seul de son espèce» (Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif. Vagabondages linguistiques d’un passionné de peuples et de mots, Le Rayol Canadel, Le Tripode, 2014, 157 p., p. 13).

Le premier ? Par ici.

Le second ? Par .